LES POITRINES DES HOMMES LIBRES SONT LES TOMBEAUX DES SECRETS صدور الأحرار قبور الأسرار

mardi 27 décembre 2016

AL-BÎRÛNÎ : LIVRE DE LA COMPREHENSION DES BASES DE L’ART ASTROLOGIQUE









AL-BÎRÛNÎ



Le ’ilm al-nujûm, littéralement « la Science des étoiles », provient de la tradition sémite Chaldéenne dont la cosmologie intégrait le mouvement des corps célestes à l’activité des divinités. Ainsi, le dieu Shamash dont la racine du terme se retrouve dans la langue araméenne et arabe, désignait aussi l’astre solaire*.
C’est avec les savants grecs qu’apparaîtra le système de la Domification, c'est-à-dire la répartition en 12 secteurs, appelées Maisons, qui se définit par le calcul du mouvement de la sphère céleste, durant un cycle complet de 24 heures, coordonné à l’espace symbolique de l’Horizon et du Méridien.
Durant les conquêtes d’Alexandre, la « Science des étoiles » arrive en Égypte. Les pythagoriciens la transmirent plus tard jusqu’à ce qu’elle se synthétise après Ptolémée dans le Corpus Hermétique pour s’intégrer enfin durant la période médiévale à l’ésotérisme Juif, islamique et chrétien.

Abû Rayhân al-Bîrûnî nait en Perse en 362 de l’hégire (973 A. D.) durant le règne des Califes Abbassides qui favorisèrent une grande activité chez les lettrés et les savants ; l’Almageste de Claude Ptolémée reçoit sa version arabe sous le règne du Calife Harûn al-Rashîd.
Dans les extraits du traité que nous présentons ici, al-Bîrûnî a recueilli une bonne part des connaissances Babyloniennes, mais les apports de la science grecque y sont plus importants que ceux des autres traditions. D’une façon générale, on peut considérer que l’astrologie arabo-musulmane s’est constituée à partir des sources babyloniennes, alexandrines, persanes, gréco-byzantines et hindoues. C’est ainsi que, par la translatio studiorum, le christianisme latin en reçu l’héritage**.

René Guénon a restitué les principes essentiels de son symbolisme dans plusieurs articles (repris dans les recueils posthumes), ce qui nous permet aujourd’hui, en approfondissant ses principales applications, de mieux comprendre la portée ésotériques de l’œuvre de Dante ou d’Ibn ‘Arabî, pour ne citer que ces deux grands maîtres.

* Dans l’astrologie musulmane, les Noms divins et les « Sagesses prophétiques » sont l’équivalent cosmologique et métaphysique de ces divinités ; Voir les messages « Aperçus sur les Fuçûs al-hikam » (libellé « Ibn ‘Arabî »).
** La philosophie médiévale, Alain de Libera ; Puf 93.




*   *   *









LIVRE DE LA COMPREHENSION DES BASES
DE L’ART ASTROLOGIQUE
Kitab al-tafhîm li awwâil sinâ‘h al-tanjîm
Extraits de la section astrologique
(à partir du fasl 347, II vol.)

Abû al-Rîhân Mohammad bin Ahmed al-Bîrûnî












347 Tabâyi‘ al-burûj kaîfa hiyâ
Les natures des Signes

Nous allons d’abord traiter de la relation des Signes entre eux avec les caractéristiques des quatre éléments, séparément et dans leurs combinaisons.
Si nous transcrivons l’ensemble des Signes sur deux rangées de telle sorte que le premier et le second se situent l’un en dessous de l’autre, et ainsi de suite deux à deux jusqu’au douzième, nous aurons dans la rangée supérieure tous les Signes chauds et dans la rangée inférieure, tous les Signes froids ; nous constatons alors que ces [six] ensembles pairs sont alternativement secs et humides



Sec
Humide
Sec
Humide
Sec
Humide
Chaud
Bélier
Gémeaux
Lion
Balance
Sagittaire
Verseaux
Froid
Taureau
Cancer
Vierge
Scorpion
Capricorne
Poissons


Il sera possible, par conséquent, de connaître les qualités actives d’un Signe selon qu’il est chaud ou froid et les qualités passives selon qu’il est sec ou humide. Cela nous révèle à quel élément particulier du monde et à quelle humeur particulière du corps sont reliés chaque Signe.
Les Signes chauds et secs relèvent de l’élément Feu et indiquent le tempérament bilieux ; les Signes froids et secs, de l’élément Terre et le tempérament nerveux ; les Signes chauds et humides, de l’élément Air et le tempérament sanguin et les signes froids et humides, de l’élément Eau et le tempérament lymphatique.
Les hindous considèrent comme humide les Poissons, la seconde partie du Capricorne et la première partie du Verseau, pour des raisons auxquelles nous avons fait allusion antérieurement en décrivant leurs significations, à savoir que la partie finale du Capricorne est à l’égal du Poisson ainsi que celle du Verseau (qui lui est conjointe). De même, ils ne comptent pas le Scorpion comme un signe d’Eau mais comme un Signe d’Air tandis que le Cancer est tenu dans une situation intermédiaire, Eau ou Air, selon les circonstances.


348 Famâ al-dhakar minhâ wa al-unthâ jamî‘ al-burûj.
Masculin et féminin

Tous les Signes chauds sont masculins et tous les Signes froids, féminins. Les planètes sont puissantes dans les Signes de même nature et de même genre qu’elles ; mais comme elles participent de la nature du Signe dans lequel elles se situent, une planète masculine va tendre à devenir féminine dans un signe féminin. Les hindous disent que tous les Signes impairs, c'est-à-dire les Signes masculins, sont malchanceux et les Signes féminins, bénéfiques.


349 Famâ al-nahârî minhâ wa mâ al-laylî
Diurne et nocturne

Il y accord général pour dire que tous les signes masculins sont diurnes et les féminins nocturnes. Les planètes diurnes sont puissantes dans les Signes diurnes et les nocturnes, dans les Signes nocturnes. Dans le Bizidhaj grec, il est établi que le Bélier, le Capricorne, le Lion et le Sagittaire sont des Signes diurnes et que leurs nadirs, c’est-à-dire la Balance, le Cancer, le Verseau et les Gémeaux sont nocturnes, tandis que le reste des Signes participent à la fois du jour et de la nuit. Les hindous croient que le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Sagittaire et le Capricorne sont puissants la nuit et les six autres durant le jour.


350 Famâ al-maqtu‘ah al-a‘dâ.
Les « mutilés »

Le Bélier, le Taureau, le Lion et les Poissons sont dits mutilés, les trois premiers parce que leurs pieds sont hors de leurs sabots ou de leurs griffes (pour le lion). Le Taureau, de plus, est un bœuf pour moitié, à partir du nombril, tandis que les Poissons sont dénués de membre.


351 Famâ al-mutasibah wa ghayr al mutasibah.
Dressés et autrement

Dans les kutûb, le Bélier, la Balance et le Sagittaire sont décris comme des Constellations dressées. Les autres ne sont pas définis de la sorte, mais les hindous disent malgré tout que le Bélier, le Taureau, le Cancer, le Sagittaire et le capricorne sont endormis et ils les représentent couchés, tandis que le Lion, la vierge, la Balance le Scorpion et le Verseau sont représentés dressés. Les Gémeaux et les Poissons reposent étendus sur le côté. Leur intention [à l’égard de ces représentations] m’est inconnue ; la position des figures dans les Constellations est de peu d’importance (et ils n’émettent aucun argument pour affirmer le contraire).


352 Famâ al-insiyyah wa ghayrhâ.
Les humains et les autres

Les Signes suivants sont représentés par un aspect humain : Gémeaux, Vierge, Balance, la moitié du Sagittaire et le Verseaux comme pour les figures décrites ci-dessus, à l’exception de la Balance. Lorsque celle-ci est représentée par l’acte de peser, un être humain ou un oiseau tient la balance ou bien celle-ci est simplement tenue par une main. Les figures à quatre pieds sont le Bélier, le Taureau et le Lion ; on y inclut les pattes arrière du Sagittaire et quelquefois la moitié de la tête du Capricorne. Il en va de même pour le Bélier et le Taureau qui ont des sabots fendus ; le Lion, des griffes et le Sagittaire des sabots. Par ailleurs, les gens du peuple, dès leur enfance, entretiennent certaines idées à l’égard des Signes tel que le lion, le Scorpion, le sagittaire et le Capricorne qui leur évoquent la bête de proie ; les Gémeaux, la Vierge, le Poisson et la dernière partie du Capricorne, l’idée d’oiseau ; le Cancer, le Sagittaire, le Scorpion, le Capricorne, de reptile ; le Cancer, le Scorpion et les Poissons, d’animaux aquatiques.
Les hindous entretiennent une surabondance d’interprétations de ce genre. Ils disent que les Signes humains dont les Gémeaux, la Vierge, la Balance, la première partie du Sagittaire et la partie postérieure du Verseaux, lesquelles sont décrites comme bipèdes, tandis que les quadrupèdes sont le Bélier, le Lion, la partie postérieure du sagittaire et la première partie du Capricorne. Leur référence s’établit selon l’élément Eau ou l’élément Air des Signes.


353 Famâ al-musawwitah minhâ wa ghayr al-musawwitah.
Avec voix et sans voix

Les Gémeaux, la Vierge et la Balance ont la vois haute, les gémeaux sont doués de la parole ; le Bélier, le taureau et le Lion parlent à demie-voix tandis que le Cancer, le Scorpion et les Poissons restent sans voix. La connaissance de ces Signes en relation avec voix et paroles est nécessaire si l’on veut être renseigné à leur égard sur l’aspect bénéfique ou maléfique de certaines significations ambigües.


354 Famâ al-walûd minhâ-l-‘aqîm wa ghayrhum
Féconds et stériles ; indication des Signes concernant la famille.

Les Signes d’Eau : Cancer, Scorpion, Poissons et la seconde partie du Capricorne sont favorables aux grandes familles ; le Bélier, taureau, Balance, Sagittaire et Verseau, aux petites familles ; la première partie du Taureau, le Lion, la Vierge et la première partie du Capricorne, indiquent la stérilité. La naissance de jumeaux revient aux gémeaux, également favorisée par la Vierge, le Sagittaire et les Poissons, quelquefois par le Bélier, la Balance et la dernière partie du Capricorne. La première partie du Capricorne et du Scorpion l’hermaphrodisme. En résumé, nous avons dit que le Bélier et la Balance participent des deux natures de même que le Capricorne et le Sagittaire. La Vierge est nommée la maîtresse des trois formes et les Gémeaux, de multiples possibilités car il n’indique pas seulement les jumeaux mais trois et plusieurs enfants.


355 Famâ hâlhâ fî al-nikah
Au sujet du mariage.

Pour ce qui concerne le mariage, le Bélier, Taureau, Lion, Capricorne y sont extrêmement favorables, la même chose pour la Balance et le Sagittaire. Le Taureau, Lion, Scorpion, et Verseaux dénotent soit la réserve ou encore l’abstinence à l’égard des femmes ; le Bélier, Cancer, Balance et Capricorne, la corruption et la mauvaise conduite, tandis que les Gémeaux, Vierge, Sagittaire et les Poissons sont, à cet égard, entre les deux. De ces quatre, la Vierge est le [Signe] le plus vertueux.


356 Famâ al-burûj al-muzlimah dhawât al-hamm
Les Signes sombres et maléfiques.

Les Lion, Scorpion et Capricorne sont sombres et apportent des ennuis et on peut soupçonner également des soucis dans la Vierge et la Balance.


357 Famâ dalâlathâ ‘alâ jihâtal-’âlam
Relation avec les Directions.

Le Bélier indique le plein Est ; le Lion, la première Direction à droite vers le Nord et le Sagittaire, la première Direction à gauche vers le Sud, et ainsi de la même manière avec les autres Triplicités. Par conséquent, le Taureau indique le plein Sud ; la Vierge, la première Direction à droite vers l’Est et le Capricorne, la première Direction à gauche vers l’Ouest. Les Gémeaux indiquent le plein Ouest ; la Balance, la première Direction à droite vers le Sud et le Verseaux, la première Direction à gauche vers le Nord. Le Cancer indique le plein Nord ; le Scorpion, la première Direction à droite vers l’ouest et les Poissons, la première Direction à gauche vers l’est. [voir figure 1]


 Figure 1


358 Famâ dalâlathâ ‘alâ al-riyâh
Relation avec les vents

Selon que le vent provient d’une Direction particulière, un Signe lui est associé [conformément à sa Direction] ; le vent d’Est, avec le Bélier ; d’Ouest, avec les Gémeaux ; du Sud, avec le Taureau et du Nord, avec le Cancer ; de même avec les Directions intermédiaires : le vent du Sud-est, avec la Vierge ou le Sagittaire, selon qu’il se situe près du Sud ou de l’Est [etc.].



(À suivre)



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Notes additives




A propos d’un ouvrage douteux sur l’astrologie, Guénon écrivait :

« (…) Il faut reconnaître d’ailleurs que, dans le cas de l’astrologie, l’état assez lamentable dans lequel elle est parvenue jusqu’à nous explique bien des confusions et des méprises sur son caractère ; ainsi, l’auteur* s’imagine que les “règles traditionnelles” qu’on observe ont été établies empiriquement ; la vérité est tout autre, mais on ne peut en effet s’y tromper, étant donnée la façon peu cohérente dont ces règles sont présentées, et cela parce que, en fait, ce que les astrologues appellent leur “tradition”, ne sont tout simplement que des débris recueillis tant bien que mal à une époque où la tradition véritable était déjà perdue pour la plus grande partie. Quant à l’ “astrologie scientifique” des modernes, qui, elle, n’est bien qu’une science empirique, elle n’a plus guère de l’astrologie que le nom ; et la confusion des points de vue conduit parfois à de singuliers résultats, dont nous avons ici un exemple assez frappant : l’auteur voudrait constituer une astrologie “héliocentrique”, qui serait en accord avec les conceptions astronomiques actuelles ; il oublie seulement en cela que l’astrologie, envisageant exclusivement les influences cosmiques dans leurs spécifications par rapport à la terre, doit, par là même, être nécessairement “géocentrique” ! »

* Il s’agit de Paul Serres (L’Homme et les Energies astrales - de l’astrophysique à l’astrologie - Éd. Adyar, Paris 1938). Cf. ARTICLES ET COMPTES RENDUS Tome I, Le Voile d’Isis / Etudes traditionnelles 1925 – 1950 ; Éd. Traditionnelles 2002 (p. 159).



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