LES POITRINES DES HOMMES LIBRES SONT LES TOMBEAUX DES SECRETS صدور الأحرار قبور الأسرار

mardi 12 juin 2012

Correspondance de René Guénon (Extraits)







TROIS EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE
 DE RENÉ GUÉNON



En réponse à l’un de ses correspondants ayant informé R. Guénon de la fièvre électorale de mai 1936, celui-ci répondait dans un courrier du Caire daté du premier mai 1936 :
« A la vérité, je n’ai jamais cru que les élections puissent changer les choses dans un sens ou dans un autre, tout cela n’est que de la façade, rien de plus. »

Considérant que la démocratie est un régime qui favorise l’accès au pouvoir de l’incompétence (les exemples abondent aujourd’hui), il est tout à fait conséquent de considérer comme nul un système politique reposant entièrement sur la manipulation électorale et le nationalisme.
Il n’est pas inutile de répéter que le nationalisme n’est pas seulement incompatible avec toute doctrine traditionnelle mais représente également, pour ceux qui en sont affectés, une véritable disqualification spirituelle.

Dans une lettre à K. Coomaraswamy, R. Guénon fait le rapprochement de l’expression de Maitre Eckhart « Size without size » avec « L’emploi assez courant de l’expression arabe “Dans un temps sans temps et dans un espace sans espace” ( Fî zamâni ghayri zamân, wa fî makâni ghayri makân).»

Enfin, dans une lettre du Caire datée du 25 sept. 1946, toujours à l’adresse de Coomaraswamy :
« A propos de votre note sur la pupille de l’œil, il faut que je vous signale que celle-ci est appelée en arabe “insân el-ayn”, littéralement “l’homme de l’œil”, ce dont Mohyiddin ibn Arabî, dans ses “Fuçûs el-hikam” tire des conséquences assez remarquables, car il s’en sert pour interpréter le mot “insân” lui-même. Un autre point très digne d’attention est le double sens du mot “ayn” qui est à la fois “œil” et “source” ou “fontaine” (ceci, naturellement, en connexion avec la “ Fons Vitae ” ou “Fons sapientae”, etc.). »








lundi 11 juin 2012

Traités de Westphalie






LES TRAITÉS DE WESTPHALIE




Traité de Westphalie 

Conclus en 1648 entre l’Empereur d’Allemagne, la France et la Suède, pour mettre fin à la guerre de Trente ans. La France y fut représentée par Longueville, d’Avaux et Servien. Les réunions se tinrent soit à Osnabrück, soit à Münster, et durèrent près de huit ans. Ces traités donnèrent aux princes allemands du Nord, dont les territoires étaient agrandis (particulièrement ceux de l’électeur de Brandebourg), la liberté de religion, le droit d’allégeance avec l’étranger, et marquèrent l’échec de l’Autriche dans sa tentative d’unification de l’Allemagne. La France y gagna l’Alsace et la confirmation de la cession des Trois-Évêchés.


L'élaboration d'un nouvel ordre international

La volonté d'instaurer des règles politiques pour limiter la guerre se renforce et le « droit individuel » s’instaure. Dès le XVIe siècle, des précurseurs formulent des règles à partir du droit naturel pour limiter les excès des guerres et des conquêtes. Des théoriciens utopistes conçoivent des plans de paix perpétuelle qui prétendent imposer à une société (dite brutale et désorganisée) un modèle idéal, dans lequel seraient assurés à la fois la paix et le bonheur des hommes.
En 1623, le Hollandais Hugo Grotius publie le De Jure Belli et Pacis, dans lequel il propose de constituer une « société mutuelle » entre les nations, autrement dit une organisation internationale. Son ouvrage, qui obtint un succès immédiat, peut être considéré comme un code de droit international public.
L'Europe devient un ensemble d'Etats. L'unification de l’Allemagne lui donnera des frontières précises et reconnues par les autres, et sur lesquels le prince ou le monarque exerce sa pleine et entière souveraineté. Parmi les caractéristiques de ces Etats modernes, citons la constitution d'armées permanentes (pour remédier aux insuffisances et des méfaits du système de mercenariat), ou l'expression par les élites du fait national. La langue enfin apparaît comme un facteur d'unité.
Le concept d'équilibre des forces se substitue progressivement à l’idée d'une monarchie universelle.
La conférence réunie en Westphalie à la fin de l'été 1648 possède un caractère sans précèdent qui prépara tous les éléments favorables à la réorganisation de l'Europe qui perdureront jusqu'à la Révolution française, 150 ans plus tard.
Ce fut en effet la première fois que se retrouvèrent autour d'une table de négociation les grands États afin de solidifier les relations et les contours relatifs à leurs territoires dans le respect de la souveraineté de chacun.
Les traités de Westphalie, au nombre de deux, ont été habilement négociés par le chancelier suédois Axel Oxenstierna, qui a poursuivi l'œuvre engagée par le roi Gustave Adolphe, et le cardinal Mazarin, représentant les intérêts français. Le premier est conclu à Osnabrück le 6 août 1648 entre l'Empereur d'Allemagne, la Suède et les puissances occidentales, le second à Münster le 8 septembre 1648 entre l'empereur et la France. Ils représentent une rupture avec l’esprit traditionnel du Moyen Âge qui sera irréversible, et marquèrent en outre une distance qui ira grandissante avec la Chrétienté. Sur le plan politique, ils consacrent l'affaiblissement de l'Empereur allemand, titulaire du Saint Empire romain germanique. La Suisse et les Provinces-Unies (Pays-Bas actuels) se voient reconnaître une pleine indépendance, en-dehors de l'Empire. Ils consacrent également la division religieuse de l'Allemagne instituée un siècle plus tôt par la diète d'Augsbourg. Les princes peuvent imposer leur confession à leurs sujets : catholique, luthérienne ou calviniste, selon le nouveau mot d’ordre: «cujus regio, ejus religio» (tel souverain, telle religion). Le Pape Innocent X s'empresse de condamner ce principe mais, signe des temps, aucun gouvernant ne se soucie de son avis.
La France est confirmée dans la possession des Trois-Évêchés de Metz, Toul et Verdun, ainsi que de la plus grande partie de l'Alsace, à l'exception notable de Strasbourg que Louis XIV va annexer quelques années plus tard.
La Suède obtient dans les limites du Saint Empire romain germanique la Poméranie occidentale, les Évêchés de Wismar et Verden, l'Évêché de Brême (sans la ville, qui demeure indépendante).



***




Au-delà des faits retenus généralement par les historiens, Guénon rappelle qu’une première rupture des liens traditionnels qui unissaient l’Orient et l’Occident se manifesta avec le destruction de l’Ordre du Temple par Philippe le Bel ; « d’autres événements historiques » survenus au cours du XVIIe siècle dans « l’histoire extérieure de l’Europe » sont arrivés ensuite « mettre fin à ce qui subsistait encore de la “Chrétienté” médiévale pour y substituer une organisation purement “politique” au sens moderne et profane de ce mot ». C’est précisément le rôle que joua « la conclusion des traités de Westphalie » (Voir R. G. ; les Aperçus sur l’Initiation, § XXXVIII).


Ces traités représentent surtout l’acte de naissance du nationalisme et le renversement de la hiérarchie entre Autorité spirituelle et Pourvoir temporel ; chaque monarque étant désormais maître chez lui, y compris en matière religieuse. A partir de là, les conditions les plus générales étant posées, le monde moderne prendra son essor pour finalement sombrer 4oo ans plus tard dans le désastre que l’on connait aujourd’hui.








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