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dimanche 9 mai 2021

Y B : L’ ANNEXE – Cosmologie – des « Aperçus sur le ‟Retournement” »





ANNEXES

Cosmologie

 

Suivant certaines correspondances, Caïn est en relation avec l’Est (Vénus) et Abel avec l’Ouest (Mars) et la signification cosmologique de leurs noms correspond respectivement

« au principe de compression représenté par le temps et au principe d’expansion représenté par l’espace » (Le Règne de la Quantité et les signes des Temps), ch. XXI, p. 145).

À propos de la notion d’équilibre, Guénon fait remarquer que

« Les forces de l’ordre subtil aussi bien que celles de l’ordre corporel, sont ou attractives ou répulsives ; les premières peuvent être considérées comme force compressives ou de contraction, les secondes comme forces expansives ou de dilatation ; et, au fond, ce n’est pas là autre chose qu’une expression, dans ce domaine, de la dualité cosmique fondamentale elle-même » (Les Principes du Calcul infinitésimal, p. 106).

- Selon Jurjânî :

« le pôle est sur le cœur d’Azrafîl en raison des propriétés angéliques qui sont en lui…Gabriel joue le rôle de l’âme raisonnable dans la nature humaine ; Mikaïl, le rôle de la faculté attractive, et Azraïl, celui de la faculté répulsive » (cité par Blochet in Études sur l’ésotérisme musulman).

Seulement Guénon ajoute en note que

 « Si l’on considère la notion ordinaire des forces centripètes et centrifuges, on peut se rendre compte sans peine que les premières se ramènent aux forces compressives et les secondes aux forces expansives ; de même, une force de traction est assimilable à une force expansive, puisqu’elle s’exerce à partir de son point d’application, et une force d’impulsion ou de choc est assimilable à une force compressive, puisqu’elle s’exerce au contraire vers ce même point d’application ; mais, si on les envisageait par rapport à leur point d’émission, c’est l’inverse qui serait vrai, ce qui est d’ailleurs exigé par la loi de la polarité. – Dans un autre domaine, la ‟coagulation” et la ‟solution” hermétiques correspondent aussi respectivement à la compression et à l’expansion » (Les Principes du Calcul infinitésimal, p. 106, n. 1)

– C’est le qabd et le bast de l’ésotérisme islamique (cf. Martin Lings : Qu’est-ce que le soufisme ?, p. 108 à 116) voir aussi le chapitre VI de La Grande Triade intitulé Solve et Coagula). Dans son étude sur les Dualités cosmiques, Guénon précise encore :

« c’est seulement par leur participation du chaud et du froid qu’on peut rattacher les éléments, feu et air d’une part, eau et terre d’autre part, à ces deux tendances expansive et attractive (…) l’abaissement de la température traduit une tendance à la différenciation, dont la solidification marque le dernier degré, le retour à l’indifférenciation devra, dans le même ordre d’existence, s’effectuer corrélativement, et en sens inverse, par une élévation de température (…) si la chaleur paraît représenter la tendance qui mène vers l’indifférenciation, il n’en est pas moins vrai que, dans cette indifférenciation même, la chaleur et le froid doivent être également contenus de façon à s’équilibrer parfaitement; l’homogénéité véritable ne se réalise pas dans un des termes de la dualité, mais seulement là où la dualité a cessé d’être » (Études traditionnelles, 1972, n° 430, p. 53-56 et 58).

Les deux principes qui sont représentés par l’espace et le temps

« sont ceux que les doctrines de l’Inde désignent par les noms de Vishnu et de Shiva: d’une part, principe conservateur des choses; d’autre part, principe, non pas destructeur comme on le dit d’ordinaire, mais plus exactement transformateur. Il faut remarquer, d’ailleurs, que c’est la tendance attractive qui semble s’efforcer de maintenir les êtres individuels dans leur condition présente, tandis que la tendance expansive est manifestement transformatrice, en prenant ce mot dans toute la valeur de sa signification originelle »

et Guénon ajoute, en ce qui concerne les « points d’arrêt dans l’histoire du monde aussi bien que dans la vie des individus :

« c’est comme si, lorsque l’équilibre est près d’être rompu par la prédominance de l’une des deux tendances adverses, l’intervention d’un principe supérieur venait donner au cours des choses une impulsion en sens inverse, donc en faveur de l’autre tendance. Là réside en grande partie l’explication de la théorie hindoue des avatâras, avec sa double interprétation suivant les conceptions shivaïste et vishnuiste; pour comprendre cette double interprétation, il ne faut pas penser seulement à la correspondance des deux tendances en présence, mais surtout à cette sorte d’antinomie à laquelle donne lieu la conception de l’équilibre cosmique (…) : si l’on insiste sur le maintien, par cet équilibre, de l’état actuel de différenciation, on a l’aspect vishnuiste de la doctrine; si l’on envisage au contraire l’équilibre comme reflétant l’indifférenciation principielle au sein même du différencié, on en a l’aspect shivaïste » (Ibid. É.T. n° 431, p.97 et 99 – à la note 1 de la page 97,

Guénon donne comme exemple

« d’une dualité de propriétés contenues dans un même élément (…) la polarisation de l’élément igné en lumière et chaleur, sur laquelle des données particulièrement curieuses sont fournies par les traditions musulmanes relatives à la création et à la chute »…


Le livre intitulé Les Principes du Calcul infinitésimal est une étude sur le « mouvement » qui 

« est en quelque sorte doublement continu, car il l’est à la fois par sa condition spatiale et par sa condition temporelle »  (p. 70, 133-134, n.1)

et sur le « changement » qui le caractérise et dans lequel intervient la notion de « force » (p. 121). C’est un développement « pratique » du livre intitulé Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps qui étudie les différentes conditions de l’existence corporelle en partant du principe que

« les modifications artificielles du monde, pour pouvoir se réaliser, doivent présupposer des modifications naturelles » (chap. VII, p.58 –

Le « Spiritisme » en est un exemple cf. RQST, ch. XXXII, p. 214), et que

« les réactions générales du milieu cosmique lui-même changent effectivement suivant l’attitude adoptée par l’homme à son égard » (ch. XVII, p. 117).

Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que

« les époques du temps sont différenciées qualitativement par les évènements qui s’y déroulent » (ch. V, p. 44) : 

ceux-ci peuvent être considérés comme des phénomènes d’ordre mental solidifiés par le temps dans l’espace et c’est la raison pour laquelle si

« l’homme peut agir d’une façon plus profonde sur l’ambiance, c’est plutôt psychiquement que corporellement » (ch. XIX, p. 128).

Seulement,

« certaines facultés se sont atrophiées au point d’être complètement abolies. C’est d’ailleurs à cette condition seulement que le monde peut (…) apparaître comme un ‟système clos ” »  (ch. XV, p. 106-107)

et ailleurs il parle

« de la disparition de ces facultés quant à leur exercice effectif (…) car elles existent seulement malgré tout à l’état latent en tout être humain ; mais cette sorte d’atrophie peut atteindre un tel degré que leur manifestation devienne complètement impossible, et c’est bien là ce que nous constatons chez la grande majorité de nos contemporains » (Mélange, p. 137, n. 2).

« Les communications du domaine corporel avec le domaine subtil, s’étant réduites en quelque sorte au minimum, il faut, pour pouvoir les constater, un plus grand développement des mêmes facultés qu’autrefois » (RQST, ch. XVII, p. 133).


         Subtiliser les possibilités individuelles afin de transcender la « rigueur » cyclique : c’est une nécessité vitale mais certains veulent arrêter la baraka en ne la transmettant que sous des conditions sans fondements traditionnels.

Du reste Guénon a envisagé cette question à propos de l’« intégration » en rappelant que la réalisation des « confins de l’infini » qui « est un facteur important de l’unification de l’être » doit s’opérer tant dans le sens de l’ampleur que dans celui de l’exaltation puisque

« c’est dans la plénitude de l’expansion que s’obtient la parfaite homogénéité, de même que, inversement, l’extrême distinction n’est réalisable que dans l’extrême universalité » (Les Etats Multiples de l’Être, ch. IX, p. 84 et note 1).

Maintenant, il ne s’agit pas de « hâter la fin » par « la rédemption dans le péché » comme le proclame une certaine forme de messianisme, car qui peut savoir si certaines échéances ne peuvent pas être reculées jusqu’à une certaine « limite » en s’efforçant seulement d’éviter que certains « évènements » ne se manifestent : et n’est-ce pas en cela même que réside la fonction de Guénon ?

Il y a aussi deux choses qui importent dans ce domaine : l’extraordinaire

« pouvoir d’illusion qui a un intérêt un intérêt capital à (…) empêcher [le « chercheur »] de parvenir au terme de sa recherche » (RQST, ch. XXXI, p. 205),

C'est-à-dire, avant tout, « l’Ether dans le cœur » : et la situation actuelle de notre état que Guénon décrit ainsi :

« la marche de l’humanité actuelle ressemble véritablement à celle d’un mobile lancé sur une pente et allant d’autant plus vite qu’il est plus près du bas ; même si certaines réactions en sens contraire, dans la mesure où elles sont possibles, rendent les choses un peu plus complexes, ce n’en est pas moins là une image très exacte du mouvement cyclique pris dans sa généralité » (Ibid. ch. V, p.46-47). 







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