LES POITRINES DES HOMMES LIBRES SONT LES TOMBEAUX DES SECRETS صدور الأحرار قبور الأسرار

vendredi 12 février 2016

METAPHYSIQUE ET SCIENCES TRADITIONNELLES par Y. B. (suite et fin)












MÉTAPHYSIQUE
ET
SCIENCES TRADITIONNELLES

(Suite et fin)





IV Sur la nature de l’OTR et « la constitution d’une élite en dehors de tout milieu défini ».

Pour conclure, nous ferons quelques remarques sur l’Ordre du Temple Rénové, car il nous paraît vraiment contestable de penser que cette organisation procède d’une initiation en dehors de tout milieu défini. En effet, le contenu des conférences de l’O. T. .R. se rapporte à des considérations d’ordre symbolique sur l’Archéomètre, la science des lettres et des nombres, les données cycliques et la maçonnerie qui concernent plusieurs courants bien définis, mais dont seule la réunion pose ici une difficulté.
En fait, Guénon envisage non seulement la possibilité de la constitution d’une élite en dehors de tout milieu défini, ce qui pourrait se rapporter à autre chose (52) ; mais aussi celle d’une
« initiation obtenue en dehors des moyens ordinaires et normaux »,

comme l’illustre l’exemple de Jacob Boehme qui était initié au compagnonnage (53) ; mais cette initiation ne concerne manifestement pas une collectivité, et comme toute initiation, implique une chaîne initiatique, il y a bien « milieu défini », même si celui-ci n’est pas perceptible par les sens extérieurs (54).
Voici ce qu’il est rapporté sur son initiation : «  un étranger vêtu très simplement, mais ayant une belle figure et un aspect vénérable » dit « d’une voix haute et ferme : “Jacob, Jacob viens ici. Boehme fut d’abord surpris et effrayé d’entendre cet étranger qui lui était tout à fait inconnu, l’appeler ainsi par son nom de baptême ; mais s’étant remis, il alla à lui. L’étranger, d’un air sérieux et amical, porta les yeux sur les siens, les fixa avec un regard étincelant de feu, le prit par la main droite, et lui dit : “Jacob, tu es peu de chose, mais tu seras grand, et tu deviendras un autre homme, tellement que tu seras pour le monde un sujet d’étonnement. C’est pourquoi sois pieux, crains Dieu, et révère sa parole ; surtout lit soigneusement les Ecritures Saintes, dans lesquelles tu trouveras des consolations et des instructions, car tu auras beaucoup à souffrir ; tu auras à supporter la pauvreté, la misère et des persécutions ; mais sois courageux et persévérant, car Dieu t’aime et t’est propice”. Sur cela, l’étranger lui serra la main, le fixa encore avec des yeux perçants, et s’en alla, sans qu’il y ait d’indices qu’ils se soient jamais revus » (55).
 En dehors de quelques recommandations générales, qui devaient nécessairement « parler » à l’ « être » de Boehme,, on peut remarquer que cette initiation n’est pas véhiculée par la transmission d’un mantra et qu’elle est de nature « silencieuse », c’est-à-dire qu’elle ne peut-être accomplie que par une certaine catégorie d’être réalisé, comme le Maharshi, par exemple, qui semble l’avoir donnée à certains de ses disciples qui devaient participer, d’une manière ou d’une autre, à la même « nature » que lui. Etant donné que Guénon est resté «  silencieux » sur la « chaîne initiatique » qui le relie à ses Maîtres hindous, nous avons de nombreuses raisons de penser que c’est cette initiation qu’il a reçue par l’un de ses Maîtres Orientaux, et probablement aussi Saint-Yves D’Alveydre. Celle-ci n’est actuellement connue qu’en Orient, et pour notre part, nous savons qu’elle est aussi transmise au sein de la tradition islamique, puisque nous connaissons au moins deux musulmans qui ont assisté à ce genre d’initiation par un être réalisé qui leur a demandé d’en être les témoins ; mais il va sans dire qu’elle n’a rien à voir avec la filiation « akbarienne » de Guénon, car il recommande à ceux qui pourraient recevoir une « initiation en dehors des moyens ordinaires et normaux » de « régulariser » leur rattachement au sein d’une lignée conventionnelle et de s’intégrer dans un courant intellectuel préexistant. Quoi qu’il en soit, ceux qui s’intéressent aux sources de Guénon avec une curiosité profane peuvent toujours étaler leurs spéculations sur plusieurs centaines de pages : ils perdent leur temps, car il s’agit d’une initiation universelle et antérieure à toutes les formes traditionnelles particulières.

Pour comprendre la « mise en sommeil » de l’O .T .R., il faudrait prendre en considération une succession d’événements qui remontent au XVIIIème siècle, dans la simultanéité des antagonismes qu’ils ont engendrés.
Dans sa jeunesse, Guénon s’est intéressé de près à la constitution de l’Ordre des Elus Cohen et de la Stricte Observance Templière dont la doctrine et les rituels ont inspiré la réforme willermozienne appelée Régime Ecossais Rectifié qui a été réveillé en France à la même époque.
Ce contexte est d’ailleurs évoqué indirectement par les références aux Convents des Gaules et de Wilhelmsbad dans la revue Hiram, sous la signature de Téder, représentant temporaire d’une filiation contre initiatique qui semble avoir accordé un intérêt tout particulier à cette résurgence de la réforme willermozienne, non seulement parce que celle-ci nie la filiation templière de la Maçonnerie, mais aussi parce qu’elle présente une apparence plus « christique » que les branches marginales de Memphis-Misraïm.
Du reste, c’est à partir de la manifestation de l’O. T. R. que cette filiation s’acharnera à discréditer l’autorité de Guénon ; et son origine sabbataïste ou frankiste, qui remonte probablement, elle aussi, à l’Allemagne du XVIIIème siècle,  semble être la même que celle du courant qui propagea les mystifications taxiliennes ; amenant Clarin de la Rive, qui s’en était d’abord fait le porte-parole, à s’allier avec Guénon afin de combattre des « influences » apparemment contradictoires, mais qui partageaient un intérêt commun d’infiltration au sein des institutions maçonniques et catholiques (56).
Pour compléter le tableau, il faudrait aussi envisager le rôle plus ou moins direct joué par la Hermetic Brotherhood of Louxor dans l’apparition du spiritisme et de l’occultisme. Seulement, cette confrérie semble aussi avoir constitué, au sein des « cercles » implantés dans différents pays, un lieu de rencontre d’une part, entre des Maçons opératifs et des Maçons spéculatifs, et d’autre part entre des Orientaux et des Occidentaux, parmi ceux qui pouvaient représenter autre chose que leur propre individualité.
A cette caractéristique, s’ajoute un certain nombre de conceptions tournant autour de la figure de l’Archéomètre, que l’on retrouve également dans les conférences de l’O. T. R. qui insiste, à plusieurs reprises, sur l’importance prioritaire que les « entités » accordaient à Charles Barlet, responsable officiel de la H. B. of L. pour la France, ainsi que sur leur défiance à l’égard de Max Théon et de son « mouvement cosmique » qualifié de « manichéisme ».
Or, il est possible que certaines origines de la H. B. of L. remontent à l’Allemagne du début du XIXème siècle, et bien que rien ne l’atteste actuellement, il se pourrait qu’il faille les chercher dans un des systèmes de hauts grades qui gravitaient autour de la Stricte Observance Templière (S .O .T.), comme le fit Guénon suite à la publication du livre sur le Marquis de Chefdebien, dans La France Anti-Maçonnique (57).
Du reste, cet Ordre présente une autre similitude avec H. B. of L. et certains systèmes de hauts grades de la S .O. T. : il s’agit des rites magiques d’apparence spirite. Dès lors on peut comprendre que l’ « entité » appelée Jacques de Molay ait déclaré : « J’ai encore un mot à vous dire ce soir. Celui qui doute le plus parmi vous est, au contraire, celui qui devrait avoir le plus de confiance en nous, pour des raisons que je ne puis vous donner encore, mais que je vous ferai savoir dans quelques temps ; vous comprendrez alors pourquoi sa présence à la table est nécessaire … et pourquoi nous ne pouvons nous adresser qu’à vous » (58).
Aujourd’hui, il est facile de reprocher à Guénon d’être sorti indemne d’une entreprise qui laissa des traces sur les autres affiliés de l’Ordre (ou d’abandonner des projets avec des collaborateurs qui n’étaient pas initiés à la Maçonnerie) ; seulement, il n’a jamais contraint personne à participer à ces rites, et comme ceux qui sont exécutés traditionnellement contiennent leur propre protection, il est fort probable que l’origine de ces traces doit être rapportée aux attaques de la contre-initiation qui persistent encore aujourd’hui à l’encontre de l’œuvre de Guénon.
Par ailleurs, dans certaines conférences, on retrouve les thèmes qui seront intégrés dans l’œuvre de Guénon, mais cela ne signifie rien quant à la nature de l’O. T. R.., car c’est bien son auteur qui en restituera le sens métaphysique en l’attribuant d’ailleurs à ses Maîtres Orientaux. Du reste, à propos des influences psychiques appelées improprement « égrégores », il parle d’un « élargissement » de l’individualité auquel pourraient être appliquées les données cycliques qui se rapportent à la « nature adamique », car la magie elle-même peut être considérée d’un tout autre point de vue de celui qui caractérise son aspect « inférieur », comme il le précisera d’ailleurs en 1937 ;
« (…) la magie, d’ordre si inférieur qu’elle soit en  elle-même, est cependant une science traditionnelle authentique ; comme telle, elle peut légitimement avoir une place parmi les applications d’une doctrine orthodoxe, pourvu que ce ne soit que la place subordonnée et très secondaire qui convient à son caractère essentiellement contingent. D’autre part, étant donné que le développement effectif des sciences traditionnelles particulières est déterminé en fait par les conditions propres à telle ou telle époque, il est naturel et en quelque sorte normal que les plus contingentes d’entre elles se développent surtout dans la période où l’humanité est la plus éloignée de l’intellectualité pure, c’est-à-dire dans le Kali-Yuga, et qu’ainsi elles y prennent, tout en restant dans les limites qui leurs sont assignées par leur nature même, une importance qu’elles n’avaient jamais pu avoir dans les périodes antérieures. Les sciences traditionnelles, quelles qu’elles soient, peuvent toujours servir de “support” pour s’élever à une connaissance d’ordre supérieur, et c’est cela qui, plus que ce qu’elles sont en elles-mêmes, leur confère une valeur proprement doctrinale ; mais, comme nous le disons d’autre part, de tels “supports”, d’une façon générale, doivent devenir de plus en plus contingents à mesure que s’accomplit la “descente” cyclique, afin de demeurer adaptés aux possibilités humaines de chaque époque. Le développement des sciences traditionnelles inférieures n’est donc en somme qu’un cas particulier de cette “matérialisation” nécessaire des “supports” dont nous avons parlé ; mais, en même temps, il va de soi que les dangers de déviation deviennent d’autant plus grands qu’on va plus loin dans ce sens, et c’est pourquoi une science telle que la magie est manifestement parmi celles qui donnent lieu le plus facilement à toute sorte de déformations et d’usages illégitimes ; la déviation, dans tous les cas, n’est d’ailleurs imputable, en définitive, qu’aux conditions mêmes de cette période d’“obscuration” qu’est le Kali-Yuga. » (59)

Cet extrait nous paraît expliquer l’intérêt porté par Guénon à certaines organisations, y compris celle du groupe des Polaires ; et correspondre également à l’ambivalence du « double sens de la solidification » évoquée ailleurs. Nous admettrons volontiers qu’il faut une mentalité spéciale pour appliquer ce genre de science traditionnelle allant à rebours des méthodes qui visent la contemplation puisqu’elle cherche à susciter la réaction d’un objectif particulier ; mais dans le cas présent, il s’agit principalement de considérations d’ordre cyclique et symbolique ; et ce n’est pas parce que certains veulent désormais réduire la tradition à son application religieuse qu’il faut pour autant occulter certains aspects particuliers de notre situation cyclique au nom d’une morale surtout soucieuse de trouver des justifications d’orthodoxie à l’enseignement de Guénon.
Quant à la « mise en sommeil » de l’O .T. R., on pourrait l’expliquer en ces termes :
« par un phénomène assez étrange, on voit parfois reparaître, d’une façon plus ou moins fragmentaire, mais néanmoins très reconnaissable, quelque chose de ces traditions diminuées et déviées qui furent en des circonstances fort diverses de temps et de lieux, le produit de la révolte des Kshatryas, et dont le caractère ‟naturaliste” constitue toujours la marque principale… »
En note :
« (…) de nos jours encore, elles sont fort loin d’avoir cessé bien qu’elles aient généralement un caractère très caché (…) ».

« Sans y insister davantage, nous signalerons seulement la prépondérance accordée fréquemment, en pareil cas, à un certain point de vue “magique” (et il ne faut d’ailleurs pas entendre exclusivement par là la recherche d’effets extérieurs plus ou moins extraordinaires, comme il en est lorsqu’il ne s’agit que de pseudo-initiation [souligné par nous]), résultat de l’altération des sciences traditionnelles séparées de leur principe métaphysique ».
En note :
« Il faut ajouter que ces initiations inférieures et déviées sont naturellement celles qui donnent le plus facilement prise à l’action d’influences émanant de la contre-initiation (…) » (60).

 S’il n’y avait pas eu cette « mise en sommeil », l’O .T .R. aurait pu devenir comparable au « Grand Lunaire » auquel ce passage s’applique également, bien que Guénon lui attribue un point de vue « dualiste » qu’on ne trouve pas dans les conférences. Cette remarque n’est nullement hors de propos ici, puisque c’est précisément au sein de cette « initiation luciférienne » que le courant contre-initiatique prendra finalement refuge afin de s’attaquer à Guénon (61).

A propos de cette période, Denys Roman a évoqué l’idée d’une « descente aux enfers » qui pourrait même être envisagée d’un point de vue purement symbolique, car Guénon s’est volontairement placé au centre des antagonismes qui, quelle que soit leur contingence, peuvent servir de symboles aux dualités cosmiques ; et, en raison de son « envergure », il est normal que cette élimination de certaines possibilités inférieures ait eu des répercussions publiques qui sont les seules à pouvoir être exploitées par ses adversaires au nom d’une prétendue « erreur » spirite . D’ailleurs, dans ce domaine, on pourrait dire que Guénon a assumé une véritable fonction de Kshatriya, et même de « gardien de la Terre sainte », sous l’angle de laquelle son passage dans l’occultisme, qui était son kshatra, mériterait d’être revisité car, comme tous les véritables initiés, il s’est placé au « centre » des réalités sans se prendre pour le centre des choses ; et il y a dans cette distinction toute la différence qui existe entre l’« identification » et l’« association ». En d’autres termes, ce n’est pas le comportement de Guénon qui est ambigu, mais l’ « ambiance cosmique » dans laquelle il a été manifesté.
C’est par la H B  of L. qui relie Guénon à Barlet et à Guaïta, qu’on peut trouver des éclaircissements sur son passage au sein de l’occultisme. Cette filiation semble aussi avoir eu des incidences sur sa relation avec Oswald Wirth, qui était le secrétaire du second, et sur son initiation à la Maçonnerie du R. E. A. A. ; mais ce qu’il importe de retenir ici, c’est une cause unique aux multiples effets ; et plus précisément encore, un dépôt relevant de l’hermétisme, et même de l’alchimie orientale, qui est lié à la figure de l’Archéomètre et à celle de l’Androgyne, et qui est développé dans la série d’études sur le symbolisme de la Montagne et de la caverne, qui se succèdent entre la fin de l’année 1937 et le début de l’année 1939, et dans laquelle figure l’article intitulé « Les mystère de la lettre nûn », tel un joyau sur une couronne.

Désormais, l’Archéomètre de Saint-Yves D’Alveydre et celui de La Gnose apparaissent comme les « écorces » desséchées de l’Arbre du Monde rendu intelligible par l’œuvre de Guénon, qui commente sa figure sans vraiment la mentionner puisqu’elle est composée d’éléments qui sont aussi des symboles universels. Si elle a failli être récupérée, détournée, voire déviée, c’est parce qu’elle présente la particularité de provenir d’une région où les Rose-Croix auraient établi leur dernière retraite ; et il y a là l’indice irréfutable de ce
« mouvement qui demeure encore imprécis, mais qui peut et doit normalement aboutir à la reconstitution d’une élite intellectuelle » (62).

Derrière ce mouvement, il y a un « Ordre » qui ne dépend pas des individualités humaines et par rapport auquel l’œuvre de Guénon à un rôle précurseur (sâbiq), comme l’indique d’ailleurs son identité musulmane (Yahya) qui lui est subordonnée au même titre que sa signification chrétienne et maçonnique.



Y.B.








NOTES
(de la deuxième partie)




(52) On peut se demander si, par « élite (…) en dehors de tout milieu défini » (cf. La Crise du Monde moderne, chap. IX), Guénon ne visait pas un courant intellectuel du genre de celui qui relie Fabre d’Olivet à Guaïta, et par l’intermédiaire duquel Saint- Yves D’Alveydre allait entrer en relation avec des Hindous.
À l’exception de Guaïta qui était initié à la H. B. of L. et qui rencontra un des Hindous chez D’Alveydre, rien n’indique que ce dernier et Fabre d’Olivet ont reçu une initiation occidentale et, malgré quelques réserves qui pourraient d’ailleurs s’appliquer en partie, au jeune Guénon lui-même, celui-ci reconnaît à l’œuvre de l’occultiste « une “tenue” qui n’admet aucune comparaison avec d’autres productions de la même époque ». Dans Le Problème du Mal, « le point de vue de Guaïta est comme celui de Fabre d’Olivet lui-même, essentiellement cosmologique, et l’on peut même dire métaphysique dans une certaine mesure, car la cosmologie, envisagée traditionnellement, ne saurait jamais être séparée des principes métaphysiques, dont elle constitue même une des applications les plus immédiates » (René Guénon, Comptes Rendus, p. 111). On peut y trouver, une figuration de la « dyade androgynique », avec des lettres hébraïques, qui semble être tirée de l’Amphithéatre de l’Éternelle Sapience de Kunrath, dont la traduction par Grillot de Givry est postérieure aux reproductions publiées par Guaïta dans son premier livre intitulé Au Seuil du Mystère. En outre, le premier article connu de Guénon, « Le démiurge », traite d’un thème similaire à celui du livre dont il fait le compte rendu et à propos duquel il écrit : «  il y a fort longtemps, à peu près un quart de siècle [en 1950], que nous avions eu connaissance de ces commentaires ». Seulement, dans la « dyade androgynique » où n’apparaît pas le vocable Aum, la disposition des noms hébraïques d’Adam et Eve ne permet pas des développements aussi riches que ceux de leur transposition en langue arabe, telle qu’elle fut transmise par Guénon à Vâlsan, en 1945. [Cf. Michel Vâlsan, « Un symbole idéographique de l’Homme Universel » (données d’une correspondance avec René Guénon), publié dans Symboles fondamentaux de la science sacrée ; Gallimard, 1962].
Quoiqu’il en soit, on peut s’étonner que ce dernier ait consacré près de 7 pages à la possibilité d’une élite en dehors de tout milieu défini (« La fonction de René Guénon et le sort de l’Occident » in Etudes Traditionnelles (1951) p. 233-234, 244, 246, 248-249, 250), qui occupe seulement 11 lignes dans La Crise du Monde moderne, p. 130) sans la relier à ce courant intellectuel que Guénon n’a jamais remis en question, en dépit des imperfections liées aux individualités qui l’ont incarné, contrairement à ce qu’il en est pour l’O. T. R.
(53) Initiation et réalisation spirituelle, ch. V : « À propos du rattachement initiatique », pp. 55 à 58.
(54) Une étude récente et très documentée évoque désormais la notion d’ « agrégat intellectuel » qui se serait cristallisé autour de la lettre T., signataire de l’étude sur l’Archéomètre dans La Gnose, afin de cautionner la thèse d’une initiation en dehors de tout milieu défini; seulement cette notion d’agrégat se rapporte à une « fonction intellectuelle » qui se perpétue à travers les générations, voire les siècles, comme cela existe chez les uwayssî de l’ésotérisme musulman, et non pas à un « groupe d’études » formé par différents individus vivants à la même époque. En outre, l’étude en question s’appuie partiellement, et même partialement, sur le témoignage de P. Genty qui était affilié à l’Ordre car elle ne mentionne pas l’opinion de Guénon sur l’importance exagérée que l’occultiste accordait à cette affaire.
(55) Le Voile d’Isis, numéro spécial sur Jacob Boehme, pp. 230-231.
(56) Actuellement, ces deux courants connaissent encore des prolongements qui se sont adaptés à certains aspects de la terminologie guénonienne pour en faire un usage à rebours en jouant sur l’ambivalence des symboles.
(57) Dans L’erreur spirite (p. 27), Guénon fait allusion à la haute maçonnerie allemande avant de donner des indications sur les origines présumées de la H. B. of L..
(58) Ainsi donc, Guénon aurait fait preuve de scepticisme à l’égard « de l’ancien centre retiré de la tradition occidentale » ? Il serait peut-être plus opportun de s’interroger sur l’intérêt que peut présenter l’hypothétique cessation d’une telle possibilité pour certains « intermédiaires ».
(59) Études sur l’Hindouisme, p. 83-84. Autrefois, nous avons fréquenté un initié, au sein du taçawwuf, qui entretenait des relations désintéressées avec les jinn afin de soigner les âmes des individus que ceux-ci lui signalaient. Il s’agit là d’une fonction psychique un peu particulière, car elle se transmet à travers les générations, lorsque décède le membre de la famille qui la détient. Mais, de son propre aveu, elle comportait plus d’inconvénients que d’avantages, car il l’accomplissait de manière anonyme, sans réclamer de rétribution et en manipulant des forces qu’il n’était pas toujours aisé de contrôler, surtout pour les individus victimes d’un envoûtement. Certains de ces musulmans possèdent une perception grâce à laquelle ils peuvent répondre à certaines questions de Maîtres, en reproduisant la voix du jinn auquel elle s’adresse, et dont, pour leur part, il ne conserve aucun souvenir. Il y a beaucoup de choses de cet ordre dans une tradition complète où elles ne dépassent pas le cadre inférieur qui leur est réservé, sauf dans les voies qui sont déviées ; mais il y a tellement de légendes populaires sur cette question, que certains Maîtres se sentent parfois contraints de déclarer à un aspirant, qu’auprès de lui il ne trouvera pas de guérison de cette nature. Il faut d’ailleurs dire que, en dépit de l’envahissement de la mentalité moderne qui est généralement superficiel dans le monde oriental, la séparation entre le domaine corporel et le domaine subtil n’y est pas aussi tranchée que dans le monde occidental. Seulement, comme la majorité des voyageurs attirent à eux des mentalités qui leur correspondent et qu’ils ont des échanges en rapport avec la leur, ils ne sont peut-être pas les mieux placés pour s’en rendre compte. Du reste, il n’est pas nécessaire d’assimiler l’idéologie moderne pour adopter les « progrès » des sciences modernes, qui sont très relatifs puisqu’ils ont tous un impact sur l’organisme humain ; et rien ne permet d’affirmer que les tentatives d’« uniformisation » actuelles se fassent à l’avantage du monde occidental.
(60) Aperçus sur l’initiation, p. 257.
(61) Sur le « Grand Lunaire », voir Comptes Rendus, p. 46, (Études  traditionnelles, mars-avril 1946, compte rendus de livres), où Guénon y fait allusion en parlant du contenu du livre intitulé : Dans l'ombre des Cathédrales, de Robert Ambelain qui en faisait partie.
(62) La Crise du Monde moderne, p. 131. Cette citation fait d’ailleurs suite à celle qui est relative à « la constitution d’une élite en dehors de tout milieu défini ».







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Ces deux études d’Y. B. sur les principes métaphysiques, la cosmologie et les sciences traditionnelle dans l’œuvre de René Guénon vont se poursuivre par des aperçus à propos de l'ouvrage de Sîdî Abdel-Bâqî Meftah : Al-mafâtih al-wujûdiyyah wa al-qur’âniyyah li kitab Fuçûç al-hikam li Ibn ’Arabî*. Mais auparavant, nous devons évoquer brièvement la seconde raison de la déprogrammation de ce dernier article prévu pour le numéro 119 de VLT, qui fut une première entrave à sa publication.
Pour la mise en ligne de l’article précédent, « L’alchimie humaine et les quatre éléments », nous avons retiré une phrase** à l’encontre de M. Vâlsan qui, à l’époque, avait suscité une vive réaction. Dans le numéro suivant, la Rédaction inséra dans la rubrique « Courrier des lecteurs », une lettre reçue contenant les arguments contre le jugement de notre collaborateur. Ce dernier eut son « Droit de réponse », en sorte que nous pensions que l’incident était clos. Lors de l’envoi du second article d’Y. B. pour sa mise en page prévue dans le n° 119, nous voyons encore un autre propos toujours à l’encontre de Vâlsan. Nous le signalons à Y. B. qui refuse de modifier la phrase, pour finalement nous laisser « faire ce que nous voulons », mais, avec son désaccord. Cela suffisait à suspendre la publication de « Métaphysique et sciences traditionnelles » jusqu’à ce que l’un des deux se résigne à un compromis.
Il est préférable d’éviter les polémiques dans la mesure où cela n’est pas indispensable, surtout lorsqu’il s’agit d’exposer un enseignement aussi clair et irréfutable que celui de René Guénon. Si les arguments sont conformes à l’application (orthodoxe) des principes métaphysiques, leur autorité selon nous est alors suffisante.


Les deux articles, « L’alchimie humaine et les quatre éléments », « Métaphysique et sciences traditionnelle » avec le commentaire de la calligraphie koufique signé Fulan, mis ici en ligne, ainsi que la « lettre reçue » et le « droit de réponse » sont disponibles dans un recueil pdf, sous le titre : Écrits de Y. B., éditions Kalki (Blog « Œuvre de René Guénon »).


* Voir le message à venir intitulé « Les Ouvertures du cycle lunaire des Fuçûç al-hikam d’Ibn ‘Arabî par Fulan ».
** Remplacée dans le texte par des crochets.





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Cet article est disponible en format PDF : findestempsmodernes72@gmail.com












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