LES POITRINES DES HOMMES LIBRES SONT LES TOMBEAUX DES SECRETS صدور الأحرار قبور الأسرار

mercredi 15 novembre 2017

27 safar 1439 / 15 novembre 2017 (Doriphorie 22)









La cause véritable* du déshonneur subi par Mr Tariq Ramadan en ce mois de safar est plus à rechercher dans le fait d’avoir mené un combat en développant divers arguments contestables sur le terrain des adversaires de la tradition avec les « armes » mêmes de ces adversaires, que sur les faits dont on l’accuse publiquement. Et, peu importe au fond que les « dénonciations » qu’il subit aujourd’hui soient imaginaires ou avérées, puisque l’objectif des méthodes et des points de vue portés par les idéologies anti-traditionnelles auxquels Ramadan s’est associé en débattant avec des profanes sous les feux médiatiques, réussi une fois de plus à renforcer « des conceptions qui n’ont été inventées que pour ruiner toute religion » et contribuer d’une façon ou d’une autre à « compromettre la doctrine ». Nous avons fait allusion à l’ambiguïté des intentions de Ramadan** où nous remarquions avec une certaine surprise que dans l’un de ses nombreux ouvrages, il s’était intéressé au taçawwuf en citant des paroles de quelques maîtres çûfî, et en mentionnant un extrait de Guénon sur la Science des nombres dans un état d’esprit délibérément universitaire sans même se rendre compte d’ailleurs qu’il signait là toute son incompétence en la matière.
Bien évidemment Ramadan, n’est qu’un religieux (et par rapport à l’Islâm traditionnel, un religieux bien « moderne », puisqu’il s’inscrit dans un courant ayant de fortes visées politiques), mais néanmoins, il prétendait là à autre chose, et c’est précisément pour cette raison que nous avions rédigé ce bref compte-rendu avec les réserves d’usage sur l’attitude du polémiste, car en effet, représenter l’Islâm exige aussi, en principe, de la droiture et une certaine modestie :
« Ceux qui sont qualifiés pour parler au nom d’une doctrine traditionnelle n’ont pas à discuter avec les “profanes” ni à faire de la “polémique” ; ils n’ont qu’à exposer la doctrine telle qu’elle est, pour ceux qui peuvent la comprendre, et, en même temps, à dénoncer l’erreur partout où elle se trouve, à la faire apparaître comme telle en projetant sur elle la lumière de la vraie connaissance ; leur rôle n’est pas d’engager une lutte et d’y compromettre la doctrine, mais de porter le jugement qu’ils ont le droit de porter s’ils possèdent effectivement les principes qui doivent les inspirer infailliblement. Le domaine de la lutte, c’est celui de l’action, c’est-à-dire le domaine individuel et temporel ; le “moteur immobile” produit et dirige le mouvement sans y être entraîné ; la connaissance éclaire l’action sans participer à ses vicissitudes ; le spirituel guide le temporel sans s’y mêler ; et ainsi chaque chose demeure dans son ordre, au rang qui lui appartient dans la hiérarchie universelle ; mais, dans le monde moderne, où peut-on trouver encore la notion d’une véritable hiérarchie ? Rien ni personne n’est plus à la place où il devrait être normalement ; les hommes ne reconnaissent plus aucune autorité effective dans l’ordre spirituel, aucun pouvoir légitime dans l’ordre temporel ; les “profanes” se permettent de discuter des choses sacrées, d’en contester le caractère et jusqu’à l’existence même ; c’est l’inférieur qui juge le supérieur, l’ignorance qui impose des bornes à la sagesse, l’erreur qui prend le pas sur la vérité, l’humain qui se substitue au divin, la terre qui l’emporte sur le ciel, l’individu qui se fait la mesure de toutes choses et prétend dicter à l’univers des lois tirées tout entières de sa propre raison relative et faillible. “Malheur à vous, guides aveugles”, est-il dit dans l’Évangile ; aujourd’hui, on ne voit en effet partout que des aveugles qui conduisent d’autres aveugles, et qui, s’ils ne sont arrêtés à temps, les mèneront fatalement à l’abîme où ils périront avec eux ».
(La Crise du monde moderne, p. 81 ; Gallimard 1946)






* Ou «  cause substantielle » (selon le Nyaya).
** Voir le « message » du samedi 19 décembre 2015 ; « Rabî‘ al-Âwwal 1437 – Décembre 2015 / Janvier 2016 » (libellé : Textes critiques).





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Dans l’une de ses trois plaquettes* consacrées à la science astrologique, Michel de Socoa (Luc Benoist) avait défini les cycles cosmiques en relation avec les cycles planétaires et les grandes conjonctions dont il avait relevé les différentes positions de la période allant du début de l’ère chrétienne à l’An 2000. Il avait en outre érigé le thème de douze doriphories qu’il définissait comme « des conjonctions de conjonctions particulièrement importantes et traditionnellement d’effets redoutables » et notait à ce sujet que « les années 55, 1351, 1999 sont tout à la fois des années cycliques et des années de doriphories ». Il présentait un tableau des 29 doriphories qui ont jalonnées l’histoire de cette période en précisant que « plus le siècle s’agite relativement au nombre de doriphories qu’il comporte, plus il se caractérise par des transformations et des révolutions ». Les deux dernières grandes doriphories du XXè siècle étaient relevées par De Socoa, respectivement pour Berlin, le 23 avril 1941 à midi (correspondant à la seconde guerre mondiale), et pour Moscou, le 26 décembre 1989, dont il n’eut pas le temps de constater les « effets** ».
Depuis, bien qu’aucune conjonction vraiment marquante ne se soit produite, les choses se sont considérablement dégradées et la constance du désordre pourrait bien subir encore d’irréversibles modifications à l’occasion de la prochaine grande conjonction qui aura lieu au mois de février 2022 autour du Signe du Verseau. Dans le thème de cette conjonction reproduit ici, nous pouvons distinguer l’écart qui augmente entre les trois planètes trans-saturniennes ; désormais la conjonction d’au moins deux d’entre elles plus ou moins équivalente à la dernière doriphorie du XXè siècle ne se renouvellera pas avant longtemps (leurs révolutions étant, pour Uranus, de 83 ans ; Neptune, 165 ans et Pluton, 248 ans). Bien qu’il n’y ait pas lieu de tenir compte en Astrologie traditionnelle de ces planètes découvertes par la technologie moderne, Luc Benoist, dans sa correspondance avec Guénon, faisait remarquer qu’elles sont susceptibles de correspondre avec certains aspects du monde moderne, notamment du point de vue de l’astrologie mondiale.


Thème monté pour Washington le 28 février 2022 à midi.






De Socoa signalait encore que les doriphories qu’il avait retenu « se distribuent sur tous les signes excepté le Verseau et les Poissons ». Ors, c’est précisément autour du premier de ces deux Signes que se regroupent ici toutes les planètes du septénaire traditionnel, depuis le 25ème degré du Capricorne avec la conjonction Vénus-Mars, jusqu’au 13ème degré des Poissons. Cette conjonction inclue la trans-saturnienne Pluton mais elle s’élargit jusqu’au 25ème degré des Poissons si l’on tient compte de Neptune. Quant à la position d’Uranus, à 16° du Taureau, bien que ne s’associant pas à cette grande conjonction, elle reste malgré tout menaçante par le carré qu’elle envoie au Milieu du Ciel conjoint à la Lune, à Mercure et à Saturne. L’Ascendant de ce thème tombe dans le Signe des Gémeaux qui correspond, en astrologie mondiale, aux Etats-Unis. Pour ce qui est des significations du verseau, il convient naturellement de retenir ici qu’elles sont liées aux innovations d’ordre technique que « les progressistes » qualifient de révolutionnaires ; Uranus est donné par les modernes comme le second maître de ce Signe traditionnellement sous la domination de Saturne.

Pour ceux qui ne pourront se procurer cette plaquette, voici un résumé du chapitre VI concernant les différentes significations par Signe des doriphories dont De Socoa a relevé les positions : « Les doriphories qui intéressent le Cancer correspondent à des évènements particulièrement essentiels dans le domaine traditionnel, à la fois quant aux biens terrestres et quant aux idées fondamentales du groupe humain. Celles du Lion intéressent le pouvoir ; celles de la Vierge sont importantes quant aux liens d’unité intellectuelle comme d’ailleurs celles des Poissons. Celles de la Balance possèdent un caractère de bénéficité et de paix qui correspondent à des époques de stabilisation et d’expansion. Avec le Scorpion, nous revenons aux temps durs de transformation brutale et de corruption dans tous les domaines, tandis que celles du Bélier influencent le despotisme exercé par le fer et par le feu.
Celles qui touchent le Taureau visent le domaine très matériel des biens de ce monde et leur distribution nouvelle. Enfin les doriphories du Capricorne sont parmi les plus déterminantes. Ce sont d’ailleurs deux de celles-ci qui terminent le second millénaire de l’ère chrétienne, et qui semblent présider à une reconstitution totale de la figure du monde ».
Cette « reconstitution », éminemment instable, manipulée de toute part non plus par « le règne » mais par une véritable « dictature de la quantité », comporte en elle-même tous les éléments « implosifs » susceptibles de provoquer sa chute définitive, abyssum abyssus invocat.


* Les grandes conjonctions ; Éditions traditionnelles, Paris 1981.
** il s’agit en réalité de « correspondances analogiques » entre le « milieu cosmique » et le « milieu terrestre » et non d’« effets » à proprement parler.











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