LES POITRINES DES HOMMES LIBRES SONT LES TOMBEAUX DES SECRETS صدور الأحرار قبور الأسرار

mardi 8 août 2023

GEOMANCIE III (‘ILM AL-RAML) - suite et fin -



 



 

GEOMANCIE III

‘ILM AL-RAML

 

TASKÎN DE ZENÂTÎ ET ISLÂM

 (suite et fin)

 




DESTIN ET PROVIDENCE

 

F4+F10   =F14









 F4 al-îhyân, les origines, les parents, le patrimoine, produisant l’homme créé « dans lmeilleure des formes », en s’accordant à la Loi divine F10 al-shari’ah, permet la réalisation de « La conscience de ce qui est présent et inaccompli » signifié par F14 Naqî al-khad

 

 

LE « RETOURNEMENT »

 

F9+F1   =F12













 Les Figures complémentaires inverses et opposées, F12nasr al-dâkhalah et  F9 nasr al-khârij symbolisent le « Retournement » (1). Leurs positions dans le taskîn est conforme à leurs significations respectives : coupe renversée pour F9, en Maison IX, correspondant à la virtualité spirituelle propre à la religion, virtualité qui s’actualise par l’activité de F5al-tarîq et devient ainsi potentielle dans la figure représentant la coupe en position droite,  F12 nasr al-dâkhalah, dans la Maison XII de l’ésotérisme et des réalités spirituelles relevant du Secret (sirr).

 

F1+F14   =F11









Le couple complémentaire et inverse, F1 al-jûdalah / F14naqî al-khad, le Témoin gauche, « la conscience de ce qui est », se résout en F 11 al-Ijtimâh’, la récompense (‘aqibah), l’agrément d’Allâh, le Salut, et à son plus haut degré, la wilayah (1).

– En accédant à F14naqî al-khad, l’initié peut aussi accéder au « Retournement » par « la Conscience de ce qui est présent et inaccompli » et intégrer les « proportions » acquises par la réalisation complète de l’être (« agréée par Son Seigneur »).  

 

 

LES COUPLES DE FIGURES DETERMINÉS PAR F10 AL- SHARI‘A 

 

F10al-‘uqlah, le Décret, le lien – al-sharî‘ah, est garante de l’Équilibre et de la Justice – F7 pour le serviteur d’AllâhF1 ; elle est la Loi régnant au-delà de l’Impermanence, notamment, de l’acquisition et de la perte des biens, F2F8. Elle permet aux œuvres,  F5 al-tariq, d’être agréées par la rahmah-li-Llâh F11 et est nécessaire pour rendre effective la réalisation initiatique – F12 par la soumission et la pauvreté spirituelle – F6.

 

L’Equilibre, la Justice

 

F1+F7  =F10









Al-jûdalah F1, et al-humrah F7, exprime la complémentarité de l’homme avec son milieu (association, contrat, mariage, et le rétablissement traditionnel de la Justice par la guerre) obtenu par la soumission à la loi divine.

F10 la shari’ah garantit, pour Al-jûdalah F1, l’Equilibre dans sa relation au monde  – F 7 : le mariage, les associations, les contrats, le jihad et ses (cinq) conditions nécessaires pour le rétablissement de la justice divine. 

– Le sens de cette addition est conforme à l’opposition de la Maison I et de la Maison VII, analogue aux significations symboliques opposées et complémentaires de l’axe Bélier – Balance : l’Élan, la vitalité et l’audace, face à  l’Équilibre, la temporisation et la pondération. L’harmonie de ces deux Figures est actualisée par la shari‘ah.

 

L’Impermanence

 

F2+F8=F10









Al-’îhyânF2, les biens, les gains, le corps et al-ânqîsF8, la perte l’impermanence,  la Naissance et la Mort, les transformations. Ces deux figures occupent les Maisons II et VIII correspondant analogiquement à l’axe Taureau – Scorpion, c’est-à-dire, la Construction et la Destruction. 

F2, qui représente le corps acquis par l’être à sa naissance dans l’état humain et les biens matériels qu’il sera en mesure d’acquérir durant toute son existence, a pour corollaire F8, la mort physique et la perte des biens ; additionnées, ces deux figures opposées et inverses se résolvent en F10, la Providence de la shari’ah, la Loi divine, permettant la résolution de l’impermanence par la voie d’accès (shari’ah) à la Réalité métaphysique (al-haqq).

 « La Puissance », al-‘azîz, apparait avec la complémentarité de son opposé, al-qahr, « La Défaite » qui s’achève dans la mort, de même que la « Puissance suprême » qui est al-baqâ, implique que tout autre que Lui soit vaincu par le processus des transformations, c'est-à-dire, le passage (la mort) d’une forme à une autre : « Nous vivifions par Lui la terre alors qu’elle était morte » (Fatir, 9) (2).

 

Les Œuvres et leur agrément déterminés par la shari‘ah F 10

 

F5+F11=F10









F10 – La shari’ah,  garantit les œuvres, les productions humaines    F 5, produites dans l’agrément d’Allâh   F 11.

 

F6 +F12   =F10









Qabd al-khârij  F6  et nasr dâkhalah  F12.  

F10 la shari’ah, garantit la complémentarité de F6al-‘ubudiyyah, la dépendance ontologique,  avec F12 – l’ésotérisme (taçawwuf).

La connaissance ésotérique – F 12 implique la soumission totale (islâm) de l’être rendu possible par la shari‘ah F 10

 

* * *

 


Ces aperçus démontrent suffisamment la rigueur symbolique de cette science traditionnelle une fois extraite de son application divinatoire. On peut alors se représenter le taskîn de Zenâtî  situé au centre d’une circonférence d’où il organise toutes les possibilités significatives des Figures dans les quatre tableaux carrés se répartissant sur le pourtour du cercle. La totalité de ces possibilités périphériques comprend tous les résultats des tirages obtenus au moyen du « tracé dans le sable », toutes les autres dispositions auxquelles ce dernier ne donne pas l’accès et les répartitions des Figures dans les autres tasakîn retenus par l’usage des géomanciens.

 

 

 

 

 

NOTES

 

 

(1) Le couple de ces deux figures, comme les cinq autres couples de figure qui prennent domicile dans les douze Maisons astrologiques, s’accordent avec les significations spécifiques aux couples des Maisons opposées, celles-ci étant analogues aux significations symboliques des six directions de l’espace déterminant les douze Signes. Sur le « RETOURNEMENT », voir NOTES ADDITIVES.

 (3) Façç de la Demeure 21 – Zakariyyâ’, Troisième quartier lunaire (IV APERÇUS SUR LES FUÇÛS AL-HIKAM de Mohyî-al-Dîn Ibn al-‘Arabî - mis en ligne ci-dessous, le jeudi 21 juillet 2016).

 

 

 

 

NOTES ADDITIVES

 

Sur le « Retournement » :

 

La « transmutation » implique donc, à un degré ou à un autre, une sorte de renversement des rapports ordinaires (nous voulons dire tels qu’ils sont envisagés au point de vue de l’homme ordinaire), renversement qui est d’ailleurs plutôt, en réalité, un rétablissement des rapports normaux ; nous nous bornerons à signaler ici que la considération d’un tel « retournement » est particulièrement importante au point de vue de la réalisation initiatique, sans pouvoir y insister davantage, car il faudrait pour cela des développements qui ne sauraient rentrer dans le cadre de la présente étude (12).

 

(Note 12) : Au degré le plus élevé, ce « retournement » est en étroit rapport avec ce que le symbolisme kabbalistique désigne comme le « déplacement des lumières », et aussi avec cette parole que la tradition islamique met dans la bouche des أولياء : « Nos corps sont nos esprits, et nos esprits sont nos corps » (أجسامنا أرواحنا وأرواحنا أجسامنا). — D’autre part, en vertu de ce même « retournement », on peut dire que, dans l’ordre spirituel, c’est l’« intérieur » qui enveloppe l’« extérieur », ce qui achève de justifier ce que nous avons dit précédemment au sujet des rapports du Ciel et de la Terre.

 

(Guénon, GT, ch. VI, « Solve et coagula ».)

 

 

 

« En effet, la circonférence ne saurait exister sans le centre, dont elle procède en réalité tout entière, et, si les êtres qui sont liés à la circonférence ne voient point le centre ni même les rayons, chacun d’eux ne s’en trouve pas moins inévitablement à l’extrémité d’un rayon dont l’autre extrémité est le centre même. Seulement, c’est ici que l’écorce s’interpose et cache tout ce qui se trouve à l’intérieur, tandis que celui qui l’aura percée, prenant par là même conscience du rayon correspondant à sa propre position sur la circonférence, sera affranchi de la rotation indéfinie de celle-ci et n’aura qu’à suivre ce rayon pour aller vers le centre ; ce rayon est la tarîqah par laquelle, parti de la shariyah, il parviendra à la haqîqah. Il faut d’ailleurs préciser que, dès que l’enveloppe a été pénétrée, on se trouve dans le domaine de l’ésotérisme, cette pénétration étant, dans la situation de l’être par rapport à l’enveloppe elle-même, une sorte de retournement en quoi consiste le passage de l’extérieur à l’intérieur ; c’est même plus proprement, en un sens, à la tarîqah que convient cette désignation d’ésotérisme, car, à vrai dire, la haqîqah est au delà de la distinction de l’exotérisme et de l’ésotérisme, qui implique comparaison et corrélation : le centre apparaît bien comme le point le plus intérieur de tous, mais, dès qu’on y est parvenu, il ne peut plus être question d’extérieur ni d’intérieur, toute distinction contingente disparaissant alors en se résolvant dans l’unité principielle. »

 

(Tradition islamique, ch. II « L’écorce et le noyau - el-qishr wa el-lobb - », éd. Kalki.)

 







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