LES POITRINES DES HOMMES LIBRES SONT LES TOMBEAUX DES SECRETS صدور الأحرار قبور الأسرار

mercredi 6 décembre 2017

Y. B. Extrait des « Aperçus sur le “Retournementˮ » - Wahdat al-Wujûd -








« L’Unicité de l’Existence »
(Wahdat al-Wujûd)







Dans son premier ouvrage sur René Guénon, Mr Gilis établit une distinction entre la doctrine de la Wahdat al-Wujûd exposé par Guénon qui « la comprend uniquement comme une désignation de l’“Unicité de l’Existence” » et la doctrine concernant Al-Wujûd qui « se rapporte ici [c’est-à-dire, dans la doctrine de l’ésotérisme islamique], en effet, non pas au domaine infra-ontologique auquel Guénon fait référence, et qui est celui de l’existence universelle, mais bien à la réalité supra-ontologique de la pure essence principielle » (1).
A vrai dire, cette manière de voir les choses exprime parfaitement la conception que Mr Gilis se fait de la métaphysique. La doctrine de l’Unicité de l’existence est probablement celle qui caractérise le mieux les doctrines islamiques car, en raison de l’importance que celles-ci accordent à l’ « Extérieur » et qui implique un « Retournement » de point de vue, l’Unité métaphysique y est envisagée dans sa relation avec la multiplicité. Cependant, à partir du moment où il est question d’unicité (wahdat) on ne peut pas affirmer, à proprement parler, que nous nous trouvons dans le domaine « infra-ontologique », puisque l’Existence universelle est envisagée du point de vue de son Unité à partir de laquelle s’opère la distinction entre la non-manifestation et la manifestation universelle ; et comme celle-ci n’a elle-même de réalité que par rapport aux possibilités de non-manifestation dont elle tire son existence, le point de vue « ontologique » peut très bien être adopté pour exposer les réalités métaphysiques à condition de n’être pas affecté par l’esprit de système. Si Guénon n’adopte pas le point de vue « islamique » d’al-wujûd, c’est parce que cette doctrine est universelle, et selon l’enseignement du Cheikh al-akbar, al-wujûd nûr, c’est-à-dire « al-Wujûd est lumière » (2) ; à cet égard, Guénon a exposé une doctrine analogue à travers le symbolisme d’autres formes traditionnelles que l’Islam. Seulement, nous reconnaissons volontiers à Mr Gilis l’arrogance de ses montrer plus érudit que Guénon, non pas sur les doctrines de l’Islam, mais sur la terminologie akbarienne, « et on sait avec quel succès ».
À la suite de ces dernières ces considérations, Mr Gilis conclut « qu’il n’y a aucune divergence entre l’enseignement d’Ibn ‘Arabî et celui de René Guénon », non sans souligner au passage et sans en avoir l’air, l’insuffisance métaphysique de Guénon à l’égard d’al-Wujûd (3).
Il nous faut insister quelque peu sur la notion de « Possibilité universelle », car l’exposé de Mr Gilis sur cette question ne reproduit pas exactement celui de René Guénon.
La Possibilité universelle, en tant qu’
 « aspect de l’Infini, dont celle-là ne se distingue que par notre façon de l’envisager, comprend toutes les possibilités particulière de manifestation et de non-manifestation » (Les Etats Multiples de l’Être, ch. I, p. 18).
Elle
 « contient nécessairement la totalité des possibilités, et on peut dire que l’Être et le Non-Être sont ses deux aspects (…) L’Être contient donc tout le manifesté ; et le Non-Être contient tout le non-manifesté, y compris l’Être lui-même ; mais la Possibilité universelle comprend à la fois l’Être et le Non-Être » (ibid., ch. III, p. 31-32).
Or, à propos de l’être, Mr Gilis écrit : « Rappelons que celui-ci est uniquement le principe de la manifestation universelle, c’est-à-dire des possibilités de manifestation en tant qu’elles sont effectivement manifestées, alors que la mashi’a [c’est-à-dire l’énergie productrice] régit la totalité des possibilités particulières (…) elle n’est rien d’autre qu’une “hypostase” de la Possibilité Universelle qui, rappelons le, “embrasse à la fois dans son Infinité, le domaine de la manifestation et celui de la non-manifestation” » (4).
Seulement, l’Être n’est pas « uniquement » le principe de la manifestation universelle car en tant que tel « il est lui-même non-manifesté » (5) ; autrement dit,
« l’Unité primordiale n’est pas autre chose que le Zéro affirmé, ou, en d’autres termes, l’Être universel qui est cette unité n’est que le Non-Être affirmé » (6) ;
et on peut trouver une expression doctrinale analogue chez Ibn ‘Arabî :
« La non-existenciation (‘adam) dans l’être contingent (mumkin) est plus puissante que l’existenciation (wujûd) car le rapport qui relie cet être à l’état de non-manifestation est plus étroit que celui qui le relie à l’état de manifestation » (7).
Pour en revenir à Guénon, rappelons que
« si l’on parle corrélativement de l’Infini et de la Possibilité, ce n’est pas pour établir entre ces deux termes une distinction qui ne saurait exister réellement ; c’est que l’Infini est alors envisagé plus spécialement sous son aspect actif, tandis que la Possibilité est son aspect passif (8) ; mais, qu’il soit regardé par nous comme actif ou comme passif, c’est toujours l’Infini, qui ne saurait être affecté par ces points de vue contingents, et les déterminations, quel que soit le principe par lequel on les effectue, n’existent ici que par rapport à notre conception. C’est donc là, en somme, la même chose que ce que nous avons appelé ailleurs, suivant la terminologie de la doctrine extrême-orientale, la “perfection active” (Khien) et la “perfection passive” (Khouen), la Perfection, au sens absolu, étant identique à l’Infini entendu dans toute son indétermination ; et, comme nous l’avons dit alors, c’est l’analogue, mais à un autre degré et à un point de vue bien plus universel, de ce que sont, dans l’Être, l’“essence” et la “substance” » (9).
Guénon donne encore des indications qui peuvent s’appliquer à Khouen à propos du symbolisme des deux chaos :
« L’ensemble des possibilités formelles et celui des possibilités informelles sont ce que les différentes doctrines traditionnelles symbolisent respectivement par les “Eaux inférieures” et les “Eaux supérieures” ; les Eaux, d’une façon générale et au sens le plus étendu, représentent la Possibilité, entendue comme la  “perfection passive”, ou le principe plastique universel, qui, dans l’Être, se détermine comme la “substance” (aspect potentiel de l’Être) ; dans ce dernier cas, il ne s’agit plus que de la totalité des possibilités de manifestation, les possibilités de non-manifestation étant au delà de l’Être » (10) ;
et ailleurs, il précise encore :
 « si l’on dit que le monde a été formé à partir du “chaos”, c’est qu’on l’envisage uniquement au point de vue substantiel, et alors il faut d’ailleurs considérer ce commencement comme intemporel, car, évidemment, le temps n’existe pas dans le “chaos”, mais seulement dans le “cosmos”. Si donc on veut se référer à l’ordre de développement de la manifestation, qui, dans le domaine de l’existence corporelle et du fait des conditions qui définissent celle-ci, se traduit par un ordre de succession temporelle, ce n’est pas de ce côté qu’il faut partir, mais au contraire de celui du pôle essentiel, dont la manifestation, conformément aux lois cycliques, s’éloigne constamment pour descendre vers le pôle substantiel. La “création”, en tant que résolution du “chaos”, est en quelque sorte “instantanée”, et c’est proprement le Fiat Lux biblique ; mais ce qui est véritablement à l’origine même du “cosmos”, c’est la Lumière primordiale elle-même, c’est-à-dire l’“esprit pur” en lequel sont les essences de toutes choses » (11) ;
et tel semble bien être le point de vue d’Ibn Arabî (12), mais que valent réellement les rapprochements opérés par Mr Gilis qui ne respecte même pas la terminologie adoptée par Guénon ?

Y. B.






NOTES


(1) Introduction à l’enseignement et au mystère de René Guénon, p. 77.
(2) Les Sept Etendards du Califat, p. 50.
(3) « Il ya une nuance importante à observer ici entre “unicité” [wahdat] et “unité”[ahad] : la première enveloppe la multiplicité comme telle, la seconde en est le principe. » (L’homme et son devenir selon le Vêdantâ, ch. VI).
(4). Les Sept Etendards du Califat, ch. VII, p. 56-57.
(5). Les Etats Multiples de l’Être, ch. III, p. 31-32.
(6) Ibid., ch. V, p. 46 ; voir aussi L’homme et son devenir selon le Vêdânta, ch. 22).
(7) Les Sept Étendards du Califat, ch. VIII, p. 65-66.
(8) « C’est Brahma et sa shakti dans la doctrine hindoue », précise-t-il en note. Ailleurs, Guénon écrit « Brahma même est Purushottama [c’est-à-dire « l’Essence divine (cf. Mélange, p. 32)], tandis que Prakriti représente seulement, par rapport à la manifestation, Sa Shakti, c’est-à-dire Sa « Volonté productrice » qui est proprement la « toute puissance » (activité « non-agissante » quant au principe, devenant passivité quant à la manifestation ; L’homme et son devenir selon le Vêdantâ, p. 91, note 1). La non-manifestation d’une possibilité est plus essentielle que sa manifestation mais c’est par cette dernière que sa puissance se réalise, même si elle ne modifie rien en apparence.
(9) Les Etats Multiples de l’Être, ch. I, p. 21-22. Khien et Khouen représentent « la plénitude du Yang qui s’identifie au Ciel, et celle du Yin, qui s’identifie à la Terre » (La Grande Triade, ch. VII, p. 36). « Dans les koua de Fo-hi, khien est représenté par trois traits pleins, et khouen par trois traits brisés (Le Symbolisme de la Croix, ch. XXIII, p. 157, n. 1) et ceux-ci sont sont figurés respectivement au pôle « Nord » et au pôle « Sud »de la figure de l’Archéomètre. Par ailleurs, à propos de l’assimilation par le Bouddhisme extrême-oriental de certains symboles d’origine taoiste, Guénon signale que Khouen Yin est parfois identifiée à un Boddhisattwa « ou plus exactement à un aspect féminin d’Avalokiteshwara, en raison de la fonction providentielle qui leur est commune » (Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues, p. 180). Ainsi, Khien semble correspondre à Ahad et Khouen à Wahda ; selon la même transposition, la Perfection absolue correspond à Witr (Mashia), Irada à la non-manifestation et Qudra à la manifestation.
(10) Les Etats Multiples de l’Être, ch. XII, p. 94-95.
(11) Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Ch. XI, p. 84.
(12) Les Sept Étendards du Califat, ch. VIII, p. 66-67.










mercredi 15 novembre 2017

27 safar 1439 / 15 novembre 2017 (Doriphorie 22)









La cause véritable* du déshonneur subi par Mr Tariq Ramadan en ce mois de safar est plus à rechercher dans le fait d’avoir mené un combat en développant divers arguments contestables sur le terrain des adversaires de la tradition avec les « armes » mêmes de ces adversaires, que sur les faits dont on l’accuse publiquement. Et, peu importe au fond que les « dénonciations » qu’il subit aujourd’hui soient imaginaires ou avérées, puisque l’objectif des méthodes et des points de vue portés par les idéologies anti-traditionnelles auxquels Ramadan s’est associé en débattant avec des profanes sous les feux médiatiques, réussi une fois de plus à renforcer « des conceptions qui n’ont été inventées que pour ruiner toute religion » et contribuer d’une façon ou d’une autre à « compromettre la doctrine ». Nous avons fait allusion à l’ambiguïté des intentions de Ramadan** où nous remarquions avec une certaine surprise que dans l’un de ses nombreux ouvrages, il s’était intéressé au taçawwuf en citant des paroles de quelques maîtres çûfî, et en mentionnant un extrait de Guénon sur la Science des nombres dans un état d’esprit délibérément universitaire sans même se rendre compte d’ailleurs qu’il signait là toute son incompétence en la matière.
Bien évidemment Ramadan, n’est qu’un religieux (et par rapport à l’Islâm traditionnel, un religieux bien « moderne », puisqu’il s’inscrit dans un courant ayant de fortes visées politiques), mais néanmoins, il prétendait là à autre chose, et c’est précisément pour cette raison que nous avions rédigé ce bref compte-rendu avec les réserves d’usage sur l’attitude du polémiste, car en effet, représenter l’Islâm exige aussi, en principe, de la droiture et une certaine modestie :
« Ceux qui sont qualifiés pour parler au nom d’une doctrine traditionnelle n’ont pas à discuter avec les “profanes” ni à faire de la “polémique” ; ils n’ont qu’à exposer la doctrine telle qu’elle est, pour ceux qui peuvent la comprendre, et, en même temps, à dénoncer l’erreur partout où elle se trouve, à la faire apparaître comme telle en projetant sur elle la lumière de la vraie connaissance ; leur rôle n’est pas d’engager une lutte et d’y compromettre la doctrine, mais de porter le jugement qu’ils ont le droit de porter s’ils possèdent effectivement les principes qui doivent les inspirer infailliblement. Le domaine de la lutte, c’est celui de l’action, c’est-à-dire le domaine individuel et temporel ; le “moteur immobile” produit et dirige le mouvement sans y être entraîné ; la connaissance éclaire l’action sans participer à ses vicissitudes ; le spirituel guide le temporel sans s’y mêler ; et ainsi chaque chose demeure dans son ordre, au rang qui lui appartient dans la hiérarchie universelle ; mais, dans le monde moderne, où peut-on trouver encore la notion d’une véritable hiérarchie ? Rien ni personne n’est plus à la place où il devrait être normalement ; les hommes ne reconnaissent plus aucune autorité effective dans l’ordre spirituel, aucun pouvoir légitime dans l’ordre temporel ; les “profanes” se permettent de discuter des choses sacrées, d’en contester le caractère et jusqu’à l’existence même ; c’est l’inférieur qui juge le supérieur, l’ignorance qui impose des bornes à la sagesse, l’erreur qui prend le pas sur la vérité, l’humain qui se substitue au divin, la terre qui l’emporte sur le ciel, l’individu qui se fait la mesure de toutes choses et prétend dicter à l’univers des lois tirées tout entières de sa propre raison relative et faillible. “Malheur à vous, guides aveugles”, est-il dit dans l’Évangile ; aujourd’hui, on ne voit en effet partout que des aveugles qui conduisent d’autres aveugles, et qui, s’ils ne sont arrêtés à temps, les mèneront fatalement à l’abîme où ils périront avec eux ».
(La Crise du monde moderne, p. 81 ; Gallimard 1946)






* Ou «  cause substantielle » (selon le Nyaya).
** Voir le « message » du samedi 19 décembre 2015 ; « Rabî‘ al-Âwwal 1437 – Décembre 2015 / Janvier 2016 » (libellé : Textes critiques).





*   *   *








Dans l’une de ses trois plaquettes* consacrées à la science astrologique, Michel de Socoa (Luc Benoist) avait défini les cycles cosmiques en relation avec les cycles planétaires et les grandes conjonctions dont il avait relevé les différentes positions de la période allant du début de l’ère chrétienne à l’An 2000. Il avait en outre érigé le thème de douze doriphories qu’il définissait comme « des conjonctions de conjonctions particulièrement importantes et traditionnellement d’effets redoutables » et notait à ce sujet que « les années 55, 1351, 1999 sont tout à la fois des années cycliques et des années de doriphories ». Il présentait un tableau des 29 doriphories qui ont jalonnées l’histoire de cette période en précisant que « plus le siècle s’agite relativement au nombre de doriphories qu’il comporte, plus il se caractérise par des transformations et des révolutions ». Les deux dernières grandes doriphories du XXè siècle étaient relevées par De Socoa, respectivement pour Berlin, le 23 avril 1941 à midi (correspondant à la seconde guerre mondiale), et pour Moscou, le 26 décembre 1989, dont il n’eut pas le temps de constater les « effets** ».
Depuis, bien qu’aucune conjonction vraiment marquante ne se soit produite, les choses se sont considérablement dégradées et la constance du désordre pourrait bien subir encore d’irréversibles modifications à l’occasion de la prochaine grande conjonction qui aura lieu au mois de février 2022 autour du Signe du Verseau. Dans le thème de cette conjonction reproduit ici, nous pouvons distinguer l’écart qui augmente entre les trois planètes trans-saturniennes ; désormais la conjonction d’au moins deux d’entre elles plus ou moins équivalente à la dernière doriphorie du XXè siècle ne se renouvellera pas avant longtemps (leurs révolutions étant, pour Uranus, de 83 ans ; Neptune, 165 ans et Pluton, 248 ans). Bien qu’il n’y ait pas lieu de tenir compte en Astrologie traditionnelle de ces planètes découvertes par la technologie moderne, Luc Benoist, dans sa correspondance avec Guénon, faisait remarquer qu’elles sont susceptibles de correspondre avec certains aspects du monde moderne, notamment du point de vue de l’astrologie mondiale.


Thème monté pour Washington le 28 février 2022 à midi.






De Socoa signalait encore que les doriphories qu’il avait retenu « se distribuent sur tous les signes excepté le Verseau et les Poissons ». Ors, c’est précisément autour du premier de ces deux Signes que se regroupent ici toutes les planètes du septénaire traditionnel, depuis le 25ème degré du Capricorne avec la conjonction Vénus-Mars, jusqu’au 13ème degré des Poissons. Cette conjonction inclue la trans-saturnienne Pluton mais elle s’élargit jusqu’au 25ème degré des Poissons si l’on tient compte de Neptune. Quant à la position d’Uranus, à 16° du Taureau, bien que ne s’associant pas à cette grande conjonction, elle reste malgré tout menaçante par le carré qu’elle envoie au Milieu du Ciel conjoint à la Lune, à Mercure et à Saturne. L’Ascendant de ce thème tombe dans le Signe des Gémeaux qui correspond, en astrologie mondiale, aux Etats-Unis. Pour ce qui est des significations du verseau, il convient naturellement de retenir ici qu’elles sont liées aux innovations d’ordre technique que « les progressistes » qualifient de révolutionnaires ; Uranus est donné par les modernes comme le second maître de ce Signe traditionnellement sous la domination de Saturne.

Pour ceux qui ne pourront se procurer cette plaquette, voici un résumé du chapitre VI concernant les différentes significations par Signe des doriphories dont De Socoa a relevé les positions : « Les doriphories qui intéressent le Cancer correspondent à des évènements particulièrement essentiels dans le domaine traditionnel, à la fois quant aux biens terrestres et quant aux idées fondamentales du groupe humain. Celles du Lion intéressent le pouvoir ; celles de la Vierge sont importantes quant aux liens d’unité intellectuelle comme d’ailleurs celles des Poissons. Celles de la Balance possèdent un caractère de bénéficité et de paix qui correspondent à des époques de stabilisation et d’expansion. Avec le Scorpion, nous revenons aux temps durs de transformation brutale et de corruption dans tous les domaines, tandis que celles du Bélier influencent le despotisme exercé par le fer et par le feu.
Celles qui touchent le Taureau visent le domaine très matériel des biens de ce monde et leur distribution nouvelle. Enfin les doriphories du Capricorne sont parmi les plus déterminantes. Ce sont d’ailleurs deux de celles-ci qui terminent le second millénaire de l’ère chrétienne, et qui semblent présider à une reconstitution totale de la figure du monde ».
Cette « reconstitution », éminemment instable, manipulée de toute part non plus par « le règne » mais par une véritable « dictature de la quantité », comporte en elle-même tous les éléments « implosifs » susceptibles de provoquer sa chute définitive, abyssum abyssus invocat.


* Les grandes conjonctions ; Éditions traditionnelles, Paris 1981.
** il s’agit en réalité de « correspondances analogiques » entre le « milieu cosmique » et le « milieu terrestre » et non d’« effets » à proprement parler.











vendredi 20 octobre 2017

Y. B. Courant atlantéen et tradition extrême-orientale








Y. B.
Extrait des
« Aperçus sur le “Retournementˮ »





COURANT ATLANTEEN
ET
TRADITION EXTRÊME-ORIENTALE


A notre connaissance Guénon n’a jamais fait allusion à une teinture hébraïque du grade de Maître et l’apparence judaïque de l’ordre maçonnique se justifie principalement par l’absence de langue sacrée dans la tradition chrétienne, car la langue hébraïque peut servir au Maçon de moyen de « communication » avec les états supérieurs de l’être, comme le furent respectivement l’araméen et le grec pour le Christ et Saint Jean dans le sens « descendant ». Mais voir les choses autrement n’est-ce pas en réalité prendre les moyens pour une fin ?
Sans aucunement contester « certaines interventions positives de l’ésotérisme islamique » dans la légende du Graal, le « rôle axial » y est représenté par Joseph d’Arimathie qui initie Merlin au plan du temple de Salomon (1) ; et on peut se demander à quelle « construction » ce chrétien qui n’appartient pas à la gentilité pouvait initier le représentant de l’élite celtique. Du reste, Merlin représente le sacerdoce par rapport à Arthur et Joseph d’Arimathie la royauté par rapport à Nicomède (2) et l’on peut également se demander si cette rencontre entre les représentants de deux traditions n’est pas subordonnée à cette
 « même influence spirituelle, une quant à son essence et quant aux fins en vue desquelles elle agit, sinon quant aux modalités plus ou moins spéciales suivant lesquelles s’exerce son action ; et c’est par là seulement que s’établit, de proche en proche et à degrés divers, une communication, effective ou virtuelle suivant les cas, avec le Centre spirituel suprême » (3).

Selon Guénon,
 « les trois parties du mot de Royal Arch (…) qui sont considérées comme représentant des noms divins dans les trois traditions hébraïque, chaldéenne et égyptienne, sont, dans la Maçonnerie opérative, rapportées respectivement dans cet ordre à Salomon, à Hiram, roi de Tyr, et au troisième Grand-Maître, ce qui pourrait donner à penser que la connexion “égyptienneˮ suggérée par l'ancien nom de ce dernier n'est peut-être pas purement accidentelle » (4).
Toujours suivant le même auteur,
« les deux traditions chaldéennes et égyptienne auraient été dérivées d’une seule et même source principale, laquelle ne peut guère être autre que la tradition atlantéenne »
qu’il a baptisé le « tombeau d’Hermès » dont le symbolisme se rapporte sans aucune ambiguïté à celui d’Hiram (5). Enfin, il faut encore rappeler que
« si l'on veut aller au-delà de Salomon, on peut, avec beaucoup plus de raison, remonter encore plus loin, jusqu'à Abraham lui-même ; on trouve en effet un indice très net à cet égard dans le fait que le Nom divin invoqué plus particulièrement par Abraham a toujours été conservé par la Maçonnerie opérative ; et cette connexion d'Abraham avec la Maçonnerie est d'ailleurs facilement compréhensible pour quiconque a quelque connaissance de la tradition islamique, car elle est en rapport direct avec l'édification de la Kaabah » (6).
Ors, d’après une tradition rapportée par Tirmidhî, la « pierre noire » de la Kaabah a été transmise à Abraham par l’intermédiaire d’une montagne du Khorassan où Noé l’avait mise à l’abri au moment du déluge (7) ; et cette tradition confirme l’indication selon laquelle la
« source “abrahamiqueˮ, se rattache vraisemblablement surtout elle-même (comme le suggèrent d’ailleurs les noms mêmes des Hébreux et des arabes) au courant traditionnel venu de l’ “île perdue de l’Occidentˮ » (8).
Maintenant, ce n’est certainement pas en se conformant à la perspective nomade de « celui qui vit est maudit » que les Maçons pourront prendre conscience de la tradition dont ils sont les dépositaires et c’est encore à l’orientation orientale qu’ils doivent s’en remettre puisque l’
« origine de la tradition que l’on peut appeler proprement chinoise remonte à environ 3 700 ans avant l’ère chrétienne [et que] par une coïncidence assez curieuse, cette même époque est aussi le commencement de l’ère hébraïque » (9),
ce qui semblerait indiquer que la tradition extrême-orientale a intégré un héritage « occidental » qui, dans les traditions prophétiques, est voilé par le sacerdoce d’Aaron.
« Cherchez la science jusqu’en Chine » a dit le législateur de l’Islam qui était en relation avec l’Empire du Milieu par l’intermédiaire de la tribu des Tay, dont le nom ressemble singulièrement à celui de Ta-Yu, le fondateur de l’Empire chinois en 9 provinces ; ors, par une coïncidence encore plus remarquable, c’est précisément de cette tribu d’Arabie centrale que le shaykh al-akbar est le descendant (10).

Y.B.





NOTES



(1) L’Ésotérisme de Dante, p. 36.

(2) Le Roi du Monde, p. 41*. Rappelons que les initiés de l’Agarttha « sont attivarna c’est-à-dire au delà des castes » (ibid., p.16)

(3) Initiation et réalisation spirituelle, p. 69. L’« initiation en dehors de tout milieu défini » relève beaucoup plus directement de la « postérité spirituelle » que de toute autre possibilité, et il semblerait que la « Rose-Croix » a connu ce genre d’initiation comme l’illustre le rattachement de Jacob Boehme qui se fit par l’intermédiaire d’une individualité, quelle que soit sa véritable nature. L’intervention de cet « intermédiaire » n’a pas empêché Guénon d’insister sur la nécessité d’un rattachement à une chaine initiatique conventionnelle afin de « régulariser » les voies exceptionnelles qui pouvaient se présenter dans certains cas.

(4) Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage t. II, p. 177. Cette connexion « égyptienne »semble également concerner la filiation de la fonction du « Saint Empire », d’après les indications de Denys Roman, car Charlemagne se réclame de César qui s’est inspiré d’Alexandre le Grand. Ors
« Alexandre, ayant été déclaré fils d’Ammon par l’oracle de ce dieu, prit pour emblème les deux cornes de bélier qui étaient le principal attribut de celui-ci ; et cette origine divine ne faisait d’ailleurs que le légitimer comme successeur des anciens souverains de l’Égypte, à qui elle était également attribuée ». (Symboles de la Science Sacrée, ch. XXVII, p. 187)
Dans le Coran sa relation avec la « royauté » de Joseph est indiquée par l’expression makkânnâ li yûsuf fî-l-ard (Cor. XII, 21 et 56) ; makkânnâ lahu fî-l-ard XVIII, 84). Guénon fait aussi remarquer que Ammon lui-même était appelé « Maitre de la double corne » et il précise que
« les cornes, dans leur usage symbolique, revêtent deux formes principales : celle des cornes de bélier, qui est proprement “solaireˮ, et celle des cornes de taureau, qui est au contraire “lunaireˮ, rappelant d’ailleurs la forme même du croissant. On pourrait aussi, à ce propos, se référer aux correspondances respectives des deux signes zodiacaux du Bélier et du Taureau » (Ibid.)
maitrisés respectivement par Mars et Vénus, et, pour nous en tenir à l’objet de notre étude, on pourra constater que la correspondance d’une part entre Mars et Venus et d’autre part entre la droite et la gauche s’applique également à l’égard du symbolisme « solaire » des cornes de bélier et « lunaire » des cornes de taureau. En outre, le signe zodiacal du Bélier est en relation avec le Feu et celui du Taureau avec la Terre, qui peuvent être respectivement rapportés à la « Voie du Ciel » et à la « Voie de la Terre », ce qui du reste est confirmé par les VIe et VIIe lames du Tarot qui les accompagnent, c’est-à-dire « le Pape » et « l’Amoureux », et dont les lettres arabes correspondantes forment le nom divin Huwa. Cependant, on se trouve ici en présence d’une inversion puisque le nombre 5 correspond au « Ciel » et le nombre 6 à la « Terre » ; et à cet égard,
« (…) nous signalerons seulement, comme cas particulier de cet échange, que, dans la tradition chinoise, les jours sont comptés par périodes décimales et les mois par périodes duodécimales ; or dix jours sont “dix soleilsˮ, et douze mois sont “douze lunesˮ ; les nombres 10 et 12 sont donc rapportés ainsi respectivement le premier au Soleil, qui est yang ou masculin, correspondant au Ciel, au feu et au Sud, et le second à la Lune, qui est yin ou féminine, correspondant à la Terre, à l’eau et au Nord ». (La Grande Triade, chap. VIII, p. 66, n. 1)
Ces indications permettent d’envisager que l’orientation est prise en se tournant vers le Sud, c’est-à-dire que l’Occident (Mars) correspond à la « droite » et l’Orient (Vénus) à la « gauche ». Enfin Guénon signale que la prédominance de l’une ou de l’autre forme des cornes dans différentes traditions pourraient donner lieu à des considérations « cycliques » et à cet égard, que le bélier est l’animal du sacrifice d’Abraham et le taureau celui dont le Veau d’or des hébreux prends l’apparence sensible. Du reste, en ce qui concerne le bélier, Ibn ‘Arabî déclare que le bélier est
« la maison zodiacale de la haute noblesse (sharaf) du centre [c’est-à-dire du « milieu » : al-wasat] et esprit du monde, la plus noble et la plus élevée des maisons zodiacales. Le bélier fut le substitut du corps d’Ismaël, non de son esprit, car le corps et la maison ont ceci en commun : le sacrifice n’affecte que le corps, et la destruction et la ruine ne touchent que les maisons ». (Ibn ‘Arabî : Le dévoilement des effets du voyage, trad. D. Gril, p. 47 ; Ed. De l’Eclat).

(5) Formes traditionnelles et cycles cosmiques (p. 146-147). Du reste, on peut remarquer que le meurtre de l’Architecte par les Mauvais Compagnon n’est pas sans rappeler celui d’Abel par Caïn et, à cet égard, la « maîtrise » maçonnique réalise la « revanche d’Abel sur Caïn ». Le « tombeau d’hermès » rappelle aussi celui de Joseph qui était englouti dans les eaux du Nil au milieu de la ville (égyptienne) de Memphis et qui était construit de marbre sans jointure, selon Tabarî (vol ; I de ses chroniques, p. 288). Rappelons aussi que le rite primordial peut-être considéré
« comme un sacrifice sous son aspect “dêviqueˮ, et comme un meurtre sous son aspect “asuriqueˮ » (Symboles de la Science Sacrée, chap. XLVI, p. 285).

(6) Études sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage II, p.165.

(7) Cette tradition est citée par C. A. Gilis qui ne semble guère s’être rendu compte de sa véritable signification (La doctrine initiatique du Pèlerinage, p. 86). La montagne du Khorassan pourrait être assimilée à la « Montagne primordiale (harqodîm) où fut l’Eden, et qui ne fut pas submergée par les eaux du Déluge » (Le Roi du Monde, p. 56, n. 1).

(8) Formes traditionnelles et cycles cosmiques, p. 80.

(9) Aperçus sur l’ésotérisme islamique et le Taoïsme, p. 103. Le Ming-tang figure à plusieurs reprises dans le traité shadhilite : Al-Mafâkhir al-‘aliyya d’Ibn Ayyâd, sous le voile de nombres qui sont aussi des lettres. Par sa connexion avec l’Orient et l’Occident, la Shadhuliyah représente la « synthèse » de l’axe équinoxial au sein de l’ésotérisme islamique et, selon certaines modalités de transmission, l’accomplissement des rites initiatiques manifeste la « Maîtrise » spirituelle par le « travail collectif ». Dans ce traité, les Compagnons du Prophète sont mis en correspondance avec les Archanges et les points cardinaux suivant une représentation qui semble être la suivante :
Nord :      Abu Bakr et Jibrâ’il
Sud :         Uthmân et Isrâfil
Est :          Umar Et Mikâ’îl
Ouest :      Alî et Azrâ’îl.
Le sceau est « orné » d’une formule énigmatique dont la valeur numérique est 444 ; tandis que les carrés de Saturne qui sont voilés par les nombres 13 (Mîm) 14 (Nûn) (= Manas ou Namus) sont en relation avec les nombres 441 et 450, qui se rapportent (ainsi que 444) aux chapitres des munazalât correspondant à la lettre Lâm : la 12e lame du Tarot (le « pendu » la tête en bas) qui est en relation archéométrique avec la planète Vénus et la Balance zodiacale.
Sur la relation entre le symbolisme alchimique du Souffre inversé avec le lam hébraïque qui trace le « pas » de la maitrise maçonnique, cf. La Gnose, n° de décembre 1911 et Denys Roman : Réflexion d’un chrétien sur la Franc-maçonnerie, chap. IV. La figure du lam hébraïque est très proche de celle du kaf arabe qui symbolise la « Force » (IXe lame du tarot) et l’assimilation :
« (…) Kan est surtout le pouvoir spirituel ou intellectuel identique à la Sagesse (d’où Kohen  “prêteˮ en hébreux. » (Le Roi du Monde, p. 54)
Cette lettre est en relation archéométrique avec Mars (Occidental) et il n’est pas impossible que la lecture arabe kaf du lam hébraïque soit en relation avec le fait que :
« - Dans la Maçonnerie, sous sa forme actuelle, le sens des circumambulations est “solaireˮ mais il parait avoir au contraire été tout d’abord “polaireˮ dans l’ancien rituel opératif, selon lequel le “trône de Salomonˮ était d’ailleurs placé à l’Occident et non à l’Orient, afin de permettre à son occupant de “contempler le soleil à son leverˮ. » (cf. La Grande triade, ch. VII, p. 59, n. 2)

(10) Ibn ‘Arabî : Le Livre de l’arbre et des 4 oiseaux, trad. D. Gril (Paris, 1984, p. 22, n. 1). Il n’est pas improbable que le courant hanifite se soit perpétué parmi les ancêtres du Cheikh al-Akbar dont le titre devrait être ramené à sa racine KBR qui évoque les « esprits supérieurs ». Cette racine sert également à désigner la « sainteté » (Wilâya al-kubrâ) qui sera scellée par le Christ, ainsi que la « science » qui est résumée dans une phrase lapidaire par Abû Su‘ûd :
« Les 5 prières et l’attente de la mort » ; prières dont le secret réside dans le fait qu’elles sont « la Prière de Dieu même (Çalatu-l-Haqq) fait sur le fidèle en prière. “Réveille-toi doncˮ (fantabih) : “Tu es à sa placeˮ (Anta bi-H). Ne sois pas aveugle à ce sujet, si tu ne veux pas être privé du secret suprême (as-Sirr al-akbar). » (Études traditionnelles, 1962, p. 30)
« Les Kabirim étaient les “Puissantsˮ » écrit Denys Roman en établissant un rapport entre les racines KBR et GBR à propos de Nemrod dont Gibbor est l’épithète hébraïque (Réflexions d’un chrétien sur la Franc-Maçonnerie, p. 113-114). En raison de la correspondance, d’une part entre le Mulk et le Malakût, et d’autre part entre la gauche et la droite, il semblerait que le Jabarût (JBR), le « monde céleste », est également en connexion avec la « Voie du Milieu » et à cet égard, Nemrod et Pharaon pourraient être considérés comme des détenteurs de la « Voie du Milieu » qui ne reconnaissent pas l’application cyclique opérée, en l’occurrence, par le courant abrahamique. En effet,
« le sage est celui qui est bridé fermement par la martingale de la Sagesse [Hikmah], en sorte que c’est la Sagesse qui régit celui-ci et non lui qui régit la Sagesse. Car celui qui régit la sagesse possède la Volonté (al-Machi’ah) à l’égard de la Sagesse, alors que celui qui est bridé par la Sagesse est régi par celle-ci… » dit Ibn ‘Arabî (Études traditionnelles, 1970, p. 67, n. 18)
qui semble donner toutes les indications permettant de comprendre la « révolte » des kshatriyas ; « révolte » qui, comme chacun sait, se caractérise par une certaine prédominance de l’élément féminin et qui peut aussi se manifester par l’intermédiaire des représentants du sacerdoce d’Aaron à l’égard du sacerdoce de Melchissedech.
D’autre part, les caractéristiques de Nemrod et de Pharaon sont assez comparables à celles d’Indra, roi des dieux « aveuglé par son pouvoir et égaré par les Asuras » (Hindouisme et Bouddhisme de Coomaraswamy, p. 72). Coomaraswamy
« fait remarquer que la révolte du pouvoir temporel (Kshatra) contre l’autorité spirituelle (Brahma), que reflète le Jainisme aussi bien que le Bouddhisme, est en quelque sorte préfigurée, comme possibilité, par un certain aspect “luciférienˮ de l’Indra vêdique » (Études sur l’Hindouisme, p. 228).
Agni représente le Sacerdoce et Indra la Royauté ; ainsi Abraham et Moïse sont en relation avec Agni et Nemrod et Pharaon correspondent à Indra. D’autre part, les montagnes sont considérées comme des piliers (Awtâd) dans le Coran, et Pharaon est le possesseur des piliers » (dhû-l-Awtâd). Or, suivant la tradition hindoue, les montagnes volaient autrefois ; Indra les précipita sur terre et les y fixa en les frappant de la foudre. Guénon met cette légende en relation avec le symbolisme des « pierres noires » (Symboles de la Science sacrée, Chapitre. XLVIII, p. 293, n. 1) et c’est précisément une montagne qui apporte la Pierre noire à Abraham durant la construction de la Kaabah.
Cet aspect mériterait une étude susceptible de donner des « justifications d’orthodoxie » à la doctrine d’Ibn ‘Arabi sur le Pharaon qui se révolte par un « acte de volonté délibérée » (‘ani-l-mashiah) (ET n° 268, p. 152), et d’éclairer la façon dont cet aspect « luciférien » est transposé dans les « religions ». D’autre part, à propos de KBR les Anges Chérubins (al-Malâikatu-l-Karûbiyyûn) sont ceux
« qui ne connaissent rien d’autre que “Luiˮ [Huwa] et que personne d’autre que Lui ne connaît » (Études traditionnelles, 1953, p. 132) ;
ce sont les « esprits supérieurs » : al-Âlin (M. Chodkiewitcz : Le Sceau des Saints, p. 123, n. 6). Dans la tradition hébraïque, la valeur du mot Kerûbim,
– les « tétramorphes synthétisant en eux le quaternaire des puissances élémentaires, qui sont placés à l’entrée de l’Eden armés de l’épée flamboyante pour garder le chemin de l’Arbre de Vie (cf. Symbolisme de la Croix, chap.IX, p.80) –
est : 358 (100 + 200 + 8 + 10 + 40) qui est aussi le nombre de Mashiah (Messie) 40 + 300 + 10 + 8) ainsi que de bar Joseph (202 + 156) un des noms du Messie (fils de Joseph) et d’expressions plus universelles comme « secret du Monde » (Rez Haôlam) et « Lumière du Monde » (Aor Haôlam) (cf. P. Ruchet : Joseph).





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[ANNEXE]



* Extrait de la page 41, chapitre V du Roi du Monde (Gallimard, 1958) :

« Le Saint-Graal est, dit-on, la coupe qui servit à la Cène, et où Joseph d’Arimathie recueillit ensuite le sang et l’eau qui s’échappaient de la blessure ouverte au flanc du Christ par la lance du centurion Longin 2. Cette coupe aurait été, d’après la légende, transportée en Grande-Bretagne par Joseph d’Arimathie lui-même et Nicodème 3 ; et il faut voir là l’indication d’un lien établi entre la tradition celtique et le Christianisme. La coupe, en effet, joue un rôle fort important dans la plupart des traditions antiques, et sans doute en était-il ainsi notamment chez les Celtes ; il est même à remarquer qu’elle est fréquemment associée à la lance, ces deux symboles étant alors en quelque sorte complémentaires l’un de l’autre (…) 4.

2 Ce nom de Longin est apparenté au nom même de la lance, en grec logké (qui se prononce lonké) ; le latin lancea a d’ailleurs la même racine.
3 Ces deux personnages représentent ici respectivement le pouvoir royal et le pouvoir sacerdotal ; il en est de même d’Arthur et de Merlin dans l’institution de la « Table Ronde ».
4 Nous dirons seulement que le symbolisme de la lance est souvent en rapport avec l’« Axe du Monde » ; à cet égard, le sang qui dégoutte de la lance a la même signification que la rosée qui émane de l’« Arbre de Vie » ; on sait d’ailleurs que toutes les traditions sont unanimes à affirmer que le principe vital est intimement lié au sang. »








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