LES POITRINES DES HOMMES LIBRES SONT LES TOMBEAUX DES SECRETS صدور الأحرار قبور الأسرار

dimanche 3 février 2019

Y. B. : Un extrait des APERÇUS SUR LE « RETOURNEMENT » (CHAPITRE VI)










LE « SCEAU DE SALOMON »
ET
LA CROIX HORIZONTALE








La représentation cruciforme des points cardinaux est la plus adéquate pour figurer symboliquement les grades chevaleresques auxquels Guénon a consacré le chapitre III de L’Ésotérisme de Dante, c’est-à-dire Vénus (Est) pour le Prince de Mercy (26ème degré), Mercure (Nord) pour le Chevalier du Soleil (28ème degré), Mars (Ouest) pour le Grand Écossais de Saint André ou Patriarche des Croisades (29ème degré) et Jupiter (sud) pour le « nec plus ultra » : le chevalier de l’Aigle blanc et noir ou Kadoch (30èmedegré) . Ceci étant dit, Guénon n’a pas confirmé la correspondance établie par Aroux entre le Soleil et le « Grand Architecte » (12ème) ou le Noachite (21ème), et tout indique que c’est en réalité le Sublime Prince du Royal Secret, c’est-à-dire le 32ème degré, qui constitue, en quelque sorte, la « clef de voute » de la Maçonnerie noire.
Du reste, le 31ème et le 33ème degré représentent un développement du 32ème qui leur est antérieur. Sur ce grade on pourrait renvoyer aux indications suivantes de Guénon :
« Dans l’initiation à la Tien-ti-houei, le néophyte, après être passé par différentes étapes préliminaires, dont la dernière est désignée comme le “Cercle du Ciel et de la Terre” (Tien-ti-kiuen), arrive finalement à la “Cité des Saules” (Mou-yang-tcheng), qui est aussi appelée la Maison de la Grande Paix (Tai-ping-chouang). Le premier de ces deux noms s’explique par le fait que le saule est, en Chine, un symbole d’immortalité ; il équivaut donc à l’acacia dans la Maçonnerie, ou au rameau d’or dans les mystères antiques ; et, en raison de cette signification, la Cité des Saules est proprement le séjour des Immortels. Quant à la seconde dénomination, elle indique aussi clairement que possible qu’il s’agit d’un lieu considéré comme central, car la Grande Paix(en arabe Es-Sakînah) est la même chose que la Shekinah de la Kabbale hébraïque, c’est-à-dire la présence divine qui est la manifestation même de l’Activité du Ciel, et qui, comme nous l’avons déjà dit, ne peut résider effectivement que dans un tel lieu, ou dans un sanctuaire traditionnel qui lui est assimilé. Ce centre peut d’ailleurs représenter, d’après ce que nous venons de dire, soit celui du monde humain, soit celui de l’Univers total ; le fait qu’il est au-delà du Cercle du Ciel et de la Terre exprime, suivant la première signification, que celui qui y est parvenu échappe par là même au mouvement de la roue cosmique et aux vicissitudes du yin et du yang, donc à l’alternance des vies et des morts qui en est la conséquence, de sorte qu’il peut être dit véritablement immortel” (1) ; et, suivant la seconde signification, il y a là une allusion assez explicite à la situation extra-cosmique du faîte du Ciel” » (2).
Mais ce qui est peut-être encore plus remarquable, c’est que le passage – au moins théorique – d’un grade à l’autre s’effectue en ayant le centre à gauche, comme dans le voyage de Dante qui commence à l’équinoxe du Printemps, c’est-à-dire à l’Est, correspondant ici au « Prince de Mercy » auquel Guénon attache une importance toute particulière (3).

D’après Guénon,
« L’union du “Ciel” et de la “Terre” est la même chose que l’union des deux natures divine et humaine dans la personne du Christ, en tant que celui-ci est considéré comme l’“Homme Universel”. Parmi les anciens symboles du Christ se trouve l’étoile à six branches, c’est-à-dire le double triangle du “sceau de Salomon” ; or, dans le symbolisme d’une école hermétique à laquelle se rattachaient Albert le Grand et saint Thomas d’Aquin, le triangle droit représente la Divinité, et le triangle inversé la nature humaine (“faite à l’image de Dieu”, comme son reflet en sens inverse dans le “miroir des Eaux”), de sorte que l’union des deux triangles figure celle des deux natures (Lâhût et Nâsût dans l’ésotérisme islamique) » (4). « D’autre part, le “Ciel” et la “Terre” étant deux principes complémentaires, l’un actif et l’autre passif, leur union peut être représentée par la figure de l’“Androgyne” » (5)
qui est symbolisé en Islam par le couple Adam wa Hawâ (Adam et Eve) dont la valeur numérique (45 + 6 + 15) est identique à celle du Nom Allâh (66) et qui s’inscrit également dans le « Sceau de Salomon » (6).



Dans cette nouvelle figure, l’axe solsticial, représenté par les lettres wâw et dal et qui est en relation avec Moïse (Jupiter) et le Christ (Mercure), évoque par la lecture de droite à gauche la notion de Remède (dawa) et par la lecture de gauche à droite celle d’Amour (wadd). La valeur numérique de ce dernier mot (6  +  4)  est également celle de la lettre et de la racine hubb (8 + 2) qui, plus généralement que l’idée d’amour, évoque celle d’« attachement » dans le sens de la racine sanskrite bagha dont est dérivé le terme Bhagavad-Gîta, le traité du « Chant Glorieux » (7) ; et qui doit être considéré comme un « attachement » informel, similaire à la manière dont l’aspiration (Himma) est « attachée » à Allâh, car prâna lui-même, au sens universel, est « identifié en principe avec Brahma même » (8).


L’axe équinoxial évoque le pouvoir de vie (Hayat) et de mort (Mawt) ; et dans le voyage de Dante, l’ouest correspond au Mont du Purgatoire, c’est-à-dire à l’entrée des Cieux (9) tandis que la « seconde naissance » est une régénération psychique assimilée à une « mort » (Est). La lecture de gauche à droite fait allusion à l’effacement (Mawh) qui est une racine coranique (Cor. XIII, 39 – cf. Marie en Islam, p. 45). Seulement la lettre mîm est aussi la finale du nom d’Adam et la lettre l’initiale du nom d’Ève, c’est-à-dire que l’axe équinoxial représente une transposition symbolique de l’Androgyne primordial ; transposition qui semble confirmée par la valeur numérique du vocable H (8 + 1) MYM (40 + 10 + 40) qui est aussi le nombre des attributs d’Allâh (99) (10).
Contrairement aux dires de certaines prétentions sectaires, le Triangle de l’Androgyne est connu en Occident depuis le début du XVIIè siècle et sa correspondance avec les lettres hébraïques d’Adam et Ève a fait l’objet de plusieurs études dans les milieux occultistes. Toutefois, on peut remarquer que les lettres arabes qui s’inscrivent dans la croix horizontale de cette figure (MHWD) évoquent le nom paradisiaque du Prophète de l’Islam, c’est-à-dire Mahmûd.
La lettre mîm est en rapport avec les mystères de la Merkaba dans la tradition hébraïque et elle est aussi l’initiale du nom Mahdî, qui chez les Chiites est comparé à Yûsuf parce qu’il est reconnu par ses frères. En arabe, la lettre Mîm (Muhammad) occulte la lettre (Yûsuf) qui occulte la lettre Alif (Adam) et elle est en relation avec l’adaptation cyclique du Dîn Qayyûm, c’est-à-dire l’équivalent islamique du Sanâtana Dharma hindou (11). Mais d’un point de vue initiatique, les trois prophètes correspondent aussi aux trois conditions d’Atmâ : l’état de veille ou la condition de Vaishwânara correspond à Adam, l’état de rêve ou la condition de Taijasa correspond à Yûsuf et l’état de sommeil profond ou la condition de Prâjna correspond à Mohammad, en tenant compte de la doctrine du « retournement » (12). Enfin, pour compléter ces quelques indications sur le « Sceau de Salomon », signalons encore que d’après Ibn Arabî, l’Imâm de gauche régit le domaine de la lune (Adam), de Mercure (‘Aisâ) et de Vénus (Yûsuf), et l’Imâm de droite celui de Mars (Harûn), de Jupiter (Mûsâ) et de Saturne (Ibrahîm) (13). À cet égard, dans le triangle de l’Androgyne, la droite est en relation avec les lettres HWA et la gauche avec les lettres ADM : c’est-à-dire que le domaine céleste (droite) est féminin (yin) et le domaine terrestre (gauche) masculin (yang). D’autre part, comme l’axe équinoxial est en rapport avec le « pouvoir des clés » les trois fonctions suprêmes peuvent y être transposées : Adoni-Tsedeq correspond à Mars (29ème degré) et au domaine céleste (droite) ; Kohen-Tsedeq au Soleil (32ème degré) et au domaine intermédiaire ; et Melki-Tsedeq à Venus (26ème degré) et au domaine terrestre (gauche). En effet la Balance est le signe zodiacal où trône Vénus et à cet égard Guénon fait remarquer :
« Il y aurait lieu d’examiner aussi le rapport qui peut exister entre la Balance polaire et la Balance zodiacale ; celle-ci est d’ailleurs regardée comme le “signe du Jugement”, et ce que nous avons dit précédemment de la balance comme attribut de la Justice, à propos de Melki-Tsedeq, peut faire comprendre que son nom ait été la désignation du centre spirituel suprême » (14).






















NOTES





(1) « Ce n’est encore, pour l’“homme véritable”, que l’immortalité virtuelle, mais qui deviendra pleinement effective par le passage direct, à partir de l’état humain, à l’état suprême et inconditionné » (La Grande Triade).
(2) Ibid., ch. XXV, p. 166-167. Suivant le Tuileur de Vuillaume, la loge du 32ème degré « se tient dans un lieu élevé ». Rappelons que les grades chevaleresques sont le vestige de l’initiation royale. D’autre part, il n’est pas improbable que la transmission des Hauts-grades permettent aux Maçons de participer à la « caste » des Kshatriyas pour ceux qui ne le sont pas de naissance, ce qui, en raison des possibilités spirituelles qu’offre cette « caste », ne devrait pas les laisser indifférents.
Toute fonction initiatique, par son « orientation » est subordonnée à la hiérarchie à laquelle elle appartient, ce qui ne devrait pas l’empêcher de faire preuve d’une certaine « autonomie » (swarâj) qui « consiste, pour un roi, à ne pas se laisser gouverner par la multitude de ceux qui doivent lui être subordonnés, et de même, pour chacun, de ne pas se laisser gouverner par les éléments inférieurs et contingents de son être » (Études sur l’Hindouisme, p. 198). Seulement une « affirmation volontaire d’autonomie (…) peut encore suivant l’usage qu’il [le kshatriya] en fera, l’écarter du but aussi bien que l’y conduire. Le danger, en effet, est ici que la “puissance” ne soit recherchée pour elle-même et ne devienne ainsi un obstacle au lieu d’être un appui, et que l’individu n’en arrive à se prendre pour sa propre fin (…) ce que nous venons de dire ne concerne que la “voie” comme telle , non le but qui, en réalité, insistons-y encore, est toujours le même et ne peut en aucun cas être autre que la connaissance, puisque ce n’est que par celle-ci et dans celle-ci que l’être se “réalise” véritablement dans toutes ses possibilités » (Ibid. p. 93-94). Suivant Tilak, le swarâj, « c’est une vie centrée sur le Soi et dépendante du Soi. Il y a un swarâj dans ce monde-ci comme il y en a un dans l’“autre” » et Guénon dit également : « (…) toute adoration du “Suprême” n’est elle-même, au fond, pas autre chose qu’une forme de la recherche du “Soi” » (Ibid., p. 178) ; « (…) il appartient au souverain de donner aux choses leurs “dénominations concrètes”, aussi le Roi ne peut-il jamais parler à sa fantaisie ou selon ses désirs, mais il ne doit le faire que conformément à l’ordre, c’est-à-dire à la volonté du principe dont il tient sa légitimité et son “droit divin” » (Ibid., p. 196-197).
(3) L’Ésotérisme de Dante, ch. VIII.
(4) Le Symbolisme de la Croix, ch. XXVIII, p. 188, n. 1.
(5) Ibid., p. 189.
(6) Ibid., ch. III, p. 31et ch. VI, p. 55. « C’est l’homme “fait à l’image de Dieu”, ou plus exactement d’Elohim, c’est-à-dire des puissances célestes, et qui d’ailleurs ne peut être réellement tel que s’il est l’“Androgyne” constitué par le parfait équilibre du yang et du yin. Suivant les paroles mêmes de la Genèse (I, 27) : “Elohim créa l’homme à Son image (littéralement “Son ombre” [Tselem]*, c’est-à-dire Son reflet) ; à l’image d’Elohim Il le créa ; mâle et femelle”, ce qui se traduit dans l’ésotérisme islamique par l’équivalence numérique de Adam wa Hawâ avec Allah » (La Grande Triade, ch. IX, p. 70, n. 1). L’équivalent islamique d’Elohim est Allahumma dont la valeur numérique (106) est identique à celle du vocable nûn (50 + 6 + 50). Guénon a également souligné que le nombre septénaire qui est attribué aux Elohim et qui concerne aussi Allahumma (1 + 0 + 6 = 7) « est en rapport avec la constitution des organisations initiatiques » à propos de la vibration initiale (Fiat lux) « qui illumine le chaos » et qui est « communiqué par les puissances spirituelles que la Genèse hébraïque désigne comme les Elohim » (Aperçus sur l’initiation, ch. IV, p. 34). Le pronom de la 3ème personne du pluriel (Humma) qui est affixé à Allâh est aussi une racine arabe qui désigne l’aspiration (Himma) et qui est homophone avec les mots Homo, Humus, et Humanus dont Guénon a parlé dans son étude sur Adam (Formes traditionnelles et cycles cosmiques, p. 56). La valeur numérique du nom du père de l’humanité (45) est identique à celle du terme Himma (5 + 40). Cette « aspiration », c’est « la respiration considérée comme ascendante dans sa phase initiale (prâna au sens strict de ce mot) » (L’Homme et son devenir selon le Vêdânta, p. 85-86).
C’est à l’élite « qu’il appartient avant tout d’“aspirer” à l’initiation » (Aperçus sur l’initiation, ch. XLIII, p. 275) et celle-ci réside dans l’incantation :  « Par (…) “incantation”(…) il faut entendre essentiellement une aspiration de l’être vers l’Universel, ayant pour but d’obtenir une illumination intérieure, quels que soient d’ailleurs les moyens extérieurs, gestes (mudrâs), paroles ou sons musicaux (mantras), figures symboliques (yantras) ou autres, qui peuvent être employés accessoirement comme support de l’acte intérieur, et dont l’effet est de déterminer des vibrations rythmiques qui ont une répercussion à travers la série indéfinie des états de l’être » ; cela n’a rien de comparable « avec un acte religieux tel que la prière » (L’Homme et son devenir selon le Vêdânta, p. 164, n. 4 ; voir aussi Aperçus sur l’initiation, ch. XXIV). Dans Le Roi du Monde, au chapitre intitulé « Le Centre suprême caché pendant le Kali-Yuga », Guénon précise « On doit donc, comme nous le disions déjà précédemment, parler de quelque chose qui est caché plutôt que véritablement perdu, puisqu’il n’est pas perdu pour tous et que certains le possèdent encore intégralement ; et, s’il en est ainsi, d’autres ont toujours la possibilité de le retrouver, pourvu qu’ils le cherchent comme il convient, c’est-à-dire que leur intention [niyah] soit dirigée de telle sorte que, par les vibrations harmoniques qu’elle éveille selon la loi des “actions et réactions concordantes”, elle puisse les mettre en communication spirituelle effective avec le centre suprême ». La niyah c’est l’intention « par laquelle toutes les puissances de l’être doivent être dirigées vers le Principe divin » (Symboles de la Science sacrée, ch. VIII, p. 74-75).

* Inna-l-Wujûd fî sûrat al-haqq : la manifestation est dans la substance non-manifestée (prakriti) :TselemZhilm ꞊ Forme (Sura).

(7) Études sur l’Hindouisme, p. 9, n. 4.
Les deux lettres H et B, constitutives du terme Hubb, sont en relation archéométrique avec la Sphère de la Lune dont le croissant évoque le symbolisme de la coupe et du cœur. Ce dernier est également en relation avec « l’“athanor hermétique”, le Vase où s’accomplit le “Grand Œuvre” (…) [dont] le feu invisible qui y est entretenu perpétuellement correspond à la chaleur vitale qui réside dans le cœur » (Symboles de la science sacrée, ch. III, p. 29, n. 1). L’Athanor arabe (at-tannûr) est mentionné deux fois dans le Coran (11, 40 et 23, 27) à propos de l’épisode du Déluge qui se produisit sous le signe zodiacal du Cancer, régit par la Lune (cf. Le dévoilement des effets du voyage, traduit par D. Gril, p. 41), et qui correspond au « “fond des eaux”, c’est-à-dire, au sens cosmogonique, au milieu embryogénique dans lequel sont déposés les germes du monde manifesté, germes correspondant dans l’ordre  “macrocosmique”, au Brahmânanda ou “Œuf du monde”, et, dans l’ordre “microcosmique”, au pinda, prototype formel de l’individualité préexistant en mode subtil dès l’origine de la manifestation cyclique, comme constituant une des possibilités qui devront se développer au cours de cette manifestation » (Symboles de la science sacrée, ch. XIX, p. 135) ; « Ajoutons, à ce propos, que l’“oeuf philosophique”, qui joue manifestement le rôle de l’“Œuf du Monde”, est enfermé à l’intérieur de l’athanor, mais que celui-ci peut être lui-même assimilé au “cosmos”, et ceci dans la double application macrocosmique et microcosmique ; la caverne pourra donc aussi être à la fois identifiée symboliquement à l’“œuf philosophique” et à l’athanor, selon qu’on se référera, si l’on veut, à des degrés de développement différents dans le processus initiatique, mais en tout cas sans que sa signification fondamentale en soit aucunement altérée » (Symboles de la science sacrée, ch. XXXIII, p. 215). Selon l’interprétation du Compagnon ‘Alî, at-tannûr signifie « l’illumination de l’aurore » (tannûr as-subh) et Ibn ‘Arabî dit pour sa part que « l’Eau du Feu voilà pour eux le four (tannûr) et ils ne comprirent pas qu’il s’agissait de la lumière (nûr) à laquelle s’était ajouté le tâ’ de l’achèvement (tamân) de la constitution humaine par l’existence du corps. La lumière devint “four”, c’est-à-dire une lumière accomplie dans le monde du Royaume (Mulk), la lumière du ta’ (nûr at-ta’) et son lieu de manifestation » (Ibn Arabî, op. cit., p. 44). Comme le signe du Cancer correspond au solstice d’été et à la « Voie des ancêtres » (Pîtri-Yâna) on peut trouver ici l’indication d’une « adaptation cyclique » de la « Voie de la Terre » ; et il serait intéressant de savoir à quoi correspond, précisément, « la lumière du Ta’ (nûr at-tâ’) car la valeur numérique de son « illumination » (tanwîr) est 666 et qu’il y a tout lieu de penser que cette doctrine est en relation avec l’occultation de l’Agharttha. D’après l’enseignement kabbalistique, le patriarche Joseph est né sous le signe du Cancer, ce qui peut être symbolisé par sa relation avec le puits creusé par Sem, selon la tradition arabe, et dans le roman ésotérique qui lui est consacré dans la tradition chrétienne. C’est également au solstice d’été qu’il arrive à Héliopolis. En outre, le symbolisme de la lumière du Tâ’ n’est pas sans évoquer celui des 144 000 Èlus qui, selon Tamos, sont « marqués du Tau, signe de l’agneau (ou du Swastika, signe d’Agni) ».
(8) L’Homme et son devenir selon le Vêdânta, p. 79.
(9) L’Esotérisme de Dante, p.64-65.
(10) Sur le triangle de l’Androgyne : L’Islam et la fonction de René Guénon, ch. VII, et C-A. Gilis, Les Sept Etendards du Califat, ch. XXIV. 
(11) L’Islam et la fonction de René Guénon, p. 154-156. Le patriarche Joseph est considéré comme un précurseur du Christ chez les Chrétiens. À propos du Graal, qui est un vase (grasale) et aussi un livre (gradale ou graduale), Guénon écrit : « ce qu’il y a aussi de très remarquable à ce point de vue, c’est que latradition biblique fait mention d’une “coupe oraculaire”, celle de Joseph(Genèse, XLIV, 5), qui pourrait, sous ce rapport tout au moins, être regardée comme une des formes du Graal lui-même ; et, chose curieuse, il se trouve que c’est précisément un autre Joseph, Joseph d’Arimathie, qui est dit être devenu le possesseur ou le gardien du Graal et l’avoir apporté d’Orient en Bretagne » (Symboles de la science sacrée, ch. LIV, p. 275).
Joseph est le « fils de la gauche » par rapport à Ben Yamîn (le fils de la droite) et il est vendu au rabais (Cor. 3, 77, 16, 95). Selon Aicha’h, l’épouse du Prophète de l’Islam, « la nature de Muhammad c’est le Coran » ; et selon Ibn Arabî, « Sayyidunâ Muhammad est désigné comme étant la Perle Blanche (ad-Durat al-Baydâ’) qui descend sur l’Hyacinthe Rouge (al-Yâqût al-Hamra) » qui désigne Joseph* (cf.L’Islam et la fonction de René Guénon, p. 89 et 189) ainsi que la Tente du Paradis qui était la demeure d’Adam à la Mekke (cf. C-A Gilis : La Doctrine initiatique  du Pèlerinage, p. 72).
La fonction oraculaire de Joseph est désignée chez les hébreux par l’expression Tsaphnath-Phénéakh (interprète des choses cachées) ; le récit coranique est plus nuancé sur ce point car Yûsuf reçoit comme Muhammad « l’interprétation des adaptations » (tâwîl al-ahâdith) (Cor. 12, 10), mais, il ne s’agit pas d’une « puissance déléguée par le Pharaon » (Portal ; Les Symboles Égyptiens, p. 102) qui lui confère celle d’Amîn.
La coupe de Joseph est faite d’argent selon la tradition biblique, et d’or suivant la tradition arabe. Dans le Coran, Joseph la fait mettre dans le sac de Benjamin afin de le garder près de lui sous prétexte qu’il est un voleur, mais vraisemblablement, il ya là quelque chose qui ressemble à une forme d’« investiture » (Cor. XII, 75) ; et on sait que Joseph est le premier à « sédentariser » les Juifs à Gessen. Le terme arabe qui désigne le sac, rahi ,est de la même racine que les mots qui désignent les « nomades » (rahilûn) et Rachel (Râhil), c’est-à-dire la mère de Joseph et Benjamin qui, suivant Saint Augustin, représente la vie contemplative par rapport à Léa (Autorité et pouvoir temporel, note finale) ; or c’est Rachel qui, suivant les hébreux, aurait volé les teraphim de Laban, tandis que selon les arabes, c’est Joseph qui aurait commis le vol sur l’ordre de sa mère (cf. L’histoire de Joseph selon un manuscrit oriental de Faïka Croisier, p. 20 et 217).Laban a le même sens qu’ albus (blanc) dont le féminin en hébreu (lebanah) sert à désigner la lune ; en latin, luna peut signifier à la fois « blanche » et « lumineux » (Le Roi du Monde, p. 85, n. 4) et il est curieux de remarquer que la valeur numérique du terme arabe désignant la lumière (nûr) correspond au chapitre des Futâhât qui traite de l’Apparition lunaire (ch. 256).
À propos du symbolisme de la coupe, Michel Vâlsan note que « selon des commentateurs coraniques, la Sakinah, la Présence divine, qui se trouve dans le Tâbût ou l’Arche d’Alliance (Cor. II, 248 [en dehors de cette allusion aux hébreux, la Sakinah est mentionnée 5 fois dans le Coran]) aurait eu la forme d’un Vase en or provenant du Paradis et dans lequel était lavé le cœur des prophètes. On peut rattacher à cette donnée traditionnelle le fait raconté de l’enfance du Prophète [de l’Islam]. Un jour qu’il gardait les brebis deux hommes vêtus de blanc vinrent, le prirent, lui ouvrirent la poitrine, en retirèrent le cœur, l’ouvrirent, en retirèrent un grumeau noir ; après ils lui lavèrent et purifièrent le cœur dans un Vase en or rempli de neige, etc. … Autre fait analogue est la purification du cœur qui qui précéda l’Ascension nocturne : Les anges Gabriel et Michel lavèrent le cœur du Prophète avec de l’eau de Zemzem et le remplirent ensuite de Foi et de Sagesse qu’ils avaient apportés dans un Vase d’Or » (cité par C-A Gilis in Textes sur le jeûne (Alger, 1989) et Études Traditionnelles, 1962, p. 35-37). Ce qui nous parait important de signaler ici c’est le caractère « céleste » du symbolisme de la coupe.

* la Perle Blanche et la Hyacinthe Rouge correspondent respectivement à l’« Œuvre au blanc » et l’« Œuvre au rouge » (G.T., ch. XII, p. 86, n. 2 ; p. 89, n. 1 ; ch. XVIII, p. 128). L’Emeraude verte est en relation avec les préadamites (la pierre tombée du front de Lucifer et le personnage de Khidr) et la Hyacinthe Rouge est en relation avec le tajallî adh-dhâti (Futûhât, ch. II, section 3, trad. Vâlsan. ; Palacios, p. 245-251-594-206-207-329).

(12) L’Homme et son devenir selon le Vêdânta, ch. XII-XIII-XIV. Selon la tradition kabbalistique, l’Adam que le souffle de Dieu n’a pas encore atteint est appelé golem et Muhammad était qualifié de ghulâm alors que « l’inspiration divine n’était pas encore descendue sur lui » (C-A Gilis : La Doctrine initiatique du Pèlerinage, p. 91 – à 35 ans précise l’auteur, c’est-à-dire à l’âge où Dante entame son « voyage »). La notion de ghulâm correspond à la nature adamique et à celle hindoue de jâti qui désigne à la fois « naissance », « espèce » et « nature spécifique ». L’espèce est ce qui est du côté de « la forme ou de l’essence », tandis que les individus sont « du côté de la matière et de la substance » (Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, ch. I et VI). Elle caractérise le nom (nama) qui désigne l’essence individuelle – ce qui renvoie au symbolisme de l’Éther, de la qualité auditive (Introduction à l’étude des doctrines hindoues, ch. VI) et de la « science adamique » (Les sept Étendard du Califat, ch. IX), et elle est également en rapport avec la notion de lignage spirituel (Études sur l’Hindouisme, p. 187).
Dans le Coran, l’insufflation de l’esprit est désignée par la racine nafakha (Cor. XV, 29) qui exprime aussi l’action de souffler dans la trompette (Cor. XVIII, 99) dont le terme arabe çur évoque celui qui désigne la forme (Çûra). Une autre correspondance peut être établie avec la racine Çar dont la valeur numérique (90 + 200) est identique à celui du nom Maryam (40 + 200 = 40) la mère du ghulâm ‘Aîsa : « Et Nous insuflâmes (fa-nafakhnâ) dans son corps [ou en elle] de Notre esprit » Cor. XXI, 91 ; LXVI, 12) (cf. L’Arbre du Monde attribué à Ibn Arabî et traduit par M. Gloton, n.69, p. 159). la relation entre cette racine et le ghulâm est indiqué par le cri (Çarrat) poussée par l’épouse d’Abraham (Sarah) à l’annonce de la naissance d’un ghulâm (Isaac) (Cor. LI, 29) ; la racine Çar redoublée (Çarçar) désigne la violence des vents avec lesquels châtia le peuple de Ad (Cor. XI, 16 ; LIV, 19 ; LXIX, 6).
Dans L’Eschatologie musulmane dans la Divine Comédie, Asin Palacios reproduit des extraits des trois traités d’Ibn Arabî où il est question de la trompette qui se présente comme une corne (d’abondance) dont la partie étroite est située aux enfers et la partie large aux Paradis (p. 604-605) ce qui renvoie au symbolisme du souffle à travers les états supra-humain. Ailleurs il précise qu’il n’y a pas de droite en Enfer et pas de gauche au Paradis (p. 158) ce qui indique que les circumambulations sont « solaires » au paradis et « polaires » en Enfer et permet d’expliquer un certain aspect sinistre de la gauche ; mais ce qui mérite d’être souligné ici, c’est que le passage d’une circumambulation à une autre reproduit le tracé de la « double spirale » car cela s’applique également aux états supra-humain (cf. La Grand Triade, ch.V). Quoiqu’il en soit, les Paradis se réduisent au nombre septénaire et le « symbolisme de la Croix » est plus adéquate pour les mettre en relation avec les maqamat, les catégories initiatiques, et tous les symbolismes employés par Ibn Arabî pour parler des multiples aspects du « voyage céleste » qui devrait pouvoir être transposé par la « marche initiatique » dans l’existence corporelle.
(13) Michel chodkiewicz, Le Sceau des Saints, p. 201.
(14) Le Roi du Monde, p. 84. En arabe, l’Orient (Mashreq) dérive d’une racine qui désigne aussi l’illumination (Ishrâq). En outre la relation entre le nom divin Al-Fatîr (la lumière séparatrice) et Fâtima az-Zohra (Marie en Islam, p.47) dont le nom évoque celui de Vénus (az-zahra) s’explique par le fait que la fille du Prophète est enterrée à l’Est (Est, Venus, Balance) dans la Rawda de Médine. Ailleurs Guénon écrit : « Aditi est aussi, en un certain sens, la “nature primordiale”, appelée en arabe El-Fitrah ». Aditi est aussi la « mère des Devas » et plus particulièrement des 12 Adityas ; « Aditi n’est d’ailleurs pas sans rapport, à certains égards, avec l’“essence végétative”, par là même qu’elle est considérée comme “déesse de la terre” » (Symbole de la Science sacrée, ch. LIII, p. 315). En outre Béatrice présente certaines similitudes avec Fâtima.
Par ailleurs, les révélations de l’apôtre Paul sur Melchissedec semblent pouvoir être misent en en relation avec le fait qu’il fut ravi au troisième Ciel. Dans un autre ordre d’idée, c’est aussi de ce « troisième Ciel » que Muhammad a la vision de l’Enfer d’après certaines traditions arabes.






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