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samedi 22 novembre 2014

À PROPOS DU CHEMINEMENT DANS LES VOIES ISLAMIQUES EN OCCIDENT MODERNE






À PROPOS DU CHEMINEMENT
 DANS LES VOIES SPIRITUELLES ISLAMIQUES
EN OCCIDENT MODERNE




Les deux textes ci-dessous, extraits d’une correspondance privée (que par discrétion nous garderons anonyme), répondent à un conseil demandé de la part d’un musulman d’origine européenne entré depuis peu dans la branche d’une tariqah moyen-orientale implantée en France. Ce dernier accumula suffisamment de déceptions pour s’interroger sur ses intentions et la légitimité de ses doutes. Les aspects particuliers touchant le pouvoir intérressé de certaines personnes ont été écartés afin de ne garder que les points essentiels sous jacents à la question. Les remises en cause du questionnant ne touchaient en aucune façon la régularité, la légitimité et la probité du shaykh muschîd de la branche de cette tariqah.


« J’ai malheureusement de bonnes raisons de penser que vos inquiétudes sont tout à fait fondées. Le choix que vous avez fait de vous tenir à l’écart me parait donc fort sage.
La régularité de la silsila d’un shaykh satisfait à une condition en quelque sorte “juridique” de l’exercice de la mashyikha. Elle n’est en aucune façon une condition suffisante. D’innombrable shuyûkh d’une régularité indiscutable – et dont les intentions peuvent être bonnes – ne sont pas néanmoins qualifiées pour exercer une fonction magistrale effective. Il est exceptionnel qu’un shaykh (fût-il parfaitement apte à ce rôle) ait une aire de compétence très étendue et à fortiori universelle. Bien des dégâts risquent de se produire lorsqu’il outrepasse les limites assignées à sa fonction et cela même si, là encore, ses intentions sont louables. J’ai pu constater, en Europe et en Amérique, les graves conséquences des interventions de shuyûkh dont le mandat n’était valide que dans leur territoire d’origine ou – car le mandat n’est pas nécessairement territorial – dans une communauté déterminée. Sorti de son domaine de compétence spirituelle, un shaykh commet fréquemment de graves erreurs, aussi bien dans le domaine de l’enseignement qu’il dispense, des pratiques qu’il institue que dans la désignation de ses représentants.
A ce sujet, une remarque ; nul ne peut se dire le représentant de la tariqa naqshbandiyya (ou d’une autre) mais, tout au plus, le représentant d’une des multiples branches de cette tariqa.
Cela dit, reste que  selon une parole du shaykh al-akbar   « C’est par Dieu qu’on connait les maîtres et non par les maîtres qu’on connait Dieu » : ce qui signifie qu’une ardente orientation du cœur vers Allâh n’est jamais déçue. »


***


« Dans votre situation présente, il est évident que tout ce que vous pouvez faire pour étendre et approfondir votre formation doctrinale est une bonne chose – étant entendu que je parle ici d’une formation doctrinale proprement et exclusivement islamique dans ses références et dans son langage. Cela implique donc, outre l’indispensable acquisition de la langue arabe, une familiarité avec les divers aspects de la culture islamique dont l’enseignement des maîtres spirituels n’est pas séparable (tafsîr, hadîth, kalâm, fiqh). Il ne s’agit pas, bien entendu, de devenir un spécialiste en toutes les matières mais de compenser autant que possible, par un effort intellectuel, l’absence de tout ce qui, dans les sociétés musulmanes traditionnelles transmettait – par osmose en quelque sorte – les savoirs nécessaires au murîd.
Il va de soi que, puisque vous êtes naqshbandî, une attention particulière à l’enseignement des shuyûkh de la Naqshbandiyya s’impose à vous. Je pense, à titre d’exemple, aux commentaires généralement très brefs mais très pénétrants de versets coraniques ou de hadith-s qu’on trouve dans les propos du shaykh ’Ubaydallâh Ahrar.
L’histoire de la Naqshbandiyya témoigne d’autre part du rôle important qu’y jouent les interventions de la ruhâniyya des maîtres défunts. Encore faut-il se rendre disponible, notamment par le pratique de la râbita*, laquelle peut, légitimement et efficacement, avoir pour objet n’importe lequel des maîtres de la silsila – et, par exemple, établir un lien entre le murîd et le cœur lumineux du shaykh Bahâ al-dîn Naqshband ».


*La râbita est une pratique propre à la Naqshbandiyyah nécessitant le rattachement effectif avec la shaykh murshîd ou l’un de ses représentants mandatés.



Après s’être mis à l’écart des réunions et des hadrah durant un certain temps, le questionnant prit le rattachement avec le shaykh représentant la branche d’une autre tariqah ; les modalités de cette nouvelle voie correspondant mieux à ses déterminations propres.
Certains pensent qu’une distinction s’impose entre le cheminement des musulmans d’origine, issus d’un pays aux normes encore traditionnelles, et celui des occidentaux venu à la spiritualité islamique par l’étude de l’œuvre guénonienne. Sans doute qu’à l’époque du shaykh Mustafâ Vâlsan, cette distinction s’imposait naturellement par la force des choses. Il en va différemment aujourd’hui pour les raisons expliquées dans le  "message" précèdent (du 16 oct. 2014) ; « Une extension de la tariqah Shadhiliyyah, par l'une de ses branches, dans les pays occupés par les Etats modernes »Il est possible d’affirmer avec certitude que les difficultés, lorsqu’elles se présentent, peuvent être résolues avec une orientation désintéressée et sans faille. Il y a certes des obstacles à surmonter lorsque l’on s’engage dans une tariqah avec pour seul bagage une connaissance seulement théorique, mais, comprendre le sens profond de ce que l’on pratique, en terme d’efficacité, est une arme qui peut avoir raison de tout.








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