LA MALÉDICTION
DES
« TROIS R »
« Il serait nécessaire de marquer nettement
l’étroite solidarité qui existe entre ces trois idoles de l’esprit moderne :
Renaissance, Réforme, Révolution, et de montrer qu’il y a entre elles un
enchaînement logique, une continuité qui ne permet pas de les séparer si on
veut en comprendre la signification profonde, car elles ne sont que les
manifestations successives d’un même esprit de négation (qu’on peut justement
qualifier de « satanique », car « satanisme » signifie proprement négation,
inversion, destruction). Les trois termes de cette trilogie (appelons-les
abréviativement « les trois R » pour en synthétiser la corrélation d’une façon
plus saisissante) forment un tout, un bloc qu’il faut accepter ou rejeter
intégralement ; et, si on a reconnu la nécessité de combattre ce dont ils sont
l’expression historique, il ne faut pas s’arrêter à mi-chemin, mais il faut
remonter jusqu’à l’extrémité de cette chaîne, où l’on a plus de chances qu’en
aucun autre point de trouver la marque caractéristique des influences plus ou
moins obscures qui ont présidé à la soi-disant « évolution » du monde
occidental moderne. »
(R. Guénon,
« Notes inédites ».)
Exemple de psychopathologie collective engendrée
par l’esprit des « trois R » :
« Les dernier secrets du goulag » ;
(entretien avec Anne Applebaum)
A. A. : « les premiers camps apparaissent en Russie quelques mois après la révolution. Dés l’été 18, Lénine et Trotsky décidèrent de faire interner des « ennemis de classe » dans des « camps de concentration ». En fait ils emploient le terme allemand de konzentrationslager, ou kontslager, qui vient, semble-t-il, de la terminologie employée au début du XXe siècle en Afrique du Sud. La Tcheka (police politique) est chargée d’y enfermer « des représentants importants de la bourgeoisie, des industriels, des marchands, des prêtres contre-révolutionnaires et des officiers anti soviétiques ». Fin 19, on compte déjà 21 camps, un peu plus tard 107. Mais il ne s’agit là que de balbutiements de ce qui sera, finalement, le vrai goulag. Les premiers goulags ne sont que des instruments de répressions politiques. Staline, lui, va assigner à ces kontslager un autre objectif ; transformer ces camps en d’inépuisables réservoirs de main-d’œuvre forcée.
L’idée lui est venue par un personnage étrange, appelé Nephtali Frenkel, originaire de Haïfa en Palestine. Il est arrêté en 23 pour marché noir puis envoyé au célèbre camp des îles Slovenski, dans la mer blanche. Et figurez-vous qu’il en devient très vite...le commandant. Car il réussit à faire croire à Moscou qu’il est capable de gérer un kontslager comme une entreprise, qu’il peut le transformer en une affaire dynamique et rentable. Comment ? En imposant aux détenus une règle atroce : vous manger en fonction de ce que vous travaillez. Il calcule les rations de nourriture, du pain essentiellement au prorata de la besogne accomplie. Autrement dit, il remplace le knout (fouet que l’on utilisait sous le régime impérial pour flageller les criminels) par la faim. Staline est fasciné par cette méthode qu’il juge infaillible. Du coup, il va placer l’esclavage au cœur de sa politique économique. (...) »
(Nouvel Observateur, n° 2244.)
On pourrait objecter que l’orientation politique de Mme Applebaum discrédite sa « critique des faits » retenue contre le régime soviétique. De notre point de vue, c’est au contraire une position plutôt avantageuse pour en valider la pertinence car pour bien voir les travers d’une politique de droite rien n’est plus fiable que d’avoir recours aux critiques des politiques de gauche. D'ailleurs, en opérant une synthèse des critiques réciproques de ces deux idéologies, on obtient de facto un rapport des plus précis sur l’état de « non-civilisation » du monde moderne (et « post-moderne », il n'y a pas de différence entre les deux), et in fine, sur son absence d’avenir. Toujours de ce point de vue, sous le rapport de la monstruosité psychologique, il serait bien difficile de ne pas admettre une équivalence de la mentalité protestante américaine avec celle de l’esprit marxiste des soviétiques. En outre, l’action combinée et alternative de ces deux forces opposées et irréductibles ne peut, à l’instar du régime socialiste, que renforcer le statut hégémonique du capitalisme mondialisé et il est même possible de conclure que c’est là précisément que réside la fonction de tout ce qui est susceptible de s’y opposer. Notons enfin que le nationalisme et le socialisme sont des héritages directs de la Révolution française. A ce titre, toutes les idéologies composant avec quelque nationalisme que ce soit sont intrinsèquement marqué du sceau des « trois R ».
* * *
LA PREMIÈRE « DORIPHORIE » DU XXIe SIÈCLE
- L’année
2022 –
(Ce texte a déjà été mis en ligne le 27 safar 1439 / 15 novembre 2017 : Doriphorie 22)
Dans l’une de ses trois plaquettes* consacrée à la science astrologique, Michel de Socoa (Luc Benoist) avait défini les cycles cosmiques en relation avec les cycles planétaires et les grandes conjonctions dont il avait relevé les différentes positions de la période allant du début de l’ère chrétienne à l’An 2000. Il avait en outre érigé le thème de douze doriphories qu’il définissait comme « des conjonctions de conjonctions particulièrement importantes et traditionnellement d’effets redoutables » et notait à ce sujet que « les années 55, 1351, 1989 sont tout à la fois des années cycliques et des années de doriphories ». Il présentait un tableau des 29 doriphories qui ont jalonnées l’histoire de cette période en précisant que « plus le siècle s’agite relativement au nombre de doriphories qu’il comporte, plus il se caractérise par des transformations et des révolutions ». Les deux dernières grandes doriphories du XXè siècle étaient relevées par De Socoa, respectivement pour Berlin, le 23 avril 1941 à midi (correspondant à la seconde guerre mondiale), et pour Moscou, le 26 décembre 1989, dont il n’eut pas le temps de constater les « effets** ». Depuis, bien qu’aucune conjonction vraiment marquante ne se soit produite, les choses se sont considérablement dégradées et la constance du désordre pourrait bien subir encore d’irréversibles modifications à l’occasion de la prochaine grande conjonction qui aura lieu au mois de février 2022 autour du Signe du Verseau. Dans le thème de cette conjonction reproduit ici, nous pouvons distinguer l’écart qui augmente entre les trois planètes trans-saturniennes ; désormais la conjonction d’au moins deux d’entre elles plus ou moins équivalente à la dernière doriphorie du XXè siècle ne se renouvellera pas avant longtemps (leurs révolutions étant, pour Uranus, de 83 ans ; Neptune, 165 ans et Pluton, 248 ans).
Malgré qu’il n’y ait pas lieu en
Astrologie traditionnelle de tenir compte des planètes découvertes par les
moyens de la technologie moderne, Luc Benoist, dans sa correspondance avec
Guénon, lui faisait remarquer qu’elles sont susceptibles de correspondre avec
certains aspects du monde moderne, notamment du point de vue de l’astrologie
mondiale, ce que Guénon n’a pas démenti (la remarque de Luc Benoist ne concernait
que les considérations des trans-saturniennes en astrologie mondiale).
Thème monté pour Washington le 28 février 2022 à midi :
De Socoa signalait encore que les doriphories qu’il avait retenus « se distribuent sur tous les signes excepté le Verseau et les Poissons ». Ors, c’est précisément autour du premier de ces deux Signes que se regroupent ici toutes les planètes du septénaire traditionnel, depuis le 25ème degré du Capricorne avec la conjonction Vénus-Mars, jusqu’au 13ème degré des Poissons. Cette conjonction inclue la trans-saturnienne Pluton mais elle s’élargit jusqu’au 25ème degré des Poissons si l’on tient compte de Neptune. Quant à la position d’Uranus, à 16° du Taureau, bien que ne s’associant pas à cette grande conjonction, elle reste malgré tout menaçante par le carré qu’elle envoie au Milieu du Ciel conjoint à la Lune, à Mercure et à Saturne. L’Ascendant de ce thème tombe dans le Signe des Gémeaux qui correspond, en astrologie mondiale, aux Etats-Unis. Pour ce qui est des significations du verseau, il convient naturellement de retenir ici qu’elles sont liées aux innovations d’ordre technique que « les progressistes » qualifient de révolutionnaires ; Uranus est donné par les modernes comme le second maître de ce Signe traditionnellement sous la domination de Saturne. Pour ceux qui ne pourront se procurer cette plaquette, voici un résumé du chapitre VI concernant les différentes significations par Signe des doriphories dont De Socoa a relevé les positions :
« Les doriphories qui
intéressent le Cancer correspondent à des évènements particulièrement
essentiels dans le domaine traditionnel, à la fois quant aux biens terrestres
et quant aux idées fondamentales du groupe humain. Celles du Lion intéressent
le pouvoir ; celles de la Vierge sont importantes quant aux liens d’unité
intellectuelle comme d’ailleurs celles des Poissons. Celles de la Balance
possèdent un caractère de bénéficité et de paix qui correspondent à des époques
de stabilisation et d’expansion. Avec le Scorpion, nous revenons aux temps durs
de transformation brutale et de corruption dans tous les domaines, tandis que
celles du Bélier influencent le despotisme exercé par le fer et par le feu.
Celles qui touchent le Taureau visent le
domaine très matériel des biens de ce monde et leur distribution nouvelle.
Enfin les doriphories du Capricorne sont parmi les plus
déterminantes. Ce sont d’ailleurs deux de celles-ci qui terminent le second
millénaire de l’ère chrétienne, et qui semblent présider à une reconstitution
totale de la figure du monde ».
* Les grandes conjonctions ;
Éditions traditionnelles, Paris 1981.
** On parle souvent d’ « effets », mais il serait plus juste de parler de « correspondances
analogiques » entre le « macrocosme » et le « milieu
terrestre » et non d’« effets » à proprement parler.
* * *
Abyssus abyssum invocat
Il est naturel que les planètes de notre système solaire se retrouvent régulièrement rassemblées dans un secteur plus ou moins restreint du zodiaque. D’un point de vue astrologique, ces « conjonctions de conjonctions » annoncent une plus grande intensité durant la période comprise entre le début de l’accroissement de la doriphorie jusqu’au terme de sa décroissance. Il faut bien comprendre que, si une tempête ne peut menacer l’équipage expérimenté d’un bon navire, de même, les turbulences occasionnées par ces conjonctions ne peuvent atteindre l’équilibre d’une civilisation traditionnelle. Il en va autrement dans des temps de crise tel que celle que nous connaissons actuellement qui concerne tous les Etats modernes de la « Démocratie » où domine l’esprit de négation spirituelle. Que dire d’un vieux navire pris au cœur d’une tornade dont on aurait cru bon de scier les mats et d’enrouler les voiles dans la cale ? L’état général de nos sociétés mondialisées ressemble à cette situation critique. On peut être certain que l’anarchie à l’origine des « trois R » évoqués ci-dessus sera la cause des vicissitudes qui vont correspondre au temps cyclique de cette prochaine doriphorie qui, en elle-même, n’est rien de plus ni moins qu’une modalité astronomique rythmant périodiquement notre condition temporelle.
MR