GEOMANCIE III
‘ILM
AL-RAML
TASKÎN DE ZENÂTÎ ET ISLÂM
(suite et fin)
DESTIN
ET PROVIDENCE
F4 | + | F10 | = | F14 | ||
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F4 – al-îhyân, les origines, les parents, le patrimoine, produisant l’homme créé « dans la meilleure des formes », en s’accordant à la Loi divine F10 – al-shari’ah, permet la réalisation de « La conscience de ce qui est présent et inaccompli » signifié par F14 – Naqî al-khad.
LE
« RETOURNEMENT »
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F1 | + | F14 | = | F11 | ||
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Le couple complémentaire et inverse, F1 – al-jûdalah / F14 – naqî al-khad, le Témoin gauche, « la conscience de ce qui est », se résout en F 11 – al-Ijtimâh’, la récompense (‘aqibah), l’agrément d’Allâh, le Salut, et à son plus haut degré, la wilayah (1).
–
En accédant à F14 – naqî al-khad, l’initié peut aussi accéder au « Retournement »
par « la Conscience de ce qui est présent et inaccompli » et intégrer
les « proportions » acquises par la réalisation complète de l’être
(« agréée par Son Seigneur »).
LES COUPLES DE FIGURES DETERMINÉS PAR F10 – AL-
SHARI‘A
F10
– al-‘uqlah, le Décret, le lien – al-sharî‘ah, est garante de l’Équilibre
et de la Justice – F7 pour le serviteur d’Allâh – F1 ;
elle est la Loi régnant au-delà de l’Impermanence, notamment, de l’acquisition et
de la perte des biens, F2 – F8. Elle permet
aux œuvres, F5
– al-tariq,
d’être agréées par la rahmah-li-Llâh –
F11 et est nécessaire pour rendre effective
la réalisation initiatique – F12 par la
soumission et la pauvreté spirituelle – F6.
L’Equilibre,
la Justice
F1 | + | F7 | = | F10 | ||
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Al-jûdalah – F1, et al-humrah – F7, exprime la complémentarité de l’homme avec son milieu (association, contrat, mariage, et le rétablissement traditionnel de la Justice par la guerre) obtenu par la soumission à la loi divine.
F10 – la shari’ah garantit, pour Al-jûdalah – F1, l’Equilibre dans sa relation au monde – F 7 : le mariage, les associations, les contrats, le jihad et ses (cinq) conditions nécessaires pour le rétablissement de la justice divine.
–
Le sens de cette addition est conforme à l’opposition de la Maison I et de la
Maison VII, analogue aux significations symboliques opposées et complémentaires
de l’axe Bélier – Balance : l’Élan, la vitalité et l’audace, face à l’Équilibre, la temporisation et la
pondération. L’harmonie de ces deux Figures est actualisée par la shari‘ah.
L’Impermanence
F2 | + | F8 | = | F10 | ||
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Al-’îhyân – F2, les biens, les gains, le corps et al-ânqîs – F8, la perte l’impermanence, la Naissance et la Mort, les transformations. Ces deux figures occupent les Maisons II et VIII correspondant analogiquement à l’axe Taureau – Scorpion, c’est-à-dire, la Construction et la Destruction.
–
F2, qui représente
le corps acquis par l’être à sa naissance dans l’état humain et les biens
matériels qu’il sera en mesure d’acquérir durant toute son existence, a pour
corollaire F8, la
mort physique et la perte des biens ; additionnées, ces deux figures
opposées et inverses se résolvent en F10, la
Providence de la shari’ah, la Loi
divine, permettant la résolution de l’impermanence par la voie d’accès (shari’ah) à la Réalité métaphysique (al-haqq).
« La Puissance », al-‘azîz,
apparait avec la complémentarité de son opposé, al-qahr, « La
Défaite » qui s’achève dans la mort, de même que la « Puissance
suprême » qui est al-baqâ, implique que tout autre que Lui
soit vaincu par le processus des transformations, c'est-à-dire, le passage (la
mort) d’une forme à une autre : « Nous vivifions par Lui
la terre alors qu’elle était morte » (Fatir, 9) (2).
Les Œuvres et leur agrément déterminés par la shari‘ah
– F
10
F5 | + | F11 | = | F10 | ||
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F10 – La shari’ah, garantit les œuvres, les productions humaines – F 5, produites dans l’agrément d’Allâh – F 11.
F6 | + | F12 | = | F10 | ||
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Qabd al-khârij – F6 et nasr dâkhalah – F12.
F10 – la shari’ah, garantit la complémentarité de F6 – al-‘ubudiyyah,
la dépendance ontologique, avec F12 – l’ésotérisme
(taçawwuf).
La
connaissance ésotérique – F 12 implique la
soumission totale (islâm) de l’être
rendu possible par la shari‘ah – F 10
* * *
Ces aperçus démontrent suffisamment la rigueur
symbolique de cette science traditionnelle une fois extraite de son application
divinatoire. On peut alors se représenter le taskîn
de Zenâtî situé au centre d’une
circonférence d’où il organise toutes les possibilités significatives des
Figures dans les quatre tableaux carrés se répartissant sur le pourtour du cercle. La
totalité de ces possibilités périphériques comprend tous les résultats des tirages obtenus au
moyen du « tracé dans le sable », toutes les autres dispositions auxquelles
ce dernier ne donne pas l’accès et les répartitions des Figures dans les autres tasakîn retenus par l’usage des géomanciens.
NOTES
(1) Le couple de ces deux figures, comme les cinq autres couples de figure qui prennent domicile dans les douze Maisons astrologiques, s’accordent avec les significations spécifiques aux couples des Maisons opposées, celles-ci étant analogues aux significations symboliques des six directions de l’espace déterminant les douze Signes. Sur le « RETOURNEMENT », voir NOTES ADDITIVES.
(3) Façç de la Demeure 21 – Zakariyyâ’, Troisième quartier lunaire (IV APERÇUS SUR LES FUÇÛS AL-HIKAM de Mohyî-al-Dîn Ibn al-‘Arabî - mis en ligne ci-dessous, le jeudi 21 juillet 2016).
NOTES
ADDITIVES
Sur
le « Retournement » :
La « transmutation » implique donc, à un degré ou à un
autre, une sorte de renversement des rapports ordinaires (nous voulons dire
tels qu’ils sont envisagés au point de vue de l’homme ordinaire), renversement
qui est d’ailleurs plutôt, en réalité, un rétablissement des rapports
normaux ; nous nous bornerons à signaler ici que la considération d’un tel
« retournement » est particulièrement importante au point de vue de
la réalisation initiatique, sans pouvoir y insister davantage, car il faudrait
pour cela des développements qui ne sauraient rentrer dans le cadre de la
présente étude (12).
(Note 12) : Au degré le plus élevé, ce
« retournement » est en étroit rapport avec ce que le symbolisme
kabbalistique désigne comme le « déplacement des lumières », et aussi
avec cette parole que la tradition islamique met dans la bouche des أولياء :
« Nos corps sont nos esprits, et nos esprits sont nos corps » (أجسامنا
أرواحنا وأرواحنا أجسامنا). — D’autre part, en vertu de ce même
« retournement », on peut dire que, dans l’ordre spirituel, c’est
l’« intérieur » qui enveloppe l’« extérieur », ce qui
achève de justifier ce que nous avons dit précédemment au sujet des rapports du
Ciel et de la Terre.
(Guénon, GT, ch. VI,
« Solve et coagula ».)
« En effet, la circonférence ne saurait exister sans le
centre, dont elle procède en réalité tout entière, et, si les êtres qui sont
liés à la circonférence ne voient point le centre ni même les rayons, chacun
d’eux ne s’en trouve pas moins inévitablement à l’extrémité d’un rayon dont
l’autre extrémité est le centre même. Seulement, c’est ici que l’écorce
s’interpose et cache tout ce qui se trouve à l’intérieur, tandis que celui qui
l’aura percée, prenant par là même conscience du rayon correspondant à sa propre
position sur la circonférence, sera affranchi de la rotation indéfinie de
celle-ci et n’aura qu’à suivre ce rayon pour aller vers le centre ; ce
rayon est la tarîqah par laquelle,
parti de la shariyah, il parviendra à
la haqîqah. Il faut d’ailleurs préciser
que, dès que l’enveloppe a été pénétrée, on se trouve dans le domaine de
l’ésotérisme, cette pénétration étant, dans la situation de l’être par rapport
à l’enveloppe elle-même, une sorte de retournement en quoi consiste le passage
de l’extérieur à l’intérieur ; c’est même plus proprement, en un sens, à
la tarîqah que convient cette
désignation d’ésotérisme, car, à vrai dire, la haqîqah est au delà de la distinction de l’exotérisme et de
l’ésotérisme, qui implique comparaison et corrélation : le centre apparaît
bien comme le point le plus intérieur de tous, mais, dès qu’on y est parvenu,
il ne peut plus être question d’extérieur ni d’intérieur, toute distinction
contingente disparaissant alors en se résolvant dans l’unité
principielle. »
(Tradition islamique,
ch. II « L’écorce et le noyau - el-qishr
wa el-lobb - », éd. Kalki.)