LES
TRAITÉS DE WESTPHALIE
Traité de Westphalie
Conclus
en 1648 entre l’Empereur d’Allemagne, la France et la Suède, pour mettre fin à la guerre de Trente ans.
La France y
fut représentée par Longueville, d’Avaux et Servien. Les réunions se tinrent
soit à Osnabrück, soit à Münster, et durèrent près de huit ans. Ces traités
donnèrent aux princes allemands du Nord, dont les territoires étaient agrandis
(particulièrement ceux de l’électeur de Brandebourg), la liberté de religion,
le droit d’allégeance avec l’étranger, et marquèrent l’échec de l’Autriche dans
sa tentative d’unification de l’Allemagne. La France y gagna l’Alsace et la confirmation de la
cession des Trois-Évêchés.
L'élaboration d'un nouvel ordre international
La
volonté d'instaurer des règles politiques pour limiter la guerre se renforce et
le « droit individuel » s’instaure. Dès le XVIe siècle, des
précurseurs formulent des règles à partir du droit naturel pour limiter les
excès des guerres et des conquêtes. Des théoriciens utopistes conçoivent des
plans de paix perpétuelle qui prétendent imposer à une société (dite brutale et
désorganisée) un modèle idéal, dans lequel seraient assurés à la fois la paix
et le bonheur des hommes.
En
1623, le Hollandais Hugo Grotius publie le
De Jure Belli et Pacis, dans lequel il propose de constituer une « société
mutuelle » entre les nations, autrement dit une organisation internationale.
Son ouvrage, qui obtint un succès immédiat, peut être considéré comme un code
de droit international public.
L'Europe
devient un ensemble d'Etats. L'unification de l’Allemagne lui donnera des
frontières précises et reconnues par les autres, et sur lesquels le prince ou
le monarque exerce sa pleine et entière souveraineté. Parmi les
caractéristiques de ces Etats modernes, citons la constitution d'armées
permanentes (pour remédier aux insuffisances et des méfaits du système de
mercenariat), ou l'expression par les élites du fait national. La langue enfin
apparaît comme un facteur d'unité.
Le
concept d'équilibre des forces se substitue progressivement à l’idée d'une
monarchie universelle.
La
conférence réunie en Westphalie à la fin de l'été 1648 possède un caractère
sans précèdent qui prépara tous les éléments favorables à la réorganisation de
l'Europe qui perdureront jusqu'à la Révolution française, 150 ans plus tard.
Ce
fut en effet la première fois que se retrouvèrent autour d'une table de
négociation les grands États afin de solidifier les relations et les contours
relatifs à leurs territoires dans le respect de la souveraineté de chacun.
Les
traités de Westphalie, au nombre de deux, ont été habilement négociés par le
chancelier suédois Axel Oxenstierna, qui a poursuivi l'œuvre engagée par le roi
Gustave Adolphe, et le cardinal Mazarin, représentant les intérêts
français. Le premier est conclu à Osnabrück le 6 août 1648 entre l'Empereur
d'Allemagne, la Suède
et les puissances occidentales, le second à Münster le 8 septembre 1648 entre
l'empereur et la France.
Ils représentent une rupture avec l’esprit traditionnel du
Moyen Âge qui sera irréversible, et marquèrent en outre une distance qui ira
grandissante avec la
Chrétienté. Sur le plan politique, ils consacrent
l'affaiblissement de l'Empereur allemand, titulaire du Saint Empire romain germanique. La Suisse et les
Provinces-Unies (Pays-Bas actuels) se voient reconnaître une pleine
indépendance, en-dehors de l'Empire. Ils consacrent également la division
religieuse de l'Allemagne instituée un siècle plus tôt par la diète d'Augsbourg. Les princes peuvent
imposer leur confession à leurs sujets : catholique, luthérienne ou calviniste,
selon le nouveau mot d’ordre: «cujus regio, ejus religio» (tel
souverain, telle religion). Le Pape Innocent X s'empresse de condamner ce
principe mais, signe des temps, aucun gouvernant ne se soucie de son avis.
La France est confirmée dans la possession des Trois-Évêchés de
Metz, Toul et Verdun, ainsi que de la plus grande partie de l'Alsace, à
l'exception notable de Strasbourg que Louis XIV va annexer quelques années plus
tard.
La Suède obtient dans les limites du Saint Empire romain
germanique la Poméranie
occidentale, les Évêchés de Wismar et Verden, l'Évêché de Brême (sans la ville,
qui demeure indépendante).
***
Au-delà des faits retenus généralement par
les historiens, Guénon rappelle qu’une première rupture des liens traditionnels
qui unissaient l’Orient et l’Occident se manifesta avec le destruction de
l’Ordre du Temple par Philippe le Bel ; « d’autres événements historiques » survenus
au cours du XVIIe siècle dans « l’histoire extérieure de l’Europe »
sont arrivés ensuite « mettre fin à ce qui subsistait encore de la
“Chrétienté” médiévale pour y substituer une organisation purement “politique”
au sens moderne et profane de ce mot ». C’est précisément le rôle que joua
« la conclusion des traités de Westphalie » (Voir R. G. ; les Aperçus sur l’Initiation, §
XXXVIII).
Ces traités représentent surtout l’acte de
naissance du nationalisme et le renversement de la hiérarchie entre Autorité
spirituelle et Pourvoir temporel ; chaque monarque étant désormais maître
chez lui, y compris en matière religieuse. A partir de là, les conditions les
plus générales étant posées, le monde moderne prendra son essor pour finalement
sombrer 4oo ans plus tard dans le désastre que l’on connait aujourd’hui.