LES POITRINES DES HOMMES LIBRES SONT LES TOMBEAUX DES SECRETS صدور الأحرار قبور الأسرار

mercredi 23 mars 2016

14 jumâdâ al-thânî 1437 - 23 mars 2016








RENÉ GUÉNON, L’appel de la sagesse primordiale (sous la direction de Philippe Faure) ; Éditions du Cerf, 2015.


Dès les premières pages de l’introduction, le niveau « intellectuel » de cet épais volume de 535 pages est annoncé : « (…) l’engagement personnel de Guénon dans la voie du soufisme a donné lieu à de multiples interprétation, parfois tendancieuses et partisanes, fondées sur un amalgame hâtif entre rattachement au soufisme et conversion à l’islam. Or, Guénon avait déclaré son hostilité à la notion même de conversion et proclamé son rattachement aux organisations initiatiques islamiques, préférant parler d’“installation” dans une tradition pour des raisons d’ordre initiatique. Une telle démarche, novatrice, ne pouvait recevoir l’approbation des docteurs de l’islam ni de la majorité des soufis, pas plus qu’un* supra confessionnalisme mystique nourri de l’œuvre d’Ibn Arabî ». A quoi bon formuler encore des arguments pour démontrer l’idiotie de cette dernière phrase se référant sans vergogne à l’inénarrable J. P. Laurant. N’ayant pas de temps à perdre, nous préférons nous en tenir là, d’autant que les contributeurs de cet « appel à la sagesse » ont amplement démontré leurs limites par le passée et prouvé d’une certaine façon qu’ils n’y ont, pour la plupart, jamais répondu, et, il n’y aucune raison logique de découvrir aujourd’hui chez les Borella, Vivenza et consorts, quelques révélations qu’ils n’auraient pas déjà eu l’opportunité de nous communiquer. Mais ici, l’organisateur de cette compilation baroque a fait encore plus fort que ses prédécesseurs en insérant les propos diffamatoires d’un certain Fenton qui donnent l’impression que son auteur souffre de sérieuses difficultés de compréhension dans ses lectures. Enfin, et c’est la note la plus triste de cette imposture à 34 euros : y voir figurer le nom de Seyyed Hossein Nasr.

* [il faut sans doute lire : « …pas plus que d’un supra confessionnalisme… »]


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Autrefois, les Editions Gallimard avaient eu la bonne idée de faire appel à Luc Benoist, par l’intermédiaire de Jean Paulhan, pour créer la Collection « Tradition » et y faire paraître, peu de temps après la seconde guerre mondiale, les deux derniers ouvrages de Guénon et, à leur suite, quelques autres études qui marquèrent les guénoniens. Parmi ces œuvres, les deux livres de Guénon, Le Roi du Monde et d’autres titres aujourd’hui épuisés, sont en cours – ou en projet – de rééditions (chez Gallimard qui abandonne les bonnes idées) sous la direction de quelques notables spécialistes-incompétents* figurant tous dans l’ouvrage collectif susnommé.




Luc Benoist, qui rédigea sous le pseudonyme de Michel de Socoa trois plaquettes sur l’Astrologie** aux éditions traditionnelles, est également l’auteur d’un livre intéressant dont voici un extrait*** qui nous permet de mesurer la distance qui sépare cette personnalité des individus qui prétendent aujourd’hui contrôler l’édition de tous les ouvrages de René Guénon :

 « Rien de plus banal que cette impuissance scientifique à remonter aux sources. Le problème des sciences déborde à chaque instant leur domaine et leur méthode. Plus ou moins tard, l’esprit de l’homme est amené devant le gouffre métaphysique, qui l’invite au bond surnaturel. La démarche scientifique consiste à retarder le moment fatal, non pas par l’allongement d’un chemin inchangeable, mais par la lenteur des étapes, par l’accumulation d’obstacles, qu’elle-même se crée et où les savants finissent par se perdre ; car si la raison peut contrôler, elle est in capable d’entrainer ou d’agir. »


* Nous n’en dirons pas plus. Les lecteurs désireux d’obtenir des informations concernant la main mise de quelques universitaires en mal de notoriété sur l’œuvre de Guénon à se reporter au message : « Les droits d’auteur ? Et les droits de Guénon sur sa propre œuvre ? », posté le 13/12 /2015 sur le blog « Œuvre de René Guénon ». Il y a là une critique concordante aux exploits littéraires des ces gens dont les agissements seront certainement relatés un jour ou l’autre.

** L’une de ces plaquettes, intitulée Les grandes conjonctions (Éd. Traditionnelles, 81) concerne les applications de la théorie des cycles cosmiques par les bases de l’astrologie mondiale. On y trouve notamment les principaux thèmes des plus grandes conjonctions des planètes depuis l’an 57 avant J. C. jusqu’à l’année 1989. Il est intéressant de noter que le thème de la dernière grande conjonction du XXème siècle, appelée doriphorie (rassemblement de plus de cinq planètes autour du Soleil), qui coïncida avec la chute du régime soviétique et la destruction du mur de Berlin, fut établi par De Socoa, pour Moscou au 27décembre 89).
Les titres des deux autres plaquettes sont La part de Fortune et Typologie et Caractères (même éditeur, même année de parution).

*** La cuisine des Anges ; Éd. Tradition Universelle, Ramsès, 78 (page 32). Est-il besoin de faire remarquer que ce court extrait inclut dans son constat les procédures courantes de la méthode universitaire ? Il y a heureusement des exceptions (de plus en plus rares aujourd’hui et qui n’ont rien à voir avec ceux qui ont pris le pouvoir sur l’œuvre de Guénon). Benoist rédigea aussi une étude sur l’ésotérisme (aux éditions du PUF). Nous attendons toujours sa réédition pour faire oublier celle d’Antoine Faivre.



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Le Voyage Nocturne de La Mecque à Jérusalem (par Fulan)*.

Le « point », symbole du centre de l’état humain, est à la ville de la Mecque, ce que l’ « axe » est à la ville de Jérusalem, symbole du Centre du monde, car la « Maison visitée », al-bayt al ma‘mûr, est également assimilable à ce dernier.
La Jérusalem est le « Pôle céleste » des trois formes religieuses ; Rome et La Mecque représentent le « Pôle terrestre »pour le Catholicisme et l’Islam, ce qui signifie que le Centre de l’état humain peut-être représenté comme Pôle terrestre et celui de l’Univers total comme Pôle céleste et l’on peut dire que le premier est ainsi le « lieu » de l’ « Homme véritable » et le second, celui de l’ « Homme transcendant ».

* Ce commentaire n’implique pas qu’un Centre secondaire ne puisse représenter pleinement le Centre principal car ce ne serait plus alors un « Centre » à proprement parlé. Ainsi, il y a lieu de considérer également la « Ka’aba céleste » pour le symbolisme complet de la croix dans l’ésotérisme islamique.


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Un texte utile* du shaykh al-akbar pour aborder les « Aperçus sur les Fuçûç al-hikam » de nos prochains « messages » :
  
[Ciel : samâ’ ; Sphère : falak ; planètes (ou astres) : kawâkib, étoiles : nujûm]


« Après l’achèvement de la création des sept cieux (sab‘a samawâti) en deux jours de l’Œuvre, Il inspira à chaque ciel (samâ’) son ordre et y déposa tout ce dont les êtres engendrés ont besoin pour leur compositions, leur dissolution, leur remplacement, leur transformation et leur passage d’un état à l’autre à travers les cycles et les phases (dans un même cycle d’existence). Cet ordre s’instaura par la mise en mouvement des sphères (bi-al-taharîkât al-falakiyyah) pour que se manifeste la production des êtres dans les éléments, selon l’ordre contenu dans ce mouvement et cette sphère.
Une fois déliés, les cieux entrèrent en rotation. Comme ils étaient transparents en essence et en volume pour ne pas cacher ce qui est au-delà d’eux, les regards aperçurent les luminaires étoilés (masâbîhi al-nujûmi) de la huitième sphère et les imaginèrent dans le ciel le plus proche. Dieu dit : “Nous avons orné le ciel le plus proche de luminaires (wa ziyyannâ al-samâ’a al-dunyâ bimasâbih)” (41 :12), or l’ornement d’une chose ne s’y trouve pas nécessairement ; “Comme protection” fait allusion aux lapidations qui surviennent dans la sphère de l’éther pour brûler les démons qui écoutent à la dérobée. Dieu a disposé pour cela “une flamme aux aguets” (72 :9) : ce sont les étoiles filantes. Le regard transperce l’atmosphère et atteint le ciel inférieur sans apercevoir de fissure. Il y pénètre, mais s’en retourne “dépité et las” (67 :4). Dieu dota chacun des sept cieux d’un astre qui y vogue selon sa parole – exalté soit-il – : “Chacun vogue dans une sphère” (21 :33 et 36 : 40). Les sphères sont produites par le mouvement des astres et non par celui des cieux. Le mouvement des sept astres prouve donc que les luminaires se trouvent dans la huitième sphère. Il a orné le ciel le plus proche de ces luminaires car c’est là que le regard les perçoit. Le discours divin se conforma à ce que donne la vision oculaire. C’est pourquoi il est dit : “Nous avons orné le ciel le plus proche de luminaires et non : “Nous les y avons créés”, car un ornement ne se trouve pas nécessairement dans ce qu’il orne : garde et suite sont un ornement du sultan sans être inhérent à sa personne. »



* Extrait de la traduction de Denis Gril du Kitâb al-isfâr ‘an natâ’ij al-asfâr d’Ibn ‘Arabî ; Le Dévoilement des effets du Voyage, Éd. de L’Éclat, 1994. Nous avons ajouté en italique (entre parenthèses) les termes arabes des définitions importantes qui ne figurent pas l’ouvrage de Gril dont la traduction est accompagnée du texte original en regard du texte français.
















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