La cause véritable* du déshonneur subi par Mr Tariq Ramadan en ce mois de
safar est plus à rechercher dans le
fait d’avoir mené un combat en développant divers arguments contestables sur le
terrain des adversaires de la tradition avec les « armes » mêmes de
ces adversaires, que sur les faits dont on l’accuse publiquement. Et, peu
importe au fond que les « dénonciations » qu’il subit aujourd’hui soient
imaginaires ou avérées, puisque l’objectif des méthodes et des points de vue
portés par les idéologies anti-traditionnelles auxquels Ramadan s’est associé en
débattant avec des profanes sous les feux médiatiques, réussi une fois de plus
à renforcer « des conceptions qui n’ont été inventées que pour ruiner
toute religion » et contribuer d’une façon ou d’une autre à
« compromettre la doctrine ». Nous avons fait allusion à l’ambiguïté
des intentions de Ramadan** où nous remarquions
avec une certaine surprise que dans l’un de ses nombreux ouvrages, il s’était intéressé au taçawwuf en
citant des paroles de quelques maîtres çûfî,
et en mentionnant un extrait de Guénon sur la Science des nombres dans un état d’esprit
délibérément universitaire sans même se rendre compte d’ailleurs qu’il signait là toute son incompétence en la matière.
Bien évidemment Ramadan, n’est qu’un religieux (et par
rapport à l’Islâm traditionnel, un religieux bien « moderne », puisqu’il
s’inscrit dans un courant ayant de fortes visées politiques), mais néanmoins,
il prétendait là à autre chose, et c’est précisément pour cette raison que nous
avions rédigé ce bref compte-rendu avec les réserves d’usage sur l’attitude du polémiste,
car en effet, représenter l’Islâm exige aussi, en principe, de la droiture et
une certaine modestie :
« Ceux qui sont qualifiés pour parler au nom
d’une doctrine traditionnelle n’ont
pas à discuter avec les “profanes” ni à faire de la “polémique” ; ils
n’ont qu’à exposer la doctrine telle qu’elle est, pour ceux qui peuvent la
comprendre, et, en même temps, à dénoncer l’erreur partout où elle se trouve, à
la faire apparaître comme telle en projetant sur elle la lumière de la vraie
connaissance ; leur rôle n’est pas d’engager une lutte et d’y compromettre
la doctrine, mais de porter le jugement qu’ils ont le droit de porter s’ils
possèdent effectivement les principes qui doivent les inspirer infailliblement.
Le domaine de la lutte, c’est celui de l’action, c’est-à-dire le domaine
individuel et temporel ; le “moteur immobile” produit et dirige le
mouvement sans y être entraîné ; la connaissance éclaire l’action sans
participer à ses vicissitudes ; le spirituel guide le temporel sans s’y
mêler ; et ainsi chaque chose demeure dans son ordre, au rang qui lui
appartient dans la hiérarchie universelle ; mais, dans le monde moderne,
où peut-on trouver encore la notion d’une véritable hiérarchie ? Rien ni
personne n’est plus à la place où il devrait être normalement ; les hommes
ne reconnaissent plus aucune autorité effective dans l’ordre spirituel, aucun
pouvoir légitime dans l’ordre temporel ; les “profanes” se permettent de
discuter des choses sacrées, d’en contester le caractère et jusqu’à l’existence
même ; c’est l’inférieur qui juge le supérieur, l’ignorance qui impose des
bornes à la sagesse, l’erreur qui prend le pas sur la vérité, l’humain qui se
substitue au divin, la terre qui l’emporte sur le ciel, l’individu qui se fait
la mesure de toutes choses et prétend dicter à l’univers des lois tirées tout
entières de sa propre raison relative et faillible. “Malheur à vous, guides
aveugles”, est-il dit dans l’Évangile ; aujourd’hui, on ne voit en effet
partout que des aveugles qui conduisent d’autres aveugles, et qui, s’ils ne
sont arrêtés à temps, les mèneront fatalement à l’abîme où ils périront avec
eux ».
(La
Crise du monde moderne, p. 81 ; Gallimard 1946)
* Ou « cause substantielle »
(selon le Nyaya).
** Voir le « message » du
samedi 19 décembre
2015 ; « Rabî‘ al-Âwwal 1437 –
Décembre 2015 / Janvier 2016 » (libellé : Textes critiques).
* * *
Dans l’une de
ses trois plaquettes* consacrées à la
science astrologique, Michel de Socoa (Luc Benoist) avait défini les cycles
cosmiques en relation avec les cycles planétaires et les grandes conjonctions
dont il avait relevé les différentes positions de la période allant du début de
l’ère chrétienne à l’An 2000. Il avait en outre érigé le thème de douze doriphories qu’il définissait comme
« des conjonctions de conjonctions particulièrement importantes et
traditionnellement d’effets redoutables » et notait à ce sujet que
« les années 55, 1351, 1999 sont tout à la fois des années cycliques et
des années de doriphories ». Il
présentait un tableau des 29 doriphories
qui ont jalonnées l’histoire de cette période en précisant que « plus le
siècle s’agite relativement au nombre de doriphories
qu’il comporte, plus il se caractérise par des transformations et des
révolutions ». Les deux dernières grandes doriphories du XXè siècle étaient relevées par De Socoa,
respectivement pour Berlin, le 23 avril 1941 à midi (correspondant à la seconde
guerre mondiale), et pour Moscou, le 26 décembre 1989, dont il n’eut pas le
temps de constater les « effets** ».
Depuis, bien qu’aucune conjonction vraiment marquante
ne se soit produite, les choses se sont considérablement dégradées et la
constance du désordre pourrait bien subir encore d’irréversibles modifications à
l’occasion de la prochaine grande conjonction qui aura lieu au mois de février 2022 autour du Signe du Verseau. Dans le thème de cette conjonction reproduit
ici, nous pouvons distinguer l’écart qui augmente entre les trois planètes
trans-saturniennes ; désormais la conjonction d’au moins deux d’entre
elles plus ou moins équivalente à la dernière doriphorie du XXè siècle ne se renouvellera pas avant longtemps
(leurs révolutions étant,
pour Uranus, de 83 ans ; Neptune, 165 ans et Pluton, 248 ans). Bien qu’il
n’y ait pas lieu de tenir compte en Astrologie traditionnelle de ces planètes
découvertes par la technologie moderne, Luc Benoist, dans sa correspondance
avec Guénon, faisait remarquer qu’elles sont susceptibles de correspondre avec
certains aspects du monde moderne, notamment du point de vue de l’astrologie
mondiale.
Thème
monté pour Washington le 28 février 2022 à midi.
De Socoa signalait encore que les doriphories qu’il avait retenu « se distribuent sur tous les
signes excepté le Verseau et les Poissons ». Ors, c’est précisément autour
du premier de ces deux Signes que se regroupent ici toutes les planètes du
septénaire traditionnel, depuis le 25ème degré du Capricorne avec la
conjonction Vénus-Mars, jusqu’au 13ème degré des Poissons. Cette
conjonction inclue la trans-saturnienne Pluton mais elle s’élargit jusqu’au 25ème
degré des Poissons si l’on tient compte de Neptune. Quant à la position
d’Uranus, à 16° du Taureau, bien que ne s’associant pas à cette grande
conjonction, elle reste malgré tout menaçante par le carré qu’elle envoie au
Milieu du Ciel conjoint à la Lune, à Mercure et à Saturne. L’Ascendant de ce
thème tombe dans le Signe des Gémeaux qui correspond, en astrologie mondiale,
aux Etats-Unis. Pour ce qui est des significations du verseau, il convient
naturellement de retenir ici qu’elles sont liées aux innovations d’ordre
technique que « les progressistes » qualifient de révolutionnaires ;
Uranus est donné par les modernes comme le second maître de ce Signe
traditionnellement sous la domination de Saturne.
Pour ceux qui ne pourront se procurer cette plaquette,
voici un résumé du chapitre VI concernant les différentes significations par
Signe des doriphories dont De Socoa a
relevé les positions : « Les doriphories
qui intéressent le Cancer correspondent à des évènements particulièrement
essentiels dans le domaine traditionnel, à la fois quant aux biens terrestres
et quant aux idées fondamentales du groupe humain. Celles du Lion intéressent
le pouvoir ; celles de la Vierge sont importantes quant aux liens d’unité
intellectuelle comme d’ailleurs celles des Poissons. Celles de la Balance
possèdent un caractère de bénéficité et de paix qui correspondent à des époques
de stabilisation et d’expansion. Avec le Scorpion, nous revenons aux temps durs
de transformation brutale et de corruption dans tous les domaines, tandis que celles
du Bélier influencent le despotisme exercé par le fer et par le feu.
Celles qui touchent le Taureau visent le domaine très
matériel des biens de ce monde et leur distribution nouvelle. Enfin les doriphories du Capricorne sont parmi
les plus déterminantes. Ce sont d’ailleurs deux de celles-ci qui terminent le
second millénaire de l’ère chrétienne, et qui semblent présider à une
reconstitution totale de la figure du monde ».
Cette « reconstitution », éminemment instable,
manipulée de toute part non plus par « le règne » mais par une
véritable « dictature de la quantité », comporte en elle-même tous
les éléments « implosifs » susceptibles de provoquer sa chute
définitive, abyssum abyssus invocat.
* Les grandes conjonctions ; Éditions traditionnelles, Paris
1981.
** il s’agit en réalité de « correspondances
analogiques » entre le « milieu cosmique » et le « milieu
terrestre » et non d’« effets » à proprement parler.
Bonjour,
RépondreSupprimerOn ne peut mettre en doute l'attitude anti traditionnelle de Tariq Ramadan. Je pense que vous devriez modifier légèrement votre texte et notamment la formulation lorsque vous écrivez : "Et, peu importe au fond que les « dénonciations » qu’il subit aujourd’hui soient imaginaires ou avérées". S'il y a effectivement des victimes de violences sexuelles notamment, on ne peut écrire "peu importe". Je ne doute pas d'ailleurs que votre formulation ne soit qu'une maladresse d'écriture et ne relate pas votre pensée réelle.
Bien cordialement.
B. Hapel
Ma formulation se réfère à l'idée que les intentions "intellectuelles" de Ramadan, se voulant un représentant "officiel" de l'Islam, prennent le pas sur sa personne. La justice humaine s'occupe de son cas, elle rendra sa sentence en cas de faute. Le reste ne nous regarde pas.
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