DÉRIVE
DES RELIGIONS
ET
INFAILLIBILITÉ
MÉTAPHYSIQUE
Les remarques faîtes
dans notre précédent texte, Habemus
Pontificem*, au sujet de Benedict XVI s'appliquent au seul catholicisme
romain. Pour ce qui serait d'un état des lieux critique plus général sur ce
qu'il reste du monde religieux dans les pays occidentaux, il suffirait de
réfuter tous les courants déviants des traditions islamique, chrétienne et
hébraïque substantiellement issues de la prégnance du progressisme moderne, ce
qui serait assez fastidieux et sans grande utilité. Il suffit d'ailleurs de
lire et méditer Le Règne de la Quantité les Signes des
Temps pour se rapprocher du point de vue traditionnel permettant de distinguer « le bon grain de l'ivraie ».
Nous limitons nos remarques au seul clergé du catholicisme romain
qui se doit de sauvegarder ce qui doit rester du monde
traditionnel occidental jusqu'à la Fin des Temps. Les enjeux politiques susceptibles de préoccuper les représentants de quelques religions que ce soit sont spirituellement
impossibles à intégrer ; les problèmes qu'ils posent demeureront par là même dépourvues de toute
solution positive. En vérité ces problèmes n’existent que par l’état d’esprit
avec lequel ils sont envisagés.
La Fin des temps à la quelle nous venons de faire allusion, se caractérise selon les hindous par l' « Age des conflits » (ou des
ténèbres) car il est dans la logique même du Kali
yuga que toutes les formes religieuses s'affrontent, se déchirent, pour
finalement se désintégrer. La
multiplication des circonstances favorables à ces effets ne doit pas nous faire oublier que, sur le
plan doctrinal qui est le seul qui nous importe vraiment, aucun conflit n'est
possible entre deux formes traditionnelles en raison du fait que l'autorité (et l'infaillibilité) d'une doctrine détenue par ses représentants ne peut s'étendre au-delà de sa propre forme. Quoi qu'il en soit, pour demeurer imperturbable
au sein du désordre général, il ne reste que la sereine détermination de la Connaissance
métaphysique détenue par les adeptes des doctrines ésotériques. Seule, la
constitution intérieure de ces hommes
véritables, est en mesure de garantir la transmission spirituelle qui sera
le germe, comme l'a dit René Guénon, d'un nouveau cycle humain. A ce sujet nous
devons rappeler que l’Islam possède en tant que Sceau de la
Prophétie, par sa constitution et son ouverture providentielle dans le cycle temporel, un statut particulier lui octroyant la
capacité d'intégrer l'essence des révélations antérieures (c'est à dire les
enseignements spirituels des prophètes révélés dans le Judaïsme et achevés dans
les Évangiles). Cette question ne peut véritablement être comprise, à défaut d'être exprimé convenablement, que par l'élite des initiés. Certains
interprètent cette intégration (2) selon un point de vue théologique (ou exotérique) et de ce fait ne peuvent qu'augmenter encore la
confusion et tomber dans l'aberration pure et simple ou la violence. L'Islâm peut effectivement intégrer une « forme spirituelle »
particulière, mais à condition de préciser qu'il s'agit d'une possibilité qui
s'actualise par la
Réalité Mohammadienne et qui n'inclue pas spécialement sa forme
religieuse comme telle.
Si Hakim
al-Tirmidhi a pu dire: « Ash-shari'ah
'aînul-haqîqah », c'est que l'Essence de la tradition islamique (ou l'Islâm compris dans son sens universel,
car tel est sa signification ultime) est l'Essence toutes les traditions
particulières, comprenant aussi l'Essence de toutes les sciences
traditionnelles, ce qui revient à dire que l'intégration ne s'actualise
qu'en procédant à partir de la
Réalité supra-formelle. De ce point de vue, on peut comprendre et réaliser que les « formes traditionnelles sémites particulières » sont
contenues en germe dans le Dînul-Qayyûm
( Le Culte primordial) qui pourrait être une autre désignation de
l'Islâm.
*Voir
Habemus Pontificem mis en ligne au
mois de Mars 2011
NOTES
(1) Le nationalisme et le patriotisme moderne sont des exemples frappant de superstition au sens le plus strict du terme,
lesquels, en sécurisant illusoirement des personnes dénuées de spiritualité,
font perdre de vue la réalité traditionnelle pour en arriver finalement à
rejeter les fondements métaphysiques de la théologie. C'est le cas des communautés chrétiennes d'Occident affectées par l'identité nationale. Les regroupements extrémistes ou
intégristes de ces Eglises sont une réaction purement idéologique dont les intentions appartiennent aux forces
obscures auxquelles elles prétendent s'opposer.
(2) Cette intégration est souvent confondue
avec l'« abrogation »
dont l'application relève du cadre exotérique.
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