L’EXEMPLE
DE MARPA LOTSAWA
« LE
TRADUCTEUR »
« Je
suis persuadé aussi qu’il doit subsister encore quelque initiation chez les
Indiens d’Amérique ; en dehors de cela, il n’y a sûrement, comme en
Europe, d’autres vestiges authentiques de cet ordre que ceux qui se trouvent
dans la
Maçonnerie, dont les possibilités de
restauration sont malheureusement bien douteuses. A défaut d’initiation de
forme occidentale, il faudrait que quelque chose vienne d’ailleurs pour assurer
la continuité indispensable d’une transmission, et il est bien difficile de
dire actuellement jusqu’à quel point cela serait réalisable*… ». (La
suite concerne un autre sujet).
*Extrait
d’une lettre de René Guénon à A. K. Coomaraswamy (Le Caire, 21 mai 1938).
Comme
cela a déjà été évoqué dans l’un des messages postés ci-dessous, l’expérience
montre que c’est toujours ceux qui ont le plus besoin d’aide qui sont, par là
même, le moins capables d’en recevoir. C’est pourquoi, l’idée de Guénon
concernant « quelque chose [qui puisse venir] d’ailleurs » ne pourra
jamais être proposée, ni imposée. Sur ce point, il n’y a aucun doute ; il
faut d’abord ressentir un manque pour se donner ensuite les moyens
nécessaires de le combler.
C’est
ainsi que les choses se sont passées pour la Sangha du Dharma tibétain, dans un contexte très
différent, avec l’introduction du « Véhicule de Diamant » par les Maîtres
traducteurs tels que Marpa, le lama de Milarépa. Il n’y a évidemment rien de
comparable entre le Dharma bouddhique du Tibet, vers l'an mille de notre ère,
et les conditions spéciales actuelles de la Maçonnerie allant avec
l'état général des sociétés occidentales, si ce n’est l’idée d’introduire
« quelque chose venu d’ailleurs ».
A
cet effet, pour ce qui concerne le Bouddhisme arrivé au Tibet dans la forme du
« Petit Véhicule », quelques savants et maîtres de la Sangha sont partis en Inde,
ont appris le sanskrit afin de pratiquer les voies spirituelles du Tantras sous
la conduite de Maîtres hindous et de yogî, et, une fois parvenus au
terme de la voie, sont retournés dans leur contrée en possession du Vajrayana,
le « Véhicule de Diamant ». Ils ont alors traduit les Tantras en
tibétain, ont transmis les innombrables techniques yoguiques, comme le Hatha-yoga et
ses dérivés, les visualisations des Sadhana etc.
Le Vajrayana (en
tibétain, “Véhicule du Dordjé”) est aussi désigné
comme « le Moyen habile » permettant d’obtenir la
Perfection de l’État de Bouddha en une
seule vie. En ces temps là, les déterminations spirituelles manifestées par
quelques êtres d’exception bénéficiaient d’un environnement traditionnel dont
on n’a plus guère idée aujourd’hui.
Voici
un extrait de « L’Histoire des enseignements Sakya-pa » par le
Vénérable Tcho Djié Trichen Rinpoche Soubhakshitar de Nalenda :
« Le
Grand Véhicule est éminemment supérieur au Petit Véhicule pour les cinq causes
qui sont : la pratique, l'action en accord avec l'intention, la
Sagesse Transcendantale, l'effort, l'habileté
dans la méthode, et par les deux fruits qui sont : la
Réalisation parfaite, la
Grande Action Divine. Dans le Grand
Véhicule lui-même, il y a pour ceux qui aspirent aux causes : le Véhicule des
Paramitas qui prend les causes pour voie, et pour les disciples supérieurs qui
aspirent à la fois aux causes et au fruit, le Véhicule des Mantras qui prend le
fruit pour voie.
Ce
profond et secret Véhicule du Dordjé, comme il est dit
dans le 'jam dpal sGyu 'phrul dra ba est
énoncé par la
Pensée Commune de tous les Bouddhas des
trois Temps en vue des disciples non-ordinaires. C'est ainsi que les Grands
Tantras enseignés avec les cinq certitudes, dans cette époque de querelles, le
furent par notre Maître à tous, dans l'apparence Hérouka du
Corps de Félicité en harmonie avec la forme des disciples, bien qu'il demeurât
cependant immuablement dans le Corps du Dharma. Il enseigna ces Tantras à
Oudjien dharma Kendza, Shri dhanakata, au sommet du Mont Mérou et dans bien
d'autres lieux, au milieu d'une assemblée de praticiens tantriques supérieurs
qui répétaient après le Bouddha.
C'est
ainsi que la différence entre les Sutras et les Tantras tient à l'absence ou la
présence des visualisations de divinités pour notre propre bien et à
l'accomplissement des rituels d'initiation et de consécration et autres pour le
bien d'autrui. De façon générale, bien que dans les Sutras et Tantras, la
vision à réaliser, le fruit à obtenir et l'intention qui est l'esprit d'Eveil
soient semblables, le Véhicule des Tantras se distingue par :
-
son habileté à réaliser la
Vision Profonde
-
l'abondance des moyens pour la réaliser
-
la facilité de la réalisation de l’Éveil
-
sa destination pour les disciples à l'intelligence aiguisée.
Il
y a de nombreuses diffusions différentes des Tantras selon les Panditas et
Sages ; quant à la lignée des Sakyapas, elle suit la tradition du Tantra
Explication de Kyé Dorjé “rDo rJe Gur” qui divise
les Tantras en quatre groupes :
Les Tcha
djiu (bya rGyud)
tché djiu (spyod
rgyud)
nal
djor djiu (rNal‛ byor rGyud)
nal djor lanamépe
djiu (rNal’byor bla named pa'i rGyud)
En résumé, tous les enseignements des Petit et Grand
Véhicules des Arahat de Tchampa, Djampéyang, Tchana Dordjé et
des autres furent consignés par les écrivains, enseignés par les Panditas,
pratiqués et réalisés par les grands sages.
Le grand Sakyapa (Satchen Kunga Nyingpo) devint le Maître de toutes
les doctrines des Sutras et Tantras, répandues au Tibet, et précédemment
diffusées par de nombreux Panditas et Sages authentiques de l’Inde*.»
*Traduit en français par le Vénérable Phendé Rinpoche et son épouse
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