VOLTAIRE
Une figure emblématique des faux intellectuels
contemporains
Il est des fausses légendes bâties sur des
idéologies qui l’emporteront toujours sur la vérité. L’histoire de France s’est
progressivement encombrée, depuis la constitution du centralisme d’état, de ces
figures anti-spirituelles qui ont cristallisé l’identité nationale et dont Voltaire tient une place
particulièrement puissante. Les journalistes, penseurs, et autres personnalités
politiques occupant la scène médiatique contemporaine, l’invoquent souvent comme « modèle intellectuel » sorti
vainqueur « des siècles obscurantistes et fanatiques du monde religieux ».
En vertu d’une profusion d’écrits
dénonçant l’oppression sur les libertés individuelles, on le déclare volontiers
« Premier Intellectuel de l’Histoire », lui qui fut, tout au long de
son existence, le contraire même d’un intellectuel.
Sa vie publique et ses qualités d’écrivain
ici ne nous intéresse guère, puisqu’au fond son talent, mis au service de
causes en apparence généreuse, fut surtout motivé pour s’attaquer à tout ce qui
pouvait représenter l’expression des spiritualités traditionnelles. De
l’Orient, il ne compris jamais rien et son existence mouvementée nous livre peu
d’indice en faveur d’une attention quelconque à l’égard des doctrines
constitutives de toutes les confessions, trop préoccupé de l’insatiable besoin
de reconnaissance et de subssitance qui le propulsait de cour en cour.
Aspirer à parader devant les pouvoirs en
place, obtenir les faveurs des princes, briller sous le regard des
monarques, séduire jusqu’à prendre le risque de la bouffonnerie est une
piètre attitude pour un intellectuel et, en l’occurrence de probité, pour quelqu’un
qui ne cesse de donner des leçons. Le personnage est suffisamment démasqué
aujourd’hui par divers auteurs pour nous dispenser d’insister sur le caractère douteux de sa mentalité.
Ce que l’on sait moins, ou plutôt, ce que l’on
cache comme une chose gênante, est le caractère grotesque de son « antisémitisme »,
entendu au sens le plus complet du terme (1), ce qui, d’une certaine façon, s’explique
parfaitement puisque toute sa vie fut au service d’une suractivité
anti-spirituelle. Dans son Dictionnaire philosophique paru en 1764, on
peut lire au terme « Juifs » :
« Vous ne trouverez chez les Juifs qu’un
peuple ignorant et barbare qui unit la plus sordide avarice à la plus
détestable superstition, ainsi qu’à leur haine inébranlable pour tous les
peuples qui les tolèrent et leur permettent de s’enrichir. Cependant, il ne
faut pas les brûler ».
Dans un autre de ses ouvrages, le Traité
de métaphysique, il se permet de statuer sur le rang qu’occupent les Noirs
dans l’échelle des valeurs, décrétés inférieurs aux Européens, mais supérieurs
aux singes. On est soulagé de cette dernière concession ; enfin, au chap.
VIII de son Essaie sur les mœurs, il compare les Juifs aux Noirs,
considérés dans leur ensemble comme des êtres inférieurs.
A son ethnocentriste, indissociable du
racisme le plus vulgaire, maladie collective du nationalisme qui commençe à se
diffuser largement dans les courants d’idées progressistes du dix-neuvième
siècle, on peut ajouter également l’hypocrisie et le cynisme délibéré. Dominico
Del Rio, journaliste à La Stampa de Turin (2), a publié une lettre retrouvée dans les
archives secrètes du Vatican qui fut adressée par l’auteur de Candide le
17 aout 1745 au Pape Benedict XIV, Prospero Lambertini, dans laquelle il
rapporte qu’il a lu avec enthousiasme son livre qui fait honneur à l’Église et
à la littérature ; il conclut ainsi : « Très saint Père,
permettez-moi de baiser humblement vos pieds sacrés et de vous demander avec le
plus profond respect votre bénédiction, le très dévoué, très humble et très
obligé serviteur de votre Béatitude, Voltaire ».
Le 7 avril 1778, deux mois avant sa mort,
Voltaire est reçu à la loge Parisienne des « Neuf sœurs ». La
Franc-maçonnerie se serait certainement bien passée de cette intrusion.
Notes
(1) En raison des
acceptions réductrices qu’il a subi, le terme « antisémite », n’est plus entendu, que dans un sens étroitement
raciste, tendant à ne plus concerner que les attaques contre le seul peuple juif, lequel, il
convient toujours de le rappeler, ne détient pas le monopôle du « sémitisme ». Pour ce qui
concerne Voltaire, il se justifie pleinement, d’abord, par son rejet de la
spiritualité sémite (antérieure à ses formes spécifiquement religieuses) et, ensuite,
par son mépris des religions et des peuples sémites.
(2) En date de Septembre 1999.
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