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mardi 4 juin 2013

3 - VÊDÂNTASÂRA (çloka 29 à 33)







3 - VÊDÂNTASÂRA

 DE

SADÂNANDA YOGÎNDRA SARASVATI

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Çloka 29


La nécessité* consiste à détruire l’ignorance concernant l’identité qui doit être réalisée** ainsi que l’obtention de la joie inhérente à la nature réelle du Soi suprême. Ceci est conforme aux passages suivant de la Sruti : « Celui qui connaît le Soi dépasse toutes les souffrances. » (Chândogya Upanishad ; 7, 1, 3.) ; « Celui qui connaît Brahma, devient Brahma. » (Mundaka Upanishad ; 3, 2, 9).

* La nécessité [immédiate, étant donné ce qui vient d’être énoncé], regroupe les quatre anubandha.
**C'est-à-dire l’identité de la conscience individualisée et de la Conscience pure.

Commentaire
L’étude du Vêdânta ainsi que la pratique de la sadhana représente un effort en vue de réaliser quelque chose qui n’existait pas auparavant, tout comme l’effort à déployer pour construise une maison, ou bien encore l’effort consistant à effectuer un rite spécial en vue d’avoir un enfant. Les objectifs désirés n’existaient pas avant ces efforts. Nous constatons, en revanche, que Brahma (ou l’atma) est déjà une réalité avant tout effort à déployer en vue de le connaître ; par conséquent, aucun effort ne doit être nécessaire pour l’étude du Vêdânta ainsi que pour la pratique de la sadhana.

Réponse :
Il y a des efforts dont le but est de découvrir ou de prendre conscience de quelque chose comme dans le cas d’une personne cherchant partout un collier pensant qu’il est perdu jusqu’à ce qu’un ami lui fasse remarquer : « Le collier que tu cherches se trouve à ton cou ». Celui qui a oublié la nature réelle de son être, c'est-à-dire la plénitude permanente, peut la découvrir suite à l’audition des paroles d’un maître ou d’un étude sur l’Écriture ou par le résultat de la pratique de la sadhana, par conséquent, suite à un effort. Le but d’un effort peut donc tout aussi bien consister en la création de quelque chose qu’en la découverte de ce qui a toujours été.

Remarque :
L’ignorance est-elle une entité manifestée ou non manifestée (sat ou asat) ? Étant donné que l’ignorance se manifeste en tant que voile de la Conscience, on peut se poser la question de savoir si elle possède une existence par elle-même, auquel cas, la conclusion qu’il n’existe qu’une seule Réalité, la pure Conscience, (le Brahman), devient inexacte. D’autre part, si l’ignorance ne possède pas de réalité intrinsèque, pourquoi se manifeste-t-elle et comment sa destruction peut-elle se produire suite à l’obtention de la Connaissance ?

Réponse :
L’ignorance est décrite comme anirvacaniya, c'est-à-dire qu’il est impossible de la définir comme existante ou non existante. Si l’on affirmait qu’elle existe réellement, le samsâra et sa cause serait impossible à détruire ; d’autre part, si l’on affirmait qu’elle est inexistante, il n’y aurait alors aucune manifestation ni aucune existence possible. La vérité est que l’ignorance est un phénomène particulier dont la destruction relève d’une nature qui diffère de la destruction des autres choses. D’une façon générale, la destruction d’un objet laisse un résidu, telles que, par exemple, les cendres dans la destruction du bois par le feu. Le processus de l’ignorance échappe à cette loi car ce qui apparaît après sa destruction existait [ou était déjà une Réalité] avant qu’il ne se manifeste.
Lorsque nous percevons de l’argent à la place de la nacre et que nous réalisons, par l’effet d’un examen plus attentif, que l’argent est le produit ou le résultat de l’illusion (l’ignorance), nous constatons, en effet, que la destruction de cette illusion n’a modifié en rien la réalité du nacre qui préexistait avant et pendant la perception erronée. Nous pouvons donc conclure que la destruction de toutes les perceptions illusoires causées par l’ignorance de la conscience individualisée est d’une nature différente de la Réalité permanente (çudda çaitainya) sur laquelle ces perceptions se sont déposées.



Réfutation :
Si la destruction de l’ignorance est identique à [la réalité de] çudda çaitainya, c’est donc, en toute logique, que sa destruction existe déjà ; quelle est, par conséquent, l’utilité de la connaissance juste ?

Réponse :
Le rôle de la connaissance juste est de nous faire découvrir l’absence absolue de réalité à laquelle prétend l’ignorance et, c’est une fois réalisé çudda çaitainya que nous sommes alors en mesure de constater que l’ignorance n’a effectivement jamais existé, qu’elle n’existe pas et qu’elle n’existera jamais.




Çloka 30


L’aspirant affligé par le feu du samsâra – la succession de la naissance et de la mort –, tel celui qui, ayant la tête en feu se précipite vers une étendue d’eau, se met en quête d’un remède, avec des offrandes à la main s’approche, d’un guru connaissant les Védas et établi dans l’état de Brahman*, ainsi qu’il est dit dans la Mundaka Upanishad (1, 2, 12) : «  Pour Le connaître, il n’a qu’à se présenter, une bûche à la main**, à un maître spirituel connaissant les Védas et entièrement voué au Brahma. »

*[Brahma ; Brahman : « Il faut remarquer, pour éviter toute confusion, que le mot Brahma est neutre, tandis que Brahmâ est masculin ; l’emploie, courrant chez les orientalistes, de la forme Brahman, qui est commune aux deux genres, a le grave inconvénient de dissimuler cette distinction essentielle, qui est encore marquée parfois par des expressions comme Para-Brahma ou le « suprême Brahma » et Apara-Brahma ou le « non-suprême Brahma. » (R. Guénon ; chap. VII « Shivaïsme et Vishnuïsme », Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues, Éd. Véga, Paris 1976).
Malgré cet avertissement, le terme Brahman est utilisé dans toutes les traductions des textes hindous ainsi que dans les enseignements des maîtres, tels que Ramana Maharshi pour ne citer que cet exemple. Le pandit qui nous a transmis oralement cet enseignement utilisait toujours la forme « Brahman » afin de se conformer à l’usage des occidentaux. Pour ce qui concerne les termes essentiels à la bonne intelligence du texte sanskrit (reproduit en tête de chaque message) ; nous avons toujours tenté, d’ajuster au mieux et de rectifier ce qui devait l’être, conformément à la terminologie fixée par Guénon]

**Cette attitude est un signe manifeste de simplicité et d’obéissance que le disciple se doit d’observer en s’approchant d’un maître avec des présents à la main.




Çloka 31


Un tel guru, par la grâce suprême (parama kripa), enseigne ce disciple avec La méthode de la dé-superposition (apavâda) de la superposition (adyâropa) ainsi qu’il est dit ce passage de la Shruti : « À ce disciple qui s’approche de lui, l’esprit totalement apaisé, ayant la maîtrise de ses sens, le sage enseigne clairement la connaissance de Brahma afin qu’il connaisse l’Être véritable et impérissable. » ( Mund. Up. ; 1, 2, 13.)

Commentaire
Le guru, afin de concentrer le mental de son disciple, attirera d’abord son attention sur les phénomènes illusoires en vue de lui montrer de quelle manières ils se superposent (adhyâropa) sur la réalité fondamentale de la Conscience pure, qui est d’une nature radicalement différente de celle de tous les phénomènes samsariques. Ayant compris ce qu’il en est de ces phénomènes par la méthode de négation (apavâda) : «  ce n’est pas cela, ce n’est pas cela » (neti, neti), le disciple peut alors saisir ce qui demeure après la destruction de ce qui produit tous les phénomènes illusoires.


 
Çloka 32


Par le terme adhyâropa (superposition) il faut comprendre la perception de tous les phénomènes irréels (avastu) sur ce qui est réel (vastu) comme dans l’image de la perception erronée d’un serpent à la place d’une corde réelle.

 
Commentaire
La superposition se situe à deux niveaux : celui de l’objet et celui de la perception ; c'est-à-dire , d’une part, la perception erronée d’un serpent et, d’autre part, la perception d’un autre objet, réel, qui est une corde.
Ors, il convient de distinguer trois plans : Celui de la manifestation illusoire qui correspond à la perception du serpent, analogue aux phénomènes perçus dans l’état de rêve ; celui de la manifestation empirique qui correspond à l’existence de la corde, analogue aux phénomènes perçus dans l’état de veille ; enfin, celui de la Réalité fondamentale qui correspond à la pure Conscience.[ Cette dernière est analogue a l’état de sommeil profond en tant que non-manifesté (avyakta) et au « Quatrième état » (Turîya), en tant que Para-Brahma.]
La perception illusoire d’un objet tel que le serpent s’élabore sur la réalité permanente de la corde à partir d’une cause substantielle que l’on nomme ignorance. Le rôle de celle-ci est à la fois de voiler cette réalité permanente et de manifester ensuite tous les objets illusoires possibles. Cette réalité permanente est par conséquent le “refuge” de l’ignorance (et de la perception illusoire permettant à cette dernière d’exister), et, en même temps, elle est en quelque sorte “victime” puisque voilée partiellement ; elle ne peut manifester vraiment sa nature propre qui exclurait toute confusion avec le serpent. Il en est ainsi de la Conscience pure (çudda çaitainya) qui sert de support à l’ignorance fondamentale (mûlajnâna) permettant la manifestation du phénomène illusoire de la notion d’“égo”, et qui reste [en apparence et seulement de notre point de vue individuel] tributaire de l’ignorance, car, étant voilée par elle, sa nature réelle, intégrale, qui est Être, Conscience et Plénitude (Sat, Chit, et Ananda) se trouve également voilée.

Réfutation :
Pourquoi l’objet illusoire relèverait-t-il de la perception d’un objet crée sur
Réalité fondamentale ? L’objet de l’illusion (du serpent sur la corde) pourrait être aussi bien un objet produit par la mémoire, et non pas une perception directe.

Réponse :
Les conditions de la perception illusoire sont les mêmes que celles de la perception d’objets réels. Dans les deux cas, on perçoit un objet par l’intermédiaire des sens : une perception illusoire est aussi directe que la perception d’un objet réel.
Par ailleurs, la mémoire est la reproduction mentale d’un objet précédemment perçu, or, la perception illusoire n’est pas causée directement par la mémoire* ; nous sommes en effet capable de distinguer chaque fluctuation mentale séparément les unes des autres en raison de leurs caractéristiques propres. Au moment d’une perception, nous savons directement qu’il s’agit bien d’une perception sensorielle et non d’une production de la mémoire, de même que lorsqu’un souvenir se présente à notre conscience, nous savons directement qu’il s’agit d’un souvenir et non d’une perception sensorielle.
Ce qui permet de distinguer une perception illusoire d’une perception réelle sont les différentes qualités des conditions requises pour que la perception ait bien lieu, à savoir : une bonne distance, une bonne visibilité (plus ou moins d’obscurité) et l’absence de désir persistant d’un objet quelconque chez le percevant. Par conséquent, lorsqu’il y a une perception, il y a nécessairement quelque chose de perceptible excluant la superposition d’un souvenir ; c’est donc la perceptibilité d’un objet qui détermine sa perception et non une fluctuation mentale telle que chittavritti (qui manifeste proprement la mémoire).

* [La mémoire intervient dans un deuxième temps, comme nous allons le voir par la suite. Le commentaire a pour objet, à ce stade de la discrimination, de distinguer nettement pratyaksha de chittavritti].

Condition de l’annulation d’un objet illusoire
Afin qu’il soit distingué, dans un deuxième temps, de l’objet illusoire il est indispensable que l’objet réel soit connu par ce qui le caractérise proprement. Lorsque, de loin, nous percevons de l’argent à la place de la nacre, nous n’avons pas perçu ce qui caractérise proprement la nacre, mais, si l’on se rapproche, par l’effet d’une seconde perception, nous reconnaissons la nacre par ce qui la caractérise. Cette annulation s’exprime ainsi : l’argent n’existe pas, n’a jamais existé et n’existera jamais.
Ce qui réalise définitivement l’annulation est sa répercussion dans les trois modalités temporelles. Il en va exactement de la même manière pour la Délivrance (moksha) : Le disciple (pramata) réalise présentement qu’il n’a jamais été prisonnier de l’ignorance et qu’il ne le sera jamais.

Condition de la superposition .
Les deux sortes d’illusion :
La perception simultanée de deux objets dont l’un communique ses propres caractéristiques à l’autre représente le premier cas d’illusion, nommé saupadhika*, pour lequel la similitude des deux objets n’est pas nécessaire, comme dans l’exemple de la perception d’un diamant posée à proximité d’un hibiscus (fleur de couleur rouge) ; le diamant sans aucune couleur s’est emparé de la couleur de l’hibiscus.
Dans la perception de l’argent à la place de la nacre, qui représente la deuxième catégorie, il n’y a que la perception d’un seul objet, la nacre ; l’argent (faussement perçu) se situant ailleurs. Cependant, l’argent étant malgré tout perçu à la place de la nacre, une certaine similitude est nécessaire, en l’occurrence, celle du même éclat appartenant aux deux objets. Cette dernière catégorie de perception illusoire se nomme nirûpadhika**.

*Saupadhika : Perception avec présence de l’upadhi (condition limitative et distinctive non inhérente).
**Nirûpadhika : Perception sans upadhi.

Réfutation :
Si les phénomènes illusoires de l’ignorance ne possèdent aucune existence réelle, nous devons en conclure que, dans le cas où la similitude entre la Réalité fondamentale et les phénomènes illusoires est indispensable, il ne s’agit, en réalité, que de la Conscience. Ors, il n’y a aucune similitude entre la Conscience pure, dépourvue de toute dualité, et les phénomènes illusoires venant s’y superposer, c'est-à-dire l’ignorance et ses innombrables productions qui demeurent assujetties aux dualités. Par conséquent, faute de similitude entre ces deux (“entités”), les phénomènes ne seraient pas illusoires.

Réponse :
La similitude exigée comme condition pour nirûpadhika n’est pas absolue, car il existe des cas où, à défaut de cette similitude, la superposition de la perception illusoire est possible, comme dans celui de la jaunisse où l’on perçoit la couleur jaune à la place de la couleur blanche (il n’y a, en effet, aucune similitude entre le blanc et le jaune). En ce qui concerne la superposition de la conscience “je” (phénomène illusoire), il s’agit d’une illusion relevant de la catégorie saupadhika car nous percevons toujours de façon simultanée deux “entités”ou deux choses, çudda çaitainya, la Conscience pure, et la conscience “je”, comme dans l’exemple de l’argent et de la nacre.

Réfutation :
Pour qu’une perception illusoire puisse se produire, il faut nécessairement qu’une première perception de l’objet réel en question  ait eu lieu ; par conséquent, la mémoire contribuerait ainsi à la production potentielle de toutes les perceptions illusoires. La perception illusoire de la conscience “je” devrait logiquement se soumettre à cette loi, et, il s’ensuivrait alors qu’il y a initialement une perception directe de la conscience “je” qui devrait être réelle en soi. Or, la conclusion du Vêdânta confirme que toutes les notions de la conscience individuelle sont irréelles : Comment, alors, pourrait-il y avoir une première perception illusoire en l’absence des conditions nécessaires mentionnées à l’instant ?

Réponse :
Lors de la perception illusoire, la mémoire intervient sur la réalité de l’objet initialement perçu mais l’activité de la mémoire ne se produit pas à partir de la réalité de l’objet ; que l’objet perçu soit réel ou irréel, la perception que nous en avons donne toujours lieu à la manifestation de la mémoire.
Cependant, la perception illusoire de la conscience “je”, dont la nature fait qu’elle se manifeste de façon successive, est “sans commencement”. La perception, puis la conception de la notion “je”, donne lieu continuellement à d’autres perceptions illusoires jusqu’à ce que la Réalité fondamentale soit découverte et réalisée intégralement.

Observation
Lorsque deux éléments d’une perception directe sont conçus simultanément, il nous est impossible d’attribuer la causalité de l’ensemble du phénomène à l’un d’entre eux. Il en va ainsi dans le cas du phénomène de la conscience “je”. Celle-ci et la Réalité première de la Conscience pure (çudda çaitainya) étant effectivement perçus et identifiés simultanément dans la conscience individuelle, il est impossible que çudda çaitainya, à ce degré conditionnel de l’existence, puisse être perçu en tant que cause fondamentale. Pourtant, la Shruti (Védas, Upanishads) lui attribue, en tant que Principe, la causalité de la manifestation universelle.
Il y a donc lieu de considérer que ce qui demeure, lorsque l’un des deux “ éléments” de la perception directe disparaît, est la cause réelle de ce qui a disparu. C’est ainsi que tous les phénomènes illusoires produits par l’ignorance (mûlajnâna) disparaissent définitivement dans leur cause, la Connaissance de la Réalité suprême.



Çloka 33


La Réalité (vastu) est Brahma sans second ; Être, Conscience, Plénitude (Sat, Chit, Ananda). L’irréel (avastu) est ignorance ainsi que toute autre entité substantielle*.

* [C'est-à-dire tout ce qui se manifeste et que l’on dénomme par “existence”, à savoir : ce qui se tient en dessous, la “Substance”, ou à l’extérieur, l’“Existence”.]

Commentaire
Définition du Réel (vastu) : Ce dont l’existence ne peut être annulée à aucun moment du passé, du présent et de l’avenir.
Définition de l’irréel (avastu) : Ce dont l’existence sera annulée à un moment donné comme lorsque disparaît l’argent illusoire perçu à la place de la nacre ; ainsi disparaît l’identification avec la conscience “je” lorsque survient la Connaissance de Brahma.
La nature de l’irréel étant perceptible, tout ce qui est perceptible peut être constaté comme chose irréelle à un moment donné et dans certaine circonstance : l’argent illusoire a été perceptible et constaté ensuite comme irréel lors de la perception juste, tout comme les phénomènes apparaissant à l’état de rêve sont perceptibles et s’avèrent ensuite complètement irréels lorsque nous nous réveillons.
L’irréel est indéfiniment divisible, tant en ce qui concerne les phénomènes objectifs que les phénomènes subjectifs, c'est-à-dire, la conscience individualisée qui peut se manifester en de multiples états distincts ; heureux, malheureux etc.
Le constat de la manifestation de l’irréel ne peut avoir lieu qu’à partir de ce qui est réel, cependant, ce qui est perçu comme illusoire n’est pas entièrement dépourvu de réalité puisque nous le percevons simultanément avec ce qui lui procure son existence. Ainsi, tous les phénomènes que nous percevons n’existent que par le transfert réciproque de la nature de ce qui est réel (çudda çaitainya) avec la nature de ce qui est irréel (ajnâna), chacune de ces deux “natures” prêtant ses caractéristiques à l’autre pour aboutir à la confusion faisant paraître ces deux ordre de réalité comme un tout réel.
En vérité, ce qui ne se manifeste pas laisse néanmoins apparaître une de ses caractéristiques : L’exemple de la confusion du serpent et de la corde nous montre que le produit de l’ignorance (le serpent) se manifeste pleinement tandis que la réalité qui se situe à l’arrière plan (la corde) ne se manifeste que partiellement. Ce qui est directement perçu, mais de manière incomplète, est le “ceci” (idam) et non la totalité de ce qui caractérise proprement la corde. De la même façon, les phénomènes illusoires de l’ignorance avec les caractéristiques de la conscience “je” et tous les états qu’elle est susceptible de produire, se manifestent pleinement, tandis que la Réalité de la Conscience pure ne se manifeste que sous le seul rapport de l’êtreté (sat) qui lui procure l’existence.
Il est essentiel de comprendre que ce phénomène illusoire élabore et détermine l’usage que nous pouvons faire de notre existence au moyen des quatre étapes suivantes :
Abhijna, connaître par la perception ; Abhivadana, attribution d’un nom ; Upâdâna, appropriation ou prise de possession ; Artha kriyâ, satisfaction de ce qui est nécessaire (à notre existence).
Ces quatre degrés sont inclus dans les cinq états, constitués par les trois degrés universels (appartenant à Brahma) : Asti, ceci est ; Bhati, ceci apparaît ; Priyam, ceci est joie ; et les deux états conditionnant notre monde d’une façon générale : Rûpam, ceci a une forme ; Nâma, ceci a un nom.


(à suivre)






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