Pour plus d’informations sur le sujet de cet article, voir le message
ci-dessous ; À propos des ouvrages posthumes de René Guénon (2mars 2009) : « Extrait d'une lettre de Clavelle (Jean Reyor) datée du
24 Août 1975 ».
SUR LA NÉCESSITÉ DE PRÉSENTER
LES FUTURS TEXTES INÉDITS
DE RENÉ GUÉNON*
Suite au compte rendu de l’ouvrage Psychologie,
attribué à R. Guénon, un lecteur de notre blog a déposé le commentaire
suivant :
« Merci pour votre recension.
Pourquoi accompagner un texte de Guénon
d'un “appareil critique” ? Je comprends bien que ce texte n'était pas destiné à
la publication, mais y a-t-il vraiment bénéfice à toujours rajouter son grain
de sel ? L’œuvre ne se défend-elle pas elle-même, bien mieux que les divers
bavardages qui l'entourent, et qui au contraire semblent produire un triste
nuage de vase, autour d'un texte qui lui est pourtant limpide? J'ai peine à
comprendre que la mise à disposition des textes soit depuis plus de 60 ans
maintenant la dernière des priorités. »
Selon notre point de vue, il convient
de distinguer les livres que Guénon publia de son vivant, lesquels, en effet,
n’ont nul besoin d’un appareil critique, ni d’aucune sorte de présentation, des
ouvrages posthumes que nous connaissons. Ces derniers, regroupant des articles
et des comptes rendus, doivent aux lecteurs les précisions nécessaires sur la
provenance des textes et éventuellement sur les conditions particulières de
leur rédaction lorsque cela est précisé dans la correspondance. Contrairement
à ce que dit l’auteur de la remarque, la mise à disposition de certains inédits
est assez récente. Nous constatons que la précipitation caractérisant la
mentalité ambiante n’a pas épargné l’œuvre de celui qui nous a prévenus de ses
fâcheuses conséquences, auxquelles s’ajoute maintenant l’incompétence qui se
généralise et affecte tous les domaines. En publiant Psychologie, avec
la complicité de Monsieur A. Grossato, l’éditeur Arche nous a offert un exemple
remarquable de tout ce qu’il faut éviter.
La présentation par Patrice Brecq du Cours
de philosophie dans le numéro spécial de Science Sacrée consacré
à René Guénon, puis dans deux numéros de VLT (1),
a permis heureusement de corriger les fausses conceptions qui s’étaient
répandues et de remettre en place les idées concernant précisément cet inédit dont
il était nécessaire de resituer le contexte et les conditions spéciales de sa
rédaction.
Nous devons retenir pour principe que
l’édition des textes inédits doit être dépouillée de tout discours ou
présentation quelconque de qui que ce soit, à l’exception d’une introduction
rigoureuse, dépourvue de considération ou interprétation doctrinale, se
limitant strictement à présenter l’organisation et le contenu d'éventuelles
annexes. Les commentaires doivent s’effacer et laisser l’œuvre écrite à l’état
pur, ce qui est le seul moyen de lui assurer son intégrité, son autorité et la
pérennité de son rayonnement.
Les choses sont sans doute plus complexes
lorsqu’il s’agit d’aborder les problèmes qui se posent autour de la
correspondance. Les mises en garde émises jadis par André Bachelet sont à
prendre en considération car, en effet, il serait inconséquent de publier les
nombreuses réponses de Guénon en faisant abstraction, pour certaines d’entre
elles, du contenu des lettres qui lui ont été adressés et s’abstenir d’évoquer le
contexte de leur rédaction lorsque cela est nécessaire (2). Beaucoup d’éléments
délivrés par la lecture de cette correspondance précisent des points
particuliers de la doctrine, voire même leurs applications dans certains cas,
tandis que d’autres donnent des informations sur tel ou tel ouvrage, tel
auteur, telle situation etc.
Bien évidemment, cela exige des
compétences et des qualités particulières de la part de la personne pressentie
(et de son équipe de collaborateurs) qui devra présenter au futur éditeur le
résultat de ce qui nécessite un travail long et désintéressé.
L’auteur du commentaire a raison de se
montrer intransigeant à l’égard de toute tentative d’annexion ou de
falsification comme cela s’est déjà produit avec une préface désastreuse
publiée il y a une quarantaine d'années pour une édition de poche du
Symbolisme de la Croix, et, il
est malheureusement toujours possible effectivement que le projet d’édition
auquel nous avons fait allusion soit aussi l’occasion d’un enjeu pour le profit
de quelques personnes désireuses de se mettre en avant et n’ayant aucune réelle
compétence (3).
*Texte corrigé et mis à jour le 9/04/2015
NOTES
(1) Voir les références de ces
publications dans notre compte rendu, mis en ligne ci-dessous, le 1/05/
2013 : Psychologie extrait du Cours de philosophie de René Guénon.
(2) Ainsi en est-il le la correspondance avec Noëlle Maurice-Denis qui
offre un prolongement doctrinal appréciable à la métaphysique des États
multiples de l’être.
(3) Un récent exemple de ce que nous avançons s’est présenté il y a
quelques temps à travers une tentative de publication pour le compte des
éditions Gallimard qui prit une tournure désastreuse et fut annulée grâce à l’intervention
de quelques disciple du shaykh MustaphaVâlsan.