Aperçu synoptique des
Fuçûç
al-hikam
de
Mohyd-al-dîn Ibn al-‘Arabî
Second quartier
lunaire
ﻙ
Façç de la Demeure 8 –
Ya‘qûb
Lettre kâf
Nom :
al-shakûr, « Le Très
Reconnaissant ».
Sagesse
« Spirituelle », rûhiyyah.
Sphère
du « Piedestal », al-Kursî.
Al-ghanî est associé à al-hamîd. Les foqarah (pauvres), n’ont que le shukr,
(c'est-à-dire la Reconnaissance ou la Gratitude) envers les deux Noms : al-hamîd et al-ghanî ; al-shakûr, « Le Très Reconnaissant »,
s’applique aussi bien dans la joie que dans la douleur. La manifestation du Nom
al-ghanî implique celle du Nom al-shakûr, « Le Très
Reconnaissant ».
Le « Ciel des Fixes », falak al-kawakib, est le principe de
polarisation du verbe divin, « Le Piedestal », al-kursî, où descendent les deux pieds. La racine yaqaba (de Ya‘qûb) signifie
« talon ». Le talon de l’un des pieds désigne le Paradis tandis que l’autre
désigne l’Enfer (8).
La
Demeure se nomme (al-natrah),
« Le nez du lion »; elle va de 0° à 12° 51’ 26ˮ du Cancer (al-saratân).
ﺝ
Façç de la Demeure 9 –
Yûsuf.
Lettre : jîm
Nom : al-ghanî, « l’Indépendant ».
Sagesse « Lumineuse », nûriyyah.
Sphère : falak al-burûj, « Ciel des Signes zodiacaux ».
La détermination de la mesure implique
d’être indépendant des conditionnements. « L’Indépendant », al-ghanî correspond au Ciel des 12
Signes, al-falak al-burûj ;
chaque Signe dépend d’un Archange qui possède les clés des trésors de ce Signe.
Yûsuf demanda la garde des trésors (au Roi). Le Ciel du Zodiaque est le lieu de
manifestation sensible à l’extérieur du Trône (al- ‘arsh) comme le Ciel des Fixes l’est du Piedestal (al-kursî) (9).
Ibn ‘Arabî fait allusion au Nom al-ghanî à la fin du chapitre où il mentionne
le verset :
« Ô vous, les gens, vous êtes les pauvres
(al-fuqarâ’) envers Allâh et Allâh est Le Riche (al-ghanî),
Le Très Louangé (al-hamîd). »
(Fâtir,
15)
La
Demeure se nomme al-taraf,
« Le regard » ; elle va de 12° 51’ 27ˮ à 25° 42’ 52ˮ du Cancer (al-saratân)*.
*
C’est dans cette Demeure que se situe l’étoile « Le Grand Chien »,
appelé également Canicule.
ﺶ
Façç de la Demeure 10
– Hûd
Lettre : shîn
Nom : al-muqaddir, « Celui qui détermine ».
Sagesse
de « L’Unité », ahadiyyah.
Sphère
des « Demeures », falak al-manâzil.
Le Nom « Le Seigneur », al-rabb, est celui qui éduque (murabbî), ce qui implique la « voie
progressive » et la vision de la disposition de chaque chose à sa
place ; al-qadar, qui détermine
la mesure, la norme : al-muqaddir,
« Celui qui détermine »(10).
« Le
Soleil court à son lieu de repos ; tel est le décret du Tout-Puissant, de
l’Omniscient. »
(YâSîn,
38)
La
Demeure se nomme al-jabba, « le
front du lion »; elle va de 25° 42’ 53ˮ
du Cancer (al-saratân) à 8° 34’
18ˮ du Lion (al-asad).
ﻱ
Façç de la Demeure 11
– Çâlih
Lettre : yâ’
Nom : al-rabb, « Le Seigneur ».
Sagesse de « L’Ouverture »,
fâtihiyyah (ou futûhiyyah).
Sphère du Ciel de Saturne, al-zuhl.
L’obtention de « La Victoire »
ou « L’Ouverture » (fâtihiyyah) au moyen de : man ‘arafa nafsahu, ‘arafa rabbah, « Celui
qui se connait, connait son Seigneur » ; al-rabb correspond au septième Ciel de Saturne (zuhl ou mirîkh).
« Et
dis : “Seigneur, fais-moi croître en science”. »
(Tâha,
114)
Le shaykh al-akbar commence le chapitre
par la fardaniyah car le nombre des afrad est de 11 tandis que 3 est le
premier nombre fard (impair) ; l’ensemble
de ce chapitre est commandé par l’imparité ; c’est le 11ième façç ; le Ciel de Saturne est le 3ième Ciel d’entre les 9 sphères
dont les mouvements donnent naissance aux choses de ce monde et de l’autre.
Çâlih « qui menace son peuple et
lui donne un délai de 3 jours » correspond pour Ibn ‘Arabî à l’idée de
perte et de difficulté conformément aux significations de Saturne, de nature
terrienne, obscure, noire et maléfique (11).
La
Demeure se nomme kharâtân*, « le front du lion »; elle
va de 8° 34’ 19ˮ à 21° 25’44ˮ du Lion (al-asad).
*Autre
nom de cette Demeure : al-zubrah,
« la crinière du Lion ».
ﺾ
Façç de la Demeure 12
– Shu’aîb
Lettre : dâd
Nom : al-‘alîm, « Le Savant ».
Sagesse « Cordiale », qalbiyyah.
Sphère de Jupiter, al-mushtarî.
Le but de la victoire est l’obtention de
la science ; ors, le serviteur sait qu’il n’a par lui-même aucun pouvoir.
Le Nom al-‘alîm, « Le
Savant », implique que la science se conforme au « connu »
signifiant qu’elle est sous sa domination : ainsi, « le Ciel de la
Science et de la Béatitude auquel correspond la Sphère de Jupiter et la
spiritualité de Musâ* »,
s’inscrit dix ans auprès de Shu’aîb auquel est consacré le chapitre.
La racine du nom Shu‘aîb indique
l’accroissement dans diverses sens, ce qui invoque la vastitude de la Science ;
lorsque Mûsâ prétendit être le plus instruit des hommes, Allâh lui envoya Al-Khidr (12).
La
Demeure se nomme al-çarfa ; elle
va de 21° 25’ 45ˮ du Lion (al-asad) à
4° 17’10ˮ de la Vierge, (al-sunbulah).
*« Fais-moi
croître en Science » correspond à la situation spirituelle de Mûsâ et aux
significations de (la Sphère) de Jupiter, al-mushtarî
(qui, en arabe, signifie celui qui achète, c’est-à-dire, s’agrandit par
l’espace qu’il acquiert ; il y a aussi, analogiquement, le sens de
l’acquisition définitive de la maturité et par conséquent de la capacité à
enseigner et à gouverner.
ﻞ
Façç de la Demeure 13
– Lût
Lettre : lâm
Sagesse
« Vigoureuse », malkiyyah.
Nom : « Celui qui contraint », al-qâhir.
Sphère
du « Ciel de Mars », al-mirîkh.
La manifestation de la lumière vainc
l’obscurité. Le Nom divin al-qâhir est
lié au Nom al-wahîd car l’Unité
efface l’altérité et le Vrai anéantit le faux (ou l’erreur). Il est mentionné
six fois dans le Coran.
Le cinquième Ciel de Mars (mirîkh), Ciel d’Hârûn, correspond dans
les Fuçûs au chapitre du Nom « Celui
qui contraint », al-qâhir (13).
La
Demeure se nomme al-‘awâ ; elle
va de 4° 17’11ˮ à 17° 8’36ˮ de la Vierge (al-sunbulah).
ﻥ
Façç de la Demeure
14 – ‘Uzaîr
Lettre : nûn
Nom : al-nûr, « La Lumière ».
Sagesse « Providentielle », qadiriyyah.
Sphère « Ciel du Soleil », Samâ’ al-shams (Demeure
d’Idrîs) ; Cœur du Monde, Cœur de l’Homme, Cœur des Sphères.
Le « Vrai », al-haqq, « prépare une forme »
en lui insufflant l’Esprit. Le shaykh al-akbar compare l’esprit avec le soleil.
Le Vrai, al-haqq, a rattaché le lever
du soleil au souffle (nafas) de la
vie par sa parole :
« Par
l’aube quand elle respire (tanafassa). »
(Al-Takwîr,
18)
« La Lumière », al-nûr, vivifie la forme en la faisant
apparaitre à elle-même ; elle lui fait connaître son Seigneur. Ce degré
est celui du Cœur, le pôle d’entre les degrés de la Manifestation. La présence
du « Pôle dans le monde » se situe dans le quatrième Ciel, celui du
Soleil (Idrîs). Il y a, dans le façç de
la Sagesse du verbe de ‘Uzaîr, le secret du qadâ’a
et du qadar (14).
La
Demeure se nomme al-simâk, (l’épi) ; elle va de 17° 8’ 37 ” au 30ème
degré de La Vierge (al-sunbulah)*.
*Voir
ci-dessous, « L’Islâm et le Signe zodiacal de la Balance » (messages
du 23/06/2013 et du 10/08/2013).
NOTES COMPLÉMENTAIRES
DES SEPT FUÇUÇ.
Second quartier lunaire
8. « La
sourate du façç de Ya‘qûb est Al-Shams (C., 101) ; “Et Il ne craint
pas leur rétribution” (verset 15) ;
c’est-à-dire : “(...) celui qui est Louangé en tout état, dans le bien
comme dans le mal”. Il s’ensuit que ce Nom [« L'Indépendant », al-ghanî] régit la production du degré de
manifestation du principe de toute dualité (thunâ’iyyah),
le principe de polarisation du verbe divin ; “Le Piedestal”, al-kursî, où descendent les deux pieds. »
(Meftah, p.147)
« Dans
le chapitre 293 des Futûhât, dédié à
la Demeure de la sourate Al-Shams, le
shaykh décrit les dualités qui s’y manifestent. Cependant qu’il voit à travers
ce qu’il écrit l’Envoyé d’Allâh vêtu
de sandales et de gands, en guise de confirmation de la parité (izdiwâjiyyah) accomplie, il ouvre ce
chapitre par l’exposition de la parité du seigneur et du vassal et du lien qui
les unit, et par une longue qaçidah
de 56 vers (soit 28×2). Ce nombre 56, double de 28 qui est le nombre des
Demeures lunaires de la sphère céleste est en correspondance avec ce huitième
degré, puisque cette sphère des Demeures ou des étoiles fixes, est le support
de manifestation sensible et extérieur du “Piédestal” divin, al-kursî, tandis que la Sphère des tours
zodiacales est en rapport avec le “Trône”, al-arsh.
C’est pourquoi le shaykh dit à cet endroit que l’une des sciences de cette
Demeure est : “La science de la manifestation divine (tajallî) dans la multitude des étoiles, et dans chacune d’elles
simultanément par une vision unique”, faisant allusion au deuxième, ainsi qu’au
quatrième et sixième verset de la soutate : “… Par la Lune quand elle le
suit…par la nuit quand elle recouvre… Par le ciel comme Il l’a érigé”. » (Ibid., p. 219)
9.A la fin du façç, le shaykh commente la sourate Al-Ikhlâç (C., 112) ; on appelle
cette sourate al-jamâl, la Beauté
(divine) qui est en correspondance avec Yûsuf : « Le mot “lumière” (al-nûr) auquel se rapporte cette Sagesse
est aussi en correspondance avec cette sourate par le second verset, “Allâh
est le fondement (al-çamad)”, qui
exprime la dépendance de toute chose envers le Principe divin, comme la faculté
de vision dépend de la lumière » (Meftah, p.221).
Ce
façç est en relation avec le Ciel de
Vénus, zuhrah, c'est-à-dire :
l’ordre, l’harmonie et la beauté du cosmos ; s’y rapportent
également : l’art poétique, les sciences cachées, et l’interprétation des
rêves.
« Comme
la sourate Al-Ikhlâç échappe à
l’emprise de toute forme de similitude (tashbîh),
elle est en parfaite correspondance avec la lettre jîm qui n’est pas soumise à l’emprise qui saisit les autres
lettres » (ibid., p. 221)*.
*
La lettre jîm est l’unique lettre qui
échappe à l’ « emprise », al
qabdah : « Ce qui échappe à l’emprise, c’est l’inconditionné et
la transcendance. La lettre jîm est la
clé du Nom divin « Celui qui Unit », jâmi‘, ce qui échappe aux deux emprises de la Majesté et de la
Beauté divines, afin de les réunir ensemble dans la station Ahmadienne
intégrale » (ibid., p. 142).
Dans
sa réponse à la question 120 (questionnaire de Tirmidhî), Ibn ‘Arabî définit
l’emprise (ou la poignée), al-qabdah :
« L’emprise, en vérité, c’est Sa Parole “Allâh embrasse toute chose” [Al-Nisâ’, 126]. Qui t’embrasse te
saisit. L’existence de cette capacité d’enveloppement (ihâtah) te prive de toute issue, sinon il n’y a pas
d’enveloppement. La forme de ceci, c’est qu’il n’y a rien d’existant (mawjûd) sauf Allâh (…) [plus loin, sur la lettre jîm et les parties de la sphère cosmique] : Sache que la
“poignée” (qabd) inclut ce qui est
sous son emprise selon quatorze sections et cinq principes. C’est de ces
quatorze sections que vient la moitié du cercle de la sphère, ce sont quatorze
Demeures (manzilah). Il y en a autant
dans le non-manifesté (al-ghayb). Ces
sections contiennent toutes les lettres à l’exception de la lettre jîm (…) ». (note, ibid., p. 142)
10. « Le Nom divin, al-rabb, ‟Le Seigneurˮ,
implique la manifestation du Nom : al-muqaddir, ‟Celui qui détermineˮ. Le degré correspondant est celui de la
sphère des manâzil, du Ciel étoilé (al-falak
al-mukawkab) qui parait immobile malgré son mouvement. » (Meftah, p.
135)
Le
Ciel des étoiles fixes et les sept planètes sont en relation avec les 28
Demeures : « Le shaykh fait allusion au rapport de ce façç avec la course des corps célestes
dans les Demeures, en mentionnant fréquemment la marche au point de dire :
“Cette sagesse vient de la science [concernant] les pieds” ». (ibid., p. 136) La racine du mot Hûd
signifie : revenir sur le bon chemin ; au chapitre 14 des Futûhât, Ibn’Arabî nomme Hûd, « le
Guide » (al-hâdî).
« Ce façç
explicite l’introduction du livre des Fuçûç
qui dit : ‟Louange à Allâh
qui fait descendre les Sagesses sur les cœurs des verbes dans l’unité de la
voie du milieu (al-tariq al-aman –
littéralement : la voie placée en tête, en avant), depuis la station
primordiale, même si les croyances (nihal)
et les traditions (mihal) sont
différentes du fait de la diversité des communautésˮ. » (Ibid., p. 137)
La
sourate du façç de Hûd est Al-Fîl (L’Éléphant ; C., 105) : « Le shaykh commence ce
chapitre en mentionnant l’animal terrestre (dâbbah)
comme l’éléphant que son Seigneur “saisit par le toupet” pour l’empêcher de se
diriger vers la Ka’ba, et les “oiseaux en bandes dispersées” qui lançaient aux
gens de l’éléphant “des briques de glaise” de sorte qu’ils étaient rendus “comme
de la paille mangée” par les bêtes ». (ibid.,
p. 224)
11. « Il n’y
a demande d’accroissement de science qu’à l’adresse du Seigneur ; de sorte
que le Nom ‟Le Seigneurˮ est en rapport plus étroit avec le besoin de [science]
du savant que les autres Noms divins… » (Meftah, p. 226)
La
sourate Quraysh (C., 106), correspond
au façç de Çâlih : « Le
seul Nom divin apparaissant dans cette sourate est ‟Le Seigneur”, al-rabb, qui pourvoit au degré du
septième Ciel (de Saturne), celui rattaché à ce façç*(…). La ‟ Maison
habitée” qui se trouve dans ce Ciel correspond à la Ka‘ba, la maison du
Seigneur située dans la ‟Mère des cités” au pays des Quraysh. Les gens de ce
pays sont ceux des ‟montures”, c’est-à-dire les chameaux, mentionnés dans le
verset initial du façç de
Çâlih ».(Ibid.)
« Dans
la dixième section du chap. 369 des Futûhât,
spécialement dédié à la Sourate des Quraysh**, Ibn ‘Arabî commence en
disant : ‟Allâh
dit : les jambes sont entrelacées, c’est un entrelacement qui ne se
dénoue jamais”***...où il faut
comprendre l’entrelacement de la jambe de la lettre lâm avec celle de l’alîf
dans le lâm-alîf du mot îlâf de la sourate… » (ibid,) ; dans le chapitre 278
des Futûhât consacré à la Demeure de
la sourate Quraysh : « Deux ne s’unissent (yata‘allafu) que par la correspondance
existant entre eux. La Demeure de la familiarité (ulfa) est la relation unissant la Principe (al-haqq) et la manifestation (al-khalq) ;
c’est la forme selon laquelle l’être humain a été manifesté » ; « C’est
ainsi que le lâm-alîf ( ﻷ ) est un symbole de l’Homme universel car il unit l’alîf principiel et le lâm de la manifestation… » (ibid.)
*
l’imparité est la signature de Saturne (zuhl).
**
En arabe, qarsh, signifie union,
rassemblement.
***
Al-Qiyâmah, 29.
12. « Le but
de la force contraignante (al-qahr),
est l’obtention de la science. La parole du Très Haut : “ Il est souverain
(qâhir) sur ses serviteurs…”* indique que
l’être manifesté (al-makhlûq) sait,
grâce à la manifestation de Son Nom “Le Souverain”, al-qâhir, qu’il est un serviteur impuissant devant un Seigneur
parfait qui possède de la souveraineté la force contraignante. » (Meftah,
p.123)
Dans
le façç de Shu‘ayb, le shaykh
dit : « Réalise mon ami, ce que je viens de te rapporter au sujet de
cette sagesse cordiale. Si elle caractérise Shu‘ayb, c’est à cause de la
ramification arborescente (tasha‘‘ub)** qu’elle contient,
et dont les rameaux sont innombrables. Car toute profession de foi (i‘tiqâd), qu’elle quelle soit, est une
de ses branches ». Cela renvoie à la sourate Al-Takâthur, La
Multiplication, (C., 102) ; « le terme “multiplicité” (kathra) revient souvent dans ce façç, comme dans les expressions
suivantes : “ Il s’agit, dans la manifestation théophanique, d’une
multiplicité contemplée (…)” ; “(…) malgré la multiplicité et la diversité
des formes (…)”, etc. » (Ibid.,
p. 227)
*
Al-An‘âm, 19.
**
Tasha‘‘ub : ramification,
expansion dans toutes les directions ; mot de la même racine que le nom Shu‘ayb.
13. « C’est
le Ciel associé à l’esprit du prophète Hârûn, auquel correspond le façç du Nom divin “Celui qui
humilie”, al-mudhil, (…). Les
Noms, “Celui qui contraint”, al-qâhir,
et “Celui qui humilie”, al-mudhil,
ont un sens proche, et c’est pourquoi ce Ciel se caractérise par la force
contraignante, qahr, les troubles, fitan, le sang versé, et parmi les métaux, le fer, qui est une
signature de la planète Mars » ; « Comme au fer est associé une
force intense, la sagesse de ce chapitre est dite malkiyyah, “vigoureuse”. Car le roi (malik) est celui qui exerce sa force contraignante sur ses sujets, al-mamlûkîn. » (Meftah, p. 119-120)
La
sourate du façç de Lût est Al-Qâri‘ah (Celle qui frappe ou L’Heure
qui frappe ; C., 101) : « La
relation de la sourate Al-Qâri‘ah
avec Lût se trouve dans la violence de l’hostilité de son peuple à son égard,
au point qu’il dise : ‟si j’avais disposé de force contre vous ou trouvé
un refuge sûr” (Hûd, 79). C’est ainsi que son peuple devait subir la
violence de la contrainte divine (shiddah
al-qahr) et qu’il fut détruit par une volée
de terre cuite. » (Ibid., p. 230)
14. Ibn ‘Arabî commence
ce façç par la définition même du qadâ’a et du qadar :
« Sache
que le qadâ’a est le pouvoir d’Allâh dans les choses. Le pouvoir d’Allâh dans les choses est défini par la
science de ces choses et la science interne à ces choses. La science d’Allâh dans les choses Lui est donnée par
ces connaissances, en Lui-même ; le qadar
est la détermination du moment de leur apparition approprié à ce qu’elles sont en essence. »
« Le
secret de la prédestination dépend de la modalité du rapport entre la puissance
divine et celui qui la subit, et, l’être conditionné (al-makhlûq) n’en a aucune connaissance intuitive (dhawq) » ; Le shaykh précise
encore : « Le Décret divin*, al-qadar,
est fixation du moment assigné aux choses elles-mêmes et rien de plus. » (Meftah,
p. 115-116)
« C’est
la sourate Al-’Âdiyât, “Les Chevaux qui galoppent” (C., 100),
correspondant à la position centrale de ce façç,
selon son cinquième verset disant : “Puis elles se placent ensemble au
milieu”, et au Nom divin “La Lumière” qui alimente le soleil de ce chapitre
suivant son deuxième verset : “Celles qui font jaillir des étincelles en
frappant [le sol de leurs sabots]”. » (Ibid.,
p.231)
« En
ce qui concerne le rapport de la sourate “Les
Chevaux qui galopent” avec al-qadar,
le secret du Décret divin, et al-qada’,
la Prédestination, qui constitue le sujet principal de ce façç, il apparait dans les mots suivants qu’elle contient : ’Âdiyât, murîyât, mighîrât*. » (Ibid., p. 232)
* Qui galopent (haletant), qui font jaillir des étincelles, qui attaquent.
* *
*
Qadâ’, Prédestination
(Providence) et qadar, Destin.
(Façç
14, ‘Uzaîr)
« (…)
la Providence peut évidemment être conçue comme l’expression de la Volonté
divine, et, d’autre part, le Destin lui-même apparaît comme une sorte de
volonté obscure de la Nature*. »
* (René
Guénon, La Grande Triade, p. 175 ;
Gallimard, 1957).
Au § XXII (Le Triple Temps, p. 185) :
« Quant
à la Providence, c’est, au point de vue traditionnel, une notion courante que,
suivant l’expression qorânique, “Dieu a les clefs des choses cachées”*, donc notamment
de celles qui, dans notre monde, ne sont pas encore manifestées** ; l’avenir est
en effet caché pour les hommes, du moins dans les conditions habituelles ; or
il est évident qu’un être, quel qu’il soit, ne peut avoir aucune prise sur ce
qu’il ne connaît pas, et que par conséquent l’homme ne saurait agir directement
sur l’avenir, qui d’ailleurs, dans sa « perspective » temporelle, n’est pour
lui que ce qui n’existe pas encore.
* Qorân,
VI, 59
**
Nous disons notamment, car il va de soi que ce n’est là en réalité qu’une
partie infinitésimale des “choses cachées” (el-ghaybu), qui comprennent
tout le non-manifesté (notes de Guénon). »
Le qadâ’
inclut la Providence (ou la Volonté divine) et le Destin.
Le qadar
est la relation de la Volonté divine avec le Destin. La volonté (humaine) apparait
comme la possibilité initiatique de réaliser la proximité avec la Volonté divine ;
il n’y a aucune volonté humaine si ce n’est la Volonté divine.
* *
*