EN HOMMAGE A SÎDÎ ‘ALÎ
- MICHEL CHODKIEWICZ
(Cet extrait de lettre a
été mis en ligne sur ce blog. Nous la reproduisons maintenant avec sa
signature. Elle est la réponse à un conseil
demandé de ma part à propos d’une tariqah moyen-orientale implantée
en France et qui portait sur l’attitude à prendre face à des questionnements touchant le pouvoir
intéressé de certaines personnes désireuses de jouer un rôle de « petit maître » voire même de « maître ». Les remises en cause du questionnant
ne touchaient en aucune façon la régularité, la légitimité et la probité du
shaykh muschîd (aujourd’hui décédé) de la branche de cette tariqah.)
« J’ai
malheureusement de bonnes raisons de penser que vos inquiétudes sont tout à
fait fondées. Le choix que vous avez fait de vous tenir à l’écart me parait
donc fort sage.
La régularité de
la silsila d’un shaykh satisfait à une condition en quelque
sorte “juridique” de l’exercice de la mashyikha. Elle n’est en
aucune façon une condition suffisante. D’innombrable shuyûkh d’une
régularité indiscutable – et dont les intentions peuvent être bonnes – ne sont
pas néanmoins qualifiées pour exercer une fonction magistrale effective. Il est
exceptionnel qu’un shaykh (fût-il parfaitement apte à ce rôle)
ait une aire de compétence très étendue et à fortiori universelle. Bien des
dégâts risquent de se produire lorsqu’il outrepasse les limites assignées à sa
fonction et cela même si, là encore, ses intentions sont louables. J’ai pu
constater, en Europe et en Amérique, les graves conséquences des interventions
de shuyûkh dont le mandat n’était valide que dans leur
territoire d’origine ou – car le mandat n’est pas nécessairement territorial –
dans une communauté déterminée. Sorti de son domaine de compétence spirituelle,
un shaykh commet fréquemment de graves erreurs, aussi bien dans le domaine de
l’enseignement qu’il dispense, des pratiques qu’il institue que dans la
désignation de ses représentants.
A ce sujet, une
remarque ; nul ne peut se dire le représentant de la tariqa naqshbandiyya
(ou d’une autre) mais, tout au plus, le représentant d’une des multiples
branches de cette tariqa.
Cela dit, reste
que – selon une parole du shaykh
al-akbar – « C’est par Dieu qu’on connait les maîtres et
non par les maîtres qu’on connait Dieu » : ce qui signifie qu’une
ardente orientation du cœur vers Allâh n’est jamais
déçue. »
Michel
Chodkiewicz
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