Cet article fut mis en ligne le 18
mars 2010 sous le titre : « un exemple d’ ‟astromancie”
traditionnelle » (111 visites).
La Révolution française prédite en l’année 1414*
Pierre d’Ailly (Petrus de Alliaco), né en 1330, surnommé « L'Aigle de la France » et « le marteau des hérétiques », chancelier de l’université de Paris, aumônier de Charles VI, évêque de Cambrai, cardinal, légat du pape, a composé plusieurs traités d’astronomie ou plutôt d’astrologie, où il se propose d’établir la concordance de l’astronomie et de l’histoire. L’un de ces traités a pour épitaphe : « Comme d’après les philosophes, deux vérités ne peuvent jamais se contredire, les vérités astronomiques doivent être toujours d’accord avec la théologie. » On sait que c’était aussi l’opinion de Newton .
Conformément au livre d’Albumazar (1) sur les Grandes conjonctions (2), le cardinal d’Ailly reconnaît, avec tous les astronomes de son temps, l’influence redoutable des grandes révolutions de la planète Saturne : non-seulement ses conjonctions avec Jupiter produisent un refroidissement extrême, mais elles sont fatales aux individus aussi bien qu’aux empires.
Or, en l’année 1414, le cardinal d’Ailly déclare que la huitième de ces grandes conjonctions aura lieu l’an du monde 7040, et qu’après elle, dans l’année 1789 de notre ère, une des grandes périodes de Saturne sera accomplie. « Dés lors, si le monde existe encore en ce temps là (ce que Dieu seul peut savoir), il y aura de nombreux, de grands, d’extraordinaires changements et troubles dans le monde, principalement en ce qui a rapport aux institutions (leges). » (Opp., p . 118h.)
Le cardinal ajoute qu’il ne peut pas préciser combien de temps le monde pourra survivre à cette épouvantable année 1789 ; il croit cependant qu’à la suite l’Antéchrist et son abominable gouvernement ne tarderont pas à paraître. « C’est, dit-il, sinon une certitude, du moins une conjecture très vraisemblable d’après toutes les indications astronomiques. »
Cette prédiction singulière n’est point de celles que l’ambiguïté ou le vague de leurs expressions permettent d’interpréter de différentes manières. Tout lecteur peut la vérifier dans le texte de Pierre d’Ailly, imprimé à Louvain (en 1490, suivant Launoy) avec les œuvres de Gerson (Tractatus de concordiâ astronomicae veritatis cum narratione historica, Opp., p. 117 b. et suiv.).
* Ce texte parut en 1855 dans Le Magasin Pittoresque (28 ème année).
(1) De son nom arabe Abû Ma‘shar, astrologue musulman (voir notice ci-dessous).
(2) De magnis conjonctionibus ; imprimé seulement en 1515, à Venise.
Abū Ma‘shar
Ja‘far ibn Muḥammad
al-Balkhī (787– 886), bien connu dans le
monde arabe sous le nom d'Abū Ma‘shar, vivait à Bagdad
au IXe siècle. Il fut contemporain
du philosophe al-Kindi et était muhadhîthun
(spécialiste de la science du hadîth). Il s'intéressa tardivement au ‘ilm al-nujûm et devint un astrologue important. Il était aussi
connu comme mathématicien et philosophe, ce qui fut le cas de tous les savants
astrologues de son époque puisque que l’astrologie et l’astronomie,
traditionnellement, ne font qu’une seule science ; ses connaissances intégraient
les savoirs des cosmologies persane, grecque et mésopotamienne. Ses écrits
furent traduits en latin au XIIe siècle et, par leur large
diffusion, eurent une influence sur les savants de la chrétienté médiévale.
C’est notamment par l'introduction : Kitab al-mudkhal al-kabīr, une des œuvres les plus importantes avec
d’autres nombreux traités d’astrologie tels que ceux de d’Al-Bîrûnî, que furent
transmises les sciences cosmologiques au monde européen.
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